La Presse Bisontine 185 - Mars 2017

LE DOSSIER

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La Presse Bisontine n° 185 - Mars 2017

RECHERCHE MÉDECINS DÉSESPÉRÉMENT

Notre région peine encore à renouveler sa démographie de médecins généralistes. Détournement vers d’autres spécialités, préférence vers des emplois salariés expliquent notamment le phénomène. La profession tente de réagir par des dispositifs incitatifs, et une nouvelle organisation des soins.

Le département du Doubs est le mieux loti de la grande région l Situation Démographie médicale Dans un contexte généralisé de pénuries de médecins, otre département ne souffre pas par rapport à la moyenne nationale. Mais certaines zones sont jugées fragiles par l’Agence régionale de santé (A.R.S.). C’est le cas notamment de certaines zones rurales, et même du secteur de Pontarlier jugé “préoccupant.”

Malgré les dispositifs d’aides, il est souvent difficile d’attirer les jeunes praticiens en zone rurale.

I l n’y a pas de pénurie de médecins dans le Doubs. C’est en tout cas la conclu- sion que l’on peut tirer de l’analyse des chiffres tenus à jour par l’A.R.S. Et même, le Doubs serait le mieux doté des huit départements qui compo- sent la région Bourgogne- Franche-Comté. Notre dépar- tement compte en effet 626 médecins généralistes libéraux (ou en exercice mixte), soit une moyenne de 117 médecins pour 100 000 habitants. Alors que la moyenne des huit départements de la région est de 98 médecins pour 100 000 habitants (et 105 pour 100 000 pour la moyenne nationale). Notre département est donc, a priori, bien doté. “Ce qui n’empêche pas d’avoir iden- tifié quelques inquiétudes sur certains territoires pour lesquels nous avons mis en place des aides spécifiques destinées à attirer

de jeunes médecins” note Jérô- me Narcy, délégué départe- mental de l’A.R.S. dans le Doubs. Parmi les mesures proposées dans le cadre de la mesure P.T.M.G. (praticien territorial de médecine générale) : la garan- tie au jeune médecin d’un reve- nu pendant un an de 3 400 euros nets par mois, “à la condition qu’il réalise au moins 166 actes par mois” note l’A.R.S. qui décli-

dans notre département. Le dis- positif P.T.M.G. concerne quant à lui “entre 6 et 10 praticiens par an dans le Doubs.” Plusieurs territoires en tension ont été ciblés par l’A.R.S. : Pont-de-Roi- de, L’Isle-sur-le-Doubs, le Pla- teau de Maîche, le secteur de Valdahon, d’Ornans, de Levier. “Nous sommes également pré- occupés par la situation pontis- salienne” confirme Jérôme Nar- cy. La création de maisons de san- té est une des réponses à la pro- blématique de médecins qui ne veulent plus se retrouver seuls dans une zone, corvéables àmer- ci comme ont pu l’être les géné- rations antérieures qui enchaî- naient des semaines de 80 heures de travail. “C’est très simple : à la manière des cadres, les jeunes médecins souhaitent désormais travailler à proximité des plateaux techniques, avoir

tionnent déjà. La première a été celle de Besançon-Saint-Clau- de. D’autres ont suivi, à Aman- cey, à Baume-les-Dames, à Beu- re, à Montenois, Nods, Pont-de-Roide, Rougemont, Rigney. Plusieurs ont été créées également dans la partie hau- te du département : à Gilley, Levier, Maîche, Morteau et Mouthe. “Une installation sur quatre de jeunes médecins se fait désormais en maison de santé, alors que les maisons de santé ne couvrent pour l’instant que 10 à 11%de la population dépar- tementale” ajoute Jérôme Nar- cy. Le déblocage du numerus clau- sus à la fac de médecine - 248 internes sont sortis en novembre dernier, contre 180 en 2012 - ne suffira pas à combler ces défi- cits de praticiens dans les zones

les moins attractives. “L’enjeu est bien de les garder sur le ter- ritoire” confirme l’A.R.S. La pré- sence d’un C.H.R.U. sur le dépar- tement reste d’ailleurs une chance, sans quoi l’hémorragie serait encore plus importante. Si la situation de la médecine générale est tendue, que dire des spécialistes : la plupart des spécialités sont en souffrance dans notre département. Il y a par exemple 0,9 cardiologue dans le Doubs pour 10 000 habi- tants, contre 1,7 en moyenne nationale. C’est également pré- occupant en gynécologie-obsté- trique avec 0,65 praticien pour 10 000 habitants contre 0,71 en France et pire encore en oph- talmologie avec 0,62 spécialis- te pour 10 000 habitants contre 0,91 en France. n J.-F.H.

vers chez eux une offre culturelle intéressante et la possibilité d’un emploi pour leur conjoint. C’est souvent en ville que l’on réunit tous ces critères.” Le travail en maison médicale permet au moins aux jeunes médecins de “pouvoir travailler en équipe, se reposer sur leurs autres collègues en cas de besoin et également sur les paramédicaux présents dans ces maisons de santé” pour- suit Jérôme Narcy qui confir- me qu’en matière de nouvelles maisons de santé, “on est en attente de bonnes nouvelles, notamment du côté de L’Isle-sur- le-Doubs, Valdahon ou encore Pontarlier.” D’autres projets sont en cours de confirmation, notam- ment à Orchamps-Vennes, dès 2017. Sur le territoire départemen- tal, 14 maisons de santé fonc-

ne d’autres dis- positifs d’aide comme le paie- ment aux étu- diants d’une bour- se d’études à la condition qu’il s’engage à s’ins- taller dans une zone sous-dotée. Trois jeunes médecins ont bénéficié de ce dis- positif l’an dernier

“Une installation sur quatre en maison de santé.”

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