La Presse Bisontine 177 - Juin 2016

LE PORTRAIT

43 La Presse Bisontine n° 177 - Juin 2016

BESANÇON

Une ancienne élève du cours hôtelier

Toujours à cheval sur la qualité

Corinne Veyssière est une des anciennes élèves de la fameuse “école de Madame Cheval” plus officiel- lement appelée le cours hôtelier de Besançon. L’institution fête ses cent ans cette année.

“C elui qui n’a pas fait l’école ne peut pas com- prendre…” Com- prendre quoi ? C’est avec cette phrase mysté- rieuse lâchée par Robert Bre- ney, président du conseil d’ad- ministration à l’occasion des 100 ans du cours hôtelier de Besançon, le 12 mai dernier, que nous avons tenté de per- cer ce mystère… L’enquête, immanquablement, nous ramè- nera quelques décennies en arrière, à l’époque où le cours hôtelier de Besançon n’était connu de tous que par une autre appellation : “l’école de Mada- me Cheval”. Qui mieux qu’une ancienne élève pour lever le voile sur cette institution créée voilà cent ans par deux hommes visionnaires, le chanoine Mou- rot et Gaston Adler ? Corinne Veyssière fait partie de ces centaines de jeunes filles à être passées par cette dure école de la vie, ô combien enri- chissante à les entendre. Pour Corinne, c’était il y a trente ans. Elle n’a rien oublié de cet- te année particulière. Cette fille de commerçants bisontins goû- tait peu souvent aux joies des vacances en famille, peu nom- breuses du fait de l’activité pre- nante de ses parents. “On avait très peu de vacances, par consé-

entière. Depuis 1963, Denise Cheval tient les rênes de l’éco- le d’une main de fer. Originai- re du Russey dans le Haut- Doubs, M me Cheval dirigera le cours hôtelier pendant 26 ans, avant de passer le flambeau à Ghislaine Maire en 1989, qui elle-même transmettra le relais en 2004 à l’actuelle directrice Christine Girard. En 1984, c’est donc devant Deni- se Cheval que Corinne Veys- sière, accompagnée de ses parents, a passé les tests d’en- trée. “Il fallait vraiment mon- trer patte blanche, Madame Cheval avait un vrai charisme qui plantait tout de suite le décor” se souvient Mme Veys- sière qui a fait toute sa car- rière dans l’hôtellerie. La jeu- ne Corinne se retrouve au premier rang de la classe, jus- te en face du bureau de la direc- trice. À 18 ans, on peut rêver d’une jeunesse plus fantaisis- te…Au 98, Grande rue, la dis- cipline était immuable : “On rentrait à l’école le dimanche et on en sortait le samedi soir. L’internat était encore obliga- toire à cette époque-là. Et si on ne travaillait pas suffisamment bien, ou si on n’avait pas fini notre repassage, on était collé et on devait rester le dimanche.” De rares heures de détente étaient accordées si les filles atteignaient au moins 12 de moyenne sur 20. “On avait alors droit à une heure de sortie dans Besançon. Mais le temps de se changer et d’anticiper le retour à l’heure, ça nous laissait à pei- ne 20 minutes” sourit aujour- d’hui Corinne Veyssière. Les filles n’avaient pas pour autant le droit de se délurer dans n’im- porte quel bar de la ville. “Trois salons de thé de Besançon nous étaient autorisés, c’est tout.” Au cours hôtelier, les cheveux courts étaient de rigueur pour les pen- sionnaires. “Si on était un peu négligées,M me Cheval nous pre- nait directement rendez-vous

Corinne Veyssière est aujourd’hui présidente nationale de l’asso- ciation des gouver- nantes générales d’hôtels.

gouvernante au Horset Savoye, un palace de Cannes, puis à l’hôtel Méridien de Nice où elle sera gouvernante générale. Elle gérera également l’ouverture duMéridien à Bahrein quelques années plus tard. En 1999, nouvelle étape dans la vie professionnelle de Corin- ne Veyssière qui est débauchée par la chaîne Sheraton (grou- pe Starwood). Depuis cette date, elle est la gouvernante géné- rale de cet établissement de 256 chambres situé au cœur du complexe de Roissy. Dans cet établissement de prestige, elle gère une équipe de 75 per- sonnes et un budget de 2 mil- lions d’euros par an. En 2012, Corinne Veyssière devient la présidente nationale de l’as- sociation des gouvernantes générales d’hôtels. La suite de sa carrière, Corin- neVeyssière l’imagine toujours dans le monde de l’hôtellerie “en devenant peut-être gouver- nante générale de plusieurs éta-

décrocher son premier emploi. Au milieu des années quatre- vingt, qui plus est quand on sortait de l’école de M me Che- val, trouver un emploi en hôtel- lerie était un jeu d’enfant. Aujourd’hui encore, 87 % des élèves formés au cours hôte- lier trouvent un emploi dès leur sortie de l’école. Plusieurs rendez-vous dans des palaces parisiens se sont avé- rés concluants et la Bisontine a commencé sa carrière au pres- tigieux Hôtel Prince-de-Galles, avenue George V à Paris en tant que gouvernante. Elle y passera trois ans, y rencontrera son futur mari avec qui elle aura deux enfants, avant que ses gènes familiaux la rattra- pent et qu’elle revienne avec sa petite famille reprendre un restaurant à Besançon, une institution alors, Chez Sosthène rue de Dole. Cinq ans plus tard, sa vraie passion la reprend. La famille Veyssière part sur la Côte d’Azur où Corinne sera

chez le coiffeur d’en face.” Dépeinte ainsi, l’année scolai- re aurait eu de quoi effrayer la moins farouche des élèves. “En entrant au cours hôtelier, je savais très bien ce qui m’at- tendait. Au fond demoi, je savais pertinemment que cette rigueur était fondée. L’année s’est pas- sée ainsi, dans la perspective du stage de fin d’étude qui devait durer quatre mois” poursuit Corinne Veyssière. À la fin de l’année, une petite angoisse supplémentaire demeurait pour les élèves formées au cours hôtelier : seraient-elles envoyées en stage en tant que gouver- nante, réceptionniste ou en sal- le. “Je priais le bon Dieu pour être gouvernante.” La jeune Corinne aura la chance d’avoir un stage à L’Hôtel Royal à Évian. “J’ai rapidement oublié toutes les brimades de l’année. Je me suis un peu lâchée le soir, il fallait décompresser” confie la gouvernante. S’en est suivie ensuite la période où il a fallu

blissements du même groupe” dit-elle. La Bisontine s’est pour- tant fixé un objectif : rester près de ses deux enfants. “J’estime qu’on réussit sa vie quand on fait un amalgame équilibré entre sa vie professionnelle et sa vie privée, sans privilégier l’un plus que l’autre.” Mission réussie pour l’ancienne élève du cours hôtelier. Celui qui n’a pas fait l’école de Besançon ne peut pas com- prendre disait donc M. Breney. Comprendre en effet que la stricte discipline, voire les souf- frances endurées par les élèves du cours hôtelier de Besançon se transforment ainsi en accom- plissement de soi par l’inté- gration professionnelle. Corin- ne Veyssière, comme tant d’autres, a vécu l’expérience et percé le mystère du cours hôte- lier…Pour son plus grand bon- heur. n J.-F.H.

quent quand on partait, on le fai- sait dans de beaux établissements. C’est là qu’est née mon envie de tra- vailler dans ce milieu” se sou- vient Corinne Veyssière. À cet- te époque déjà - nous sommes au milieu des années quatre-vingt -, le cours hôtelier de Besançon est une institution connue dans la France

“Il fallait vraiment montrer patte blanche…”

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