La Presse Bisontine 177 - Juin 2016

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 177 - Juin 2016

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POLITIQUE

Yves-Michel Dahoui “Si je suis élu, je ne ferai qu’un mandat”

L’adjoint bisontin à l’Éducation est candidat à la succession de Jean-Louis Fousseret à la fonction de maire de Besançon. Il s’explique sur ses intentions.

ports avec Éric Alauzet qui est un bon député. Mais nous avons changé d’époque. Il a choisi la voie parlemen- taire. Il honore son mandat national, mais il ne peut pas tout vouloir. Per- sonnellement, j’ai choisi les élections locales. Besançon est une ville socia- liste et je souhaite qu’elle le reste. Si Éric Alauzet a rejoint le groupe socia- liste à l’Assemblée Nationale, il n’est pas encore au P.S. que je sache. En revanche, s’il entre au Parti Socialis- te et qu’il émet le souhait de succéder à Jean-Louis Fousseret, alors il y aura débat. Je suis bon joueur. L.P.B. : Ce sont les militants qui trancheront au moment d’investir un candidat ? Y.-M.D. : Il y a de moins en moins de monde dans les partis politiques, y compris au P.S. Les partis sont décon- sidérés et ne sont plus représentatifs. Est-ce que cela a encore du sens, lors- qu’une centaine de militants socia- listes votent pour investir un candi- dat ? À l’arrivée, ce n’est pas parce qu’il est investi qu’il est forcément légiti- me dans la ville où il se présente. Per- sonnellement, je m’opposerai à ce jeu d’appareil. Je souhaite qu’une primaire ouverte soit organisée pour permettre aux Bisontins qui le souhaitent de déterminer le candidat socialiste qui les représentera aux prochaines élec- tions municipales. Ils veulent peser sur ce choix. La méthode me semble plus respectueuse de la population. L.P.B. : Vous êtes respectueux des procédures au sein de votre parti. Vous ne brûlerez pas les étapes. Si l’idée d’une primaire que vous appelez de vos vœux n’aboutit pas et si les militants vous investissent suivant la procé- dure interne au P.S., comment réagirez-vous ? Y.-M.D. : Si je suis désigné dans ces conditions, je serais insatisfait. On peut être légitime au sein d’un parti et ne pas l’être aux yeux de la popu- lation. Le cas échéant, je veux l’être aux yeux des Bisontins. L.P.B. : Tout le monde ne souhaite pas des primaires en local. Comment comptez-vous vous y prendre pour en faire accepter l’idée ? Y.-M.D. : C’est à moi de faire avancer cette idée de primaire localement. Une fois encore, je fais le constat que les partis sont de moins en moins repré- sentatifs. Il n’y a rien de plus désas- treux que les combines d’appareil qui imposent un candidat à une ville. J’ouvre le débat sur ce point. L.P.B. : Vous aurez 60 ans. Ne serez-vous pas trop âgé pour prétendre occuper cette fonc- tion de maire ? Y.-M.D. : Je ne ferai qu’unmandat déter- miné pour ma ville. Je ne veux m’oc- cuper que des intérêts de Besançon sans être soumis à l’obligation de réélec- tion. Quand à 60 ans vous prenez des responsabilités, c’est différent. Lorsque vous êtes jeunes, tout sert de mar- chepied. À mon âge, je fais un choix plus éclairé. C’est le bon moment, celui où je peux réunir tous les atouts pour occuper cette fonction de maire. Quand on a réfléchi suffisamment, quand on a une vision pour sa ville, quand on a l’envie, il n’est pas anormal d’afficher son ambition.

La Presse Bisontine : Cela fait plusieurs mois maintenant que vous laissez entendre que vous serez candidat à la succession de Jean- Louis Fousseret. Qu’en est-il de votre moti- vation pour cette fonction de maire ? Yves-Michel Dahoui : Ma motivation est intacte ! Pour prétendre à cette fonc- tion, il faut l’envie, l’expérience. Il faut que les Bisontins sachent ce que vous êtes capable de faire. Les gens se déter- minent par rapport à ce qu’ils connais- sent. J’ai un bilan, un tempérament qui me pousse à aller au bout des démarches que j’entreprends, avec empressement parfois. J’ai fait beau- coup de choses en tant qu’adjoint à la Culture. Je suis dévoué à cette ville. Je ne me suis pas perdu dans d’autres mandats à l’exception d’un mandat de conseiller général que j’estimais com- plémentaire à celui d’élu municipal. Je ne me suis jamais présenté à une élection nationale pensant que je dis- posais de plus de leviers avec un man- dat local pour m’occuper de mes conci- toyens. L.P.B. : Tout de même, lors des dernières élec- tions législatives, vous étiez prêt à vous pré- senter contre Éric Alauzet (E.E.L.V.) qui avait été investi sur la deuxième circonscription du Doubs dans le cadre d’un accord national Par- ti Socialiste-Europe Écologie-Les Verts… Y.-M.D. : J’avais créé un rapport de for- ce en menaçant de faire acte de can- didature. Comme je ne suis pas pour la politique du pire, j’ai renoncé. Si j’avais voulu faire une carrière de par- lementaire, je l’aurais fait. Je ne m’y suis pas engagé parce que je voulais conserver mon activité professionnel- le (N.D.L.R. : Yves-Michel Dahoui est juriste de profession). L.P.B. : Que répondez-vous à ceux qui esti- ment qu’il est temps qu’un homme politique d’une envergure nationale s’impose à Besan- çon de manière à accélérer le rayonnement de cette ville ? Y.-M.D. : Ne pourraient donc être maires des grandes villes de France que les ministres ? ! Le “tout politique” n’est pas une preuve de compétence. L’ac- tuel gouvernement en est la confir- mation. C’est une question de tempé-

Yves-Michel Dahoui qui aura 60 ans en 2020 estime qu’il a la maturité requise à l’exercice de la fonction de maire de Besançon.

ce plutôt que de nous lamenter de la force des autres. Soyons fiers de nos atouts, menons des projets concrets, acceptons le défi de la compétition des territoires et soyons fiers de ce que nous sommes. L.P.B. : Comme Jean-Louis Fousseret, si vous êtes élus, serez-vous partisan d’une gauche plurielle ? Y.-M.D. : Sur le plan national, le P.S. est inaudible, les Verts sont en déconfitu- re et l’extrême gauche est tiraillée. Une situation qui ne se ressent pas dans la majorité municipale où nous travaillons très bien ensemble. Cette ville a toujours eu cette capacité à ras- sembler. Nous sommes toujours par- venus à créer cette alchimie entre le P.S., les Verts, les Communistes et la Société Civile. Il n’y a pas de raison à ce que cela ne dure pas. Je déplorerais que les divergences nationales impac- tent la politique municipale. L.P.B. : On comprend que vous n’êtes pas par- tisan du cumul des mandats et que le cas échéant, vous ne seriez que maire. Mais ne seriez-vous pas aussi président de l’Agglo ? Y.-M.D. : Des compétences vont être transférées à l’Agglo. Le mandat de président de la C.A.G.B. sera un pos- te important, qui aura du poids. Je ne suis pas un boulimique de mandats. J’ai un attachement affectif à Besan- çon. La désignation du, ou de la futur(e) président(e), doit être une question ouverte. Qui sera le ou la meilleure pour occuper cette fonction ? Nous ver- rons. Je suis pour le partage des res- ponsabilités. n Propos recueillis par T.C.

pliqué où nous devons composer avec des moyens réduits. L.P.B. : Quelles sont vos ambi- tions pour cette ville ? Y.-M.D. : Il manque un peu de folie à Besançon qui a un potentiel consi- dérable sur le plan cul- turel, économique, urba- nistique. Nous avons un tissu de P.M.E.-P.M.I. important qui nous met

tôt ? Y.-M.D. : Oui, j’aurais pu l’être plus tôt, mais Jean-Louis Fousseret étant can- didat à sa propre succession, je l’ai sou- tenu naturellement. L.P.B. : On sent déjà en vous le candidat en campagne. Comment allez-vous mener les opérations jusqu’en 2020 ? Y.-M.D. : Je vais rencontrer beaucoup d’élus de l’actuelle équipe municipale qui doit faire ses preuves. Il faudra ensuite communiquer davantage autour de la vision que l’on a pour cette ville. Je vais travailler avec celles et ceux qui veulent réfléchir à l’avenir de Besan- çon. L.P.B. : Faut-il comprendre que vous êtes déjà en train de constituer votre équipe ? Y.-M.D. : Non. Je prends l’initiative de rassembler, mais il ne s’agit pas de créer “une écurie” en vue des munici- pales de 2020. Je souhaite simplement pouvoir débattre de l’avenir et de ce mandat que nous devons réussir. Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs. Je suis quelqu’un d’ordonné. Je respecte les procédures internes à mon parti. Nous avons un mandat à faire, réussissons-le et envisageons l’avenir. Comme Jean-Louis Fousseret a dit qu’il ne serait plus candidat, il ne dési- gnera pas son dauphin. Il revient donc à cette équipe de se prendre en main. L.P.B. : N’est-ce pas trop tôt pour ouvrir ce débat sachant que les prochaines élections municipales auront lieu dans quatre ans ? Y.-M.D. : Au contraire, c’est le moment pour l’équipe en place de lever la tête du guidon dans ce mandat très com-

“Il manque un peu de folie à Besançon.”

à l’abri des aléas d’une économie repo- sant sur une mono-industrie. Je ne suis pas inquiet car les acteurs bison- tins ont des ressources considérables. Nous avons un potentiel surdimen- sionné par rapport à la taille de la vil- le. Il faut cultiver tout cela comme je souhaite cultiver la coopération avec la Suisse qui doit être renforcée sur le plan culturel, économique, universi- taire. J’ajoute que ce territoire voisin est une zone de chalandise importan- te pour notre région. C’est le rôle du politique que de porter tout cela. L.P.B. : Dans quatre ans, Dijon aura sans dou- te augmenté un peu plus son poids vis-à-vis de Besançon suite à la réforme territoriale. Comment allez-vous aborder ce rapport de force ? Y.-M.D. : Dijon est une ville plus impor- tante que Besançon. Ce défi de la com- pétition, je le relève. Mais arrêtons de nous mortifier ! Nous n’avons pas de complexe à avoir vis-à-vis de Dijon. Si sur certains dossiers il faut créer un rapport de force avec Dijon, et bien créons-le. Organisons notre propre for-

rament et de volonté. J’ai des réseaux comme Jean- Louis Fousseret en a pour faire avancer les dossiers. C’est par la pertinence des propositions et la capacité que vous avez à déplacer les montagnes que vous faites bouger les lignes comme j’ai pu le faire lorsque j’étais adjoint à la Culture. Je crois profondément que les Bisontins veulent savoir à qui ils ont affai- re. Je ne suis pas sûr qu’un “parachutage” fonc- tionnerait dans cette vil- le. L.P.B. : Éric Alauzet a rejoint le groupe socialiste à l’As- semblée Nationale. Il ne cache pas non plus ses ambitions pour la mairie de Besançon. Redoutez-vous cet adversai- re au travers de votre route ? Y.-M.D. : J’ai de bons rap-

“Je souhaite qu’une primaire

ouverte soit organisée.”

L.P.B. : Avez-vous pensé être candidat plus

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