La Presse Bisontine 179 - Septembre 2016

22 DOSSIER I

La Presse Bisontine n° 179 - Septembre 2016

l Réaction

À propos de l’armement de la police municipale Philippe Gonon dénonce l’opposition “archaïque” du maire

Le conseiller municipal d’opposition (U.D.I.) ne comprend pas comment Jean-Louis Fousseret peut refuser d’armer la police municipale dans le contexte actuel. Selon lui, la menace justifie que les agents quadrillent le terrain et qu’ils aient les moyens de riposter.

P hilippe Gonon est dans le camp des élus favo- rables à l’armement des policiers municipaux. Selon ce conseiller municipal d’opposition, qui est aussi vice- président de l’U.D.I. du Doubs et vice-président du Conseil départemental, Jean-Louis Fous- seret fait “une erreur de juge- ment et d’appréciation du risque” en campant sur sa position de refuser d’équiper d’une arme à feu les agents de la P.M. “Depuis l’attentat du Bataclan, et plus encore depuis ceux de Nice et de Normandie, on a compris que nous avions affaire à une autre forme de terrorisme. Il s’agit d’actes perpétrés sans logistique importante avec des objets bana- lisés. Face à cette menace qui

forme sur la voie publique cou- rent un risque. “Ils sont d’au- tant plus vulnérables qu’ils ne sont pas armés” estime encore le conseiller municipal bison- tin. “Nous sommes en guerre. On nous a déclaré la guerre, alors faisons la guerre, mais la guerre avec des moyens.” L’opposition municipale envi- sage de rouvrir le débat de l’ar- mement des policiers munici- paux lors du conseil de rentrée prévu le 15 septembre. Philip- pe Gonon entend du maire qu’il clarifie sa position. “Nous sommes tous concernés par la sécurité. Jean-Louis Fousseret aura droit à ce débat sur son attitude face au terrorisme et à la police municipale.” La dis- cussion s’annonce houleuse. n

vient de l’intérieur, nous devons être en mesure d’apporter une réponse immédiate. Pour cela, il faut quadriller le terrain pour réagir dans l’instant. Un des moyens pour riposter est d’ar-

mer les forces de police qui ne le sont pas. C’est le cas de la police munici- pale” estime Phi- lippe Gonon qui ne comprend pas “l’opposition archaïque” dumai- re de Besançon sur cette question. Il ne fait aucun doute pour l’élu que les policiers municipaux qui patrouillent en uni-

“Nous avons affaire à

une autre forme de terrorisme”

l Groupe communiste Thibaut Bize La sécurité est d’abord une mission d’État Le secrétaire départemental du P.C.F. est contre l’armement des policiers municipaux. Un des arguments est que cela encouragerait l’État à se décharger, en partie, sur les collectivités locales, de sa mission régalienne d’assurer la sécurité de la population.

Philippe Gonon veut rouvrir avec le maire le débat de l’armement de la P.M. lors du conseil municipal du 15 septembre (photo archive L.P.B.).

Il appelle de ses vœux l’armement de la police municipale l Réaction Jacques Grosperrin (L.R.)

L a position de Jean-Louis Fous- seret n’est plus tenable selon le sénateur Jacques Gros- perrin (L.R.), leader de l’op- position municipale. Il estime que le maire de Besançon finira par céder sur la question de l’armement de la police municipale “comme il a fini par venir à la vidéo-protection” remarque l’élu. En ce qui le concer- ne, sa position est sans ambiguïté sur cette question. Jacques Gros- perrin est favorable à équiper les agents municipaux d’une arme à feu et l’appelle de ses vœux. On se sou- vient qu’en décembre 2015, avec le groupe d’opposition, il a déposé une motion au conseil municipal visant à autoriser l’armement des policiers municipaux de Besançon. n Jacques Grosperrin a déposé une motion au Conseil municipal en décembre 2015 pour l’armement.

L es élus communistes du conseil municipal partagent l’avis du maire Jean-Louis Fousseret sur son refus d’armer les policiers municipaux. SelonThibaut Bize, secré- taire départemental du P.C.F., décider d’équiper les agents d’une arme de poing en réaction aux récentes vagues d’attentats, reviendrait “à mettre le doigt dans un engrenage sans fin. Il ne faut pas croire que c’est de cette maniè- re que l’on va résoudre le problème struc- turel de la sécurité intérieur dans notre pays. On surfe sur les peurs, on ins- trumentalise le débat à des fins électo- rales, alors qu’il faudrait faire preuve de pragmatisme” explique l’élu. En filigrane des échanges contradic- toires sur ce sujet, Thibaut Bize rap- pelle que la sécurité de la population

est une des missions régaliennes de l’État et qu’elle ne relève pas des collectivités locales. D’une certaine manière, l'armement des policiers municipaux reviendrait à partager cette compé- tence avec les mairies concernées. “Ce que j’ob- serve, c’est que les effec- tifs de la Police Natio- nale sont insuffisants à Besançon où une cin- quantaine de postes a été supprimée. Commençons par les rétablir avant d’envisager de doter d’une arme les agents de la poli- ce municipale qui jouent un rôle très important dans les quartiers mais qui n’ont pas vocation à

“Les effectifs de la Police Nationale sont insuffisants.”

Thibaut Bize rappelle qu’une cinquantaine de postes dans la Police nationale ont été supprimés à Besançon.

“Ni utile, ni souhaitable” l Réaction Barbara Romagnan (P.S.)

combattre le banditisme” estime l’élu communiste. Pour Thibaut Bize, la police de proxi- mité est un outil plus efficace pour lut- ter contre l’insécurité qui se propage dans les quartiers sensibles que l’ar- mement des agents. Rappelons que ce dispositif mis en place par le gouver- nement Jospin a été supprimé dès 2003 par Nicolas Sarkozy alors ministre de l’Intérieur. n

L a députée socialiste Barba- ra Romagnan rejoint le mai- re de Besançon dans sa déci- sion de ne pas armer la police municipale. Si elle avoue comprendre les revendications des organisations professionnelles, elle n’est pas favo- rable à cette solution comme elle l’ex- plique dans un communiqué. “Armer la police municipale revient à remettre

en question sa vocation originelle : celle de la proximité. C’est en effet prendre le risque de glisser progres- sivement vers le terrain de la répres- sion et ce au détriment d’une pré- sence rassurante.” Selon elle, la possession d’armes ne semble “ni utile, ni souhaitable” au regard de la mission de proximité de la P.M. Elle ajoute : “Quant à la question de

la protection des agents municipaux, on peut s’interroger sur la réelle effi- cacité de l’utilisation de ces armes face aux armes de guerre si cou- ramment utilisées dans les attentats.” Enfin, l’augmentation du nombre d’armes en circulation et celui des personnes amenées à s’en servir aug- menteraient selon Barbara Roma- gnan les risques d’accidents. n

Made with FlippingBook - Online catalogs