La Presse Bisontine 178 - Juillet-Août 2016

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 178 - Juillet-août 2016

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DÉPARTEMENT DU DOUBS Candidate aux législatives “Je n’ai pas changé et je ne changerai jamais”

Christine Bouquin, la présidente du Département du Doubs, défendra les couleurs des Républicains aux

L a Presse Bisontine : D’abord une question un peu “per- sonnelle” : après un début de mandat au cours duquel vous avez parfois semblé fatiguée, comment allez-vous aujour- d’hui ? Christine Bouquin : Je vais aujour- d’hui extrêmement bien, je suis en pleine forme et pleine d’éner- gie à donner à ce Département pour lequel j’ai un énorme plai- sir à travailler. J’ai en effet tra- versé quelques difficultés, mais je n’ai jamais eu de coup de mou. Il est vrai que j’ai été malme- née, certains ont même pensé que j’allais lâcher, mais jamais je n’ai perdu le cap ni la volon- té. J’ai une vraie équipe autour demoi sur laquelle je peux comp- ter. Durant cette première année de présidence, j’ai également eu à subir des bouleversements comme jamais un président de Département n’avait eu à gérer : la loi N.O.T.R.E., le bouleverse- ment dans les intercommuna- lités, la naissance de la grande Région avec laquelle on doit com- poser, l’entrée en vigueur des nouveaux cantons, sans parler des rigueurs que nous impose l’État. Les grosses difficultés sont aujourd’hui derrière nous et s’il y a bien une chose que je législatives de 2017. Alors qu’on la croyait investie à 100 % pour son Département. Explications.

Christine Bouquin, présidente du Département du Doubs : “Nous ne flottons absolument pas, le cap est bien donné et tenu.”

qui travaillent ici retrouvent leur place, sans exception, aient envie de travailler et qu’il y ait la bonne personne au bon endroit. Par conséquent, nous ne flottons absolument pas, on n’a pas échoué dans un port, le cap est bien donné et tenu. L.P.B. : Certains organismes “satel- lites” du Conseil départemental com- me Développement 25, l’agence fon- cière ou le C.A.U.E. sont amenés à disparaître suite à la nouvelle répar- tition des rôles entre la Région et le Département. Beaucoup de salariés sont inquiets… C.B. : Je tiens d’abord à dire que ce n’est pas le Département du Doubs qui sème le flou dans cet- te histoire que la nouvelle loi nous impose. Mais c’est la loi et je la respecte. Nous travaillons en étroite collaboration avec les syndicats de personnels sur ce point. J’ai sollicité Marie-Gui- te Dufay pour travailler de concert avec elle sur ces ques- tions afin que la Région repren- ne certains personnels. Je comp- te sur son écoute. Il est clair que quand on est salarié de ces struc- tures, on ne peut qu’appréhen- der l’avenir, mais sur ce point, il y a un vrai dialogue avec la présidente de la Région. Les choses seront clarifiées d’ici la fin de l’année. L.P.B. : Vous prendrez le temps de poser vos valises cet été ? C.B. : Oui, en tout cas une semai- ne pour dormir, lire et ne rien faire, et simplement contempler ce qu’il y aura autour de moi, dans un mas du Sud de la Fran- ce, au milieu des vignes. n Propos recueillis par J.-F.H.

de la Nation. Je me prononcerai à l’automne. L.P.B. : Il semblerait que vous dépeigniez Alain Juppé ! C.B. : … L.P.B. : La situation financière de ce Département est-elle toujours tendue ? C.B. : Les récentes annonces faites par le président de la République au congrès des maires de Fran- ce ne m’ont pas du tout rassurée car elles ne concernent en aucun cas les

C.B. : Nous sommes en train de faire un état des lieux global de l’ensemble du patrimoine du Département. Il y a ce genre de biens, mais aussi tous les col- lèges, les centres médico-sociaux, etc. Et nous nous séparerons de certains biens immobiliers. Une partie du patrimoine sera ven- due, une autre réhabilitée, une autre réinvestie par d’autres services du Conseil départe- mental. Les 2 et 4, rue Charles- Nodier seront certainement mis en vente. Le logement que je devais occuper est vide. Sur ce point, je neme pose plus de ques- tions, on a voulu me faire un faux procès, j’ai tourné la page. Et depuis, je rentre tous les soirs chez moi à Charquemont. Est- ce qu’il y a une logique là- dedans ?… L.P.B. : Quand connaîtra-t-on enfin les budgets alloués aux routes, aux col- lèges, etc. C.B. : Avec C@p 25, on a défini un cadre. On sait que l’on va investir entre 320 et 350 mil- lions d’euros et c’est à la fin de cette année que l’on saura à quoi vont être précisément affectées ces sommes dans le cadre d’une programmation pluri-annuelle détaillée. Sachant qu’il faut appréhender en même temps tous les nouveaux paramètres qui n’existaient pas avant, com- me les transferts de compétences par exemple. En même temps, toujours à la fin de l’année, un nouveau projet d’administra- tion va être présenté qui se cale- ra au projet départemental. Le fonctionnement de cette gran- de maison va être revu de telle sorte que les 2 400 personnes

veut que les Départements sur- vivent, je suis persuadée qu’il faut à l’Assemblée des hommes et des femmes pour défendre cette notion de Département. Il n’y a aucun revirement dans mes positions. Marcel Bonnot, le député sortant de la 3ème cir- conscription du Doubs m’avait déjà demandé d’être candidate à sa place en 2012, ce que j’avais décliné. J’étais devenue sa sup- pléante. Depuis quelque temps, on m’a énormément sollicitée, de toutes parts : les habitants, les maires, certains parlemen- taires, des chefs d’entreprise… J’ai beaucoup réfléchi et si j’ai décidé d’être candidate, c’est d’abord parce que je connais très bien cette circonscription car c’est ma terre d’élection, et c’est justement parce que je suis atta- chée à cette notion de territoi- re et de départements. Cette candidature aux législatives ne fait que renforcer mon engage- ment pour ce Département. L.P.B. : Votre position est néanmoins contraire aux futures lois anti-cumul ? C.B. : Sur ce plan-là, j’applique- rai la loi en vigueur, quelle qu’el- le soit. Si la loi anti-cumul vou- lue par la gauche doit être appliquée, j’en tirerai les consé- quences et quitterai ma fonc- tion de présidente de ce Dépar- tement. L.P.B. : Si on extrapole vos propos, on suppose que vous n’êtes pas favo- rable à cette loi anti-cumul ? C.B. : Je suis de ceux qui pen- sent qu’il est indispensable d’avoir un mandat local quand on est parlementaire. Cette loi anti-cumul, je ne l’aurais pas

votée. Encore une fois, il n’y a pas d’incohérence dans ma démarche. Pour être présiden- te de ce Département, j’ai quit- té la présidence de la commu- nauté de communes de Maîche et mon emploi alors que je n’y étais pas obligée. Parce que j’ai voulu remettre cette machine qu’est le Département du Doubs en ordre, avec une équipe autour de moi et un vrai projet. De tou- te manière, même si je suis élue députée l’an prochain, je reste- rai de toute manière conseillè- re départementale. Je n’aban- donne pas ce Département. Au contraire, je reste 100 % à sa tête. L.P.B. : Et votre adhésion récente aux Républicains, vous la femme libre qui se situait au-dessus des partis ! C.B. : En étant indépendante au moment de l’élection départe- mentale, j’ai pu emmener avec moi une équipe très diverse et le fait d’être au-dessus de la mêlée m’a justement permis de rassembler très largement et de pouvoir remporter ce Dépar- tement. Le fait que je retourne aujourd’hui dans ma famille politique fait partie de l’évolu- tion naturelle des choses, ça n’a d’ailleurs choqué personne, au contraire. L.P.B. : Vous aurez à vous positionner cet automne en vue des primaires de la droite. Qui est le mieux placé selon vous pour incarner la France ? C.B. : Il faudra quelqu’un qui res- semble à ma ligne de conduite politique, que cette candidatu- re corresponde à un engagement fort, à des notions de respect, à des vraies valeurs et à un sens

“Je n’ai jamais

ne regrette pas, c’est d’avoir pris le temps avant de présenter notre programme C@p 25. Une chose est certaine : je n’ai jamais imaginé un seul instant lâcher le Département, même dans les dif- ficultés les plus fortes. L.P.B. : On avait bien compris votre atta- chement à vous inves- tir dans ce départe- ment à 100 %. Pour cela, vous aviez lâché vos fonctions de mai- re, de présidente de communauté de com- munes et même votre emploi. Et “patatras”, on apprend que vous êtes candidate aux législatives de 2017. Vous n’avez pas le sentiment de trahir votre parole ou même les électeurs ? C.B. : Je ne trahis ni ma parole ni les électeurs. Si on

“On a voulu me faire un faux procès.”

imaginé un seul instant

lâcher le Départe- ment.”

Départements. Je suis encore retournée récemment à Paris pour défendre les Départements qui ont subi eux aussi, une for- te baisse des dotations. Un seul exemple : le financement du R.S.A., c’est 73 millions d’euros pour le Département du Doubs et nous n’avons aucune lisibili- té sur les conséquences de l’aug- mentation du nombre de béné- ficiaires. J’ai pris des engagements forts : 0 % d’aug- mentation des impôts départe- mentaux pendant 5 ans, et nous tiendrons ces engagements.Mais en face, il nous faut un peu plus de lisibilité. L.P.B. : Que deviennent les logements des 2 et 4, rue Charles-Nodier que vous deviez occuper et auxquels vous avez renoncé suite à la polémique sur les logements de fonction ?

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