La Presse Bisontine 177 - Juin 2016

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 177 - Juin 2016 37

AGRICULTURE Ils sont souvent pointés du doigt “Les changements de comportements doivent concerner tout le monde” Christian Morel est vice-président de la chambre d’agriculture du Doubs et Territoire-de- Belfort. Pour lui, l’agriculture, souvent montrée du doigt quand il s’agit de pollution des rivières, est bien consciente des enjeux et prend sa part aux efforts nécessaires.

L a Presse Bisontine : La qualité des sols et des rivières est-elle réellement une des préoccu- pations de la filière agricole ? Christian Morel : Nous sommes actuellement en train de modi- fier notre projet agricole dépar- temental avec le projet de faire du Doubs une terre d’excellen- ce. Cela passe donc forcément par la prise en compte de la qua- lité des sols et des rivières. On a bien conscience que nous sommes ici sur des sols fragiles et sur une logique économique autour des A.O.P. et des I.G.P. Les efforts sont indispensables. L.P.B. : Quelles actions concrètes la profession met-elle en place ? C.M. : Il y a des actions que nous avons mises en place il y a déjà longtemps comme les plans d’épandage qui sont préparés en concertation avec les com- munes qui ont des réseaux d’as- sainissement. Sur les 2 200 exploitations du Doubs, la moi- tié déjà ont intégré un tel plan d’épandage. Plus récemment, on

s’est mis à travailler plus pré- cisément selon les secteurs où on est, par rapport notamment à la profondeur de terre. L’idée est d’épandre demanière de plus en plus précise et ciblée en fonc- tion de la nature des sols. L.P.B. : Il n’empêche que malgré ces efforts et ces mesures, il reste des agriculteurs inconscients qui déver- sent leur lisier n’importe comment et n’importe où ! On l’a vu encore récem- ment à Tarcenay. C.M. : : L’arrivée du portable fait, d’un côté, énormément de bien à notre profession car il ne peut plus y avoir d’impunité en la matière. Au moindre dérapage, il y a désormais toujours quel- qu’un pour prendre une photo. Le temps où on pouvait épandre en toute discrétion est révolu et c’est tant mieux. Ceci dit, il y aura toujours ceux qui enfrein- dront la loi. Je les compare à ces automobilistes qui, malgré les interdictions, continuent à rou- ler à 170 km/h. Ils savent per- tinemment que c’est interdit

mais la réglementation les “emmerde”. L.P.B. : Les choses progressent tout de même selon vous ? C.M. : Les choses vont dans le bon sens. C’est aussi une question d’état d’esprit à changer auprès des agriculteurs, et du grand public. Il faut expliquer que les effluents, ce ne sont pas des déchets, mais avant tout des engrais et que ces engrais, il faut savoir les utiliser correctement. À ce propos, la chambre d’agri- culture diffuse auprès de tous les agriculteurs du département des guides des bonnes pratiques de gestion des effluents d’éle- vage en milieu karstique. Ce sont des documents pédagogiques très bien faits qui encouragent les pratiques responsables. On travaille également en relation avec la fédération des C.U.M.A. pour avoir du matériel le plus sophistiqué possible qui per- mettre d’épandre en quantités plus réduites et à le faire à des moments où la végétation en a

besoin, pas n’importe quand. Nous avons mis en place à ce sujet des essais du côté de Bon- nevaux-Trepot qui donne des résultats très intéressants. L.P.B. : Travaillez-vous également sur la limitation des désherbants et autres insecticides ? C.M. : Oui, c’est le deuxième axe de notre politique. On a mis en place des essais sur Arcier et le plateau de Saône cette fois-ci, destinés à changer de pratiques, ce qui a permis de constater une forte baisse de la pression phy- tosanitaire. Ceci dit, si on par- le des glyphosates (le fameux Roundup), on constate aussi que là où on en trouve le plus, c’est à la sortie des stations d’épura- tion, ce qui signifie que ce sont aussi les particuliers qui en uti- lisent et qui sont responsables d’une partie des rejets. Les chan- gements de comportements doi- vent concerner tout le monde. Agriculteurs, communes, fores- tiers, pêcheurs, tout le monde a sa part. Le retour des charrues

Christian Morel, vice-président de la chambre d’agriculture : “Agriculteurs, communes, forestiers, pêcheurs, tout le monde a sa part.”

mettre en garde. Les gens ne doivent pas partir au bio par seule opportunité financière et qu’en suite on soit obligés de les ramasser à la petite cuillère par- ce qu’ils n’auraient pas réussi. Ensuite, quand on veut passer en bio, il faut être très pointu techniquement. Ce n’est pas don- né à tout le monde. Et enfin, il faut que ça réponde à un mar- ché. On ne peut pas répondre au marché du bio uniquement avec les filières locales. Il faut que les filières longues, les grosses coopératives s’intègrent dans ce mouvement. C’est ce que nous les encourageons à faire. Dans unmarché mondial, l’agri- culture française se distingue- ra par sa qualité et la recherche de créneaux à valeur ajoutée. n Propos recueillis par J.-F.H.

dans nos champs est aussi une réalité, comme il y a 50 ans, on peut se remettre à traiter les herbes comme ça. Il existe des aides de l’État qui permettent de pallier le manque de renta- bilité liée au retour de telles pra- tiques, mais le problème est que les agriculteurs en sont parfois à se désengager parce que fau- te de moyens de l’État, ces dis- positifs ne deviennent plus inté- ressants du tout. Il ne faut pas que l’administration nous impo- se des conditions inatteignables. L.P.B. : La solution est-elle au passa- ge des exploitations en bio ? C.M. : Pour moi, le bio, c’est la cerise sur le gâteau. Il y a de plus en plus d’exploitations qui passent au bio, elles sont aujour- d’hui 7 à 8 %. Seulement, il faut

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