La Presse Bisontine 177 - Juin 2016

LE GRAND BESANCON 28

La Presse Bisontine n° 177 - Juin 2016

SAÔNE

Fiscalité des entreprises Philippe Amiot part en guerre contre les charges

Le boulanger de Saône est décidé à créer un collectif d’artisans et de professions libérales pour interpeller efficacement les pouvoirs publics sur la nécessité de revoir à la baisse la fiscalité qui pèse sur les petites entreprises au point de les mettre en difficulté.

plus à me faire un fonds de rou- lement. Lorsque vous arrivez devant votre banquier, vous êtes considéré comme un métier à risque ! Le coût de fonctionne- ment d’une entreprise comme la mienne est devenu beaucoup trop lourd. Elle est faite pour payer les charges alors qu’elle devrait contribuer à créer de l’emploi. Notre système ne respecte pas les gens qui travaillent. Il tue l’ar- tisanat qui est l’école de la secon- de chance pour beaucoup de jeunes” insiste Philippe Amiot. S’il a une dent contre le systè- me, il ne veut pas laisser croire par son propos qu’il est opposé aux charges. Il voudrait qu’elles soient reconsidérées de maniè- re à redonner de l’air aux entre- prises. “Il ne faut pas qu’elles soient démesurées” estime le bou- langer qui a du mal à boucler ses fins de mois une fois qu’il a payé son loyer, et réglé le reste de son panier fiscal. “Il y a le

notre argent à venir passer une semaine avec moi dans ma bou- langerie pour qu’ils découvrent la réalité des choses. J’ai du plai- sir à travailler.Mais on travaille aussi pour gagner notre vie. Ce n’est pas le cas. Je ne demande pas d’argent, je voudrais juste qu’on m’en laisse un peu plus par rapport à celui que je gagne” précise Philippe Amiot qui est allé jusqu’à intervenir en avril en plein conseil communautai- re (ce qui est interdit) pour expri- mer son désarroi. “Je ne suis pas là pour casser le système, mais je veux le faire évoluer. Je veux qu’on arrête de piller nos entre- prises” annonce le boulanger décontenancé depuis qu’il sait que le montant de sa retraite avoisinera les 500 euros parmois. “Après les paysans, les artisans sont les nouveaux pauvres.” Combatif, il espère faire bouger les lignes, mais pas seul. Pour cela, il envisage de créer en sep- tembre un collectif d’artisans et de professions libérales dont la voix porterait suffisamment loin pour être entendue. En atten- dant, PhilippeAmiot a déjà dépo- sé une requête auprès du R.S.I. à Besançon. “Je demande le bilan comptable à cet organisme pour voir comment est ventilé l’argent qu’il nous ponctionne, voir com- ment il est utilisé dans ses moindres détails.” Une deman- de restée pour l’instant sans réponse. n T.C.

P hilippe Amiot fait par- tie de la France qui se lève tôt. Il est artisan boulanger à Saône, ins- tallé à son compte depuis 13 ans. “Je fais entre 75 et 90 heures par semaine” annon- ce l’entrepreneur de 52 ans. La passion pour son métier lui per- met de tenir ce rythme. Épaulé au quotidien par une salariée et deux apprentis.Tout irait mieux s’il ne croulait pas sous les charges sociales, celles contre pestent tant d’artisans. La pres- sion est devenue telle qu’il ne la supporte plus. Il a dans le colli- mateur le Régime Social des Indépendants qui lui ponction- ne chaque trimestre plus de 3 000 euros. Alors qu’il aurait besoin d’in- vestir pour moderniser son outil de travail, il n’a pas le choix de l’arbitrage financier de l’argent qu’il gagne. Par obligation, il donne la priorité au R.S.I. “Je prie pour que mon matériel ne tombe pas en panne. J’ai 60 000 euros d’investissements à réaliser dans ma boulangerie. C’est de l’économie ! Or, cet argent je ne l’ai pas, il est au R.S.I. !” résume Philippe Amiot, sur un ton volontairement provocateur. Il embraye : “Pour investir, il faut de la trésorerie. Je n’arrive même

Philippe Amiot, artisan boulanger à Saône peine à gagner son pain, écrasé dit-il par les charges. “Je veux me battre pour les générations futures.”

R.S.I.Mais j’y ajou- te l’U.R.S.S.A.F. et la Communauté d’Agglomération de Besançon.Comment voulez-vous que j’in- vestisse ? Au bout du compte, on peut comprendre que des artisans soient à la limite de la ruptu- re et qu’ils aient envie d’arrêter. J’in- vite tous les poli- tiques qui dépensent

“Je ne suis pas là pour casser le système.”

EN BREF

SANTÉ

La maladie de Lyme Gare aux tiques dans le Grand Besançon !

Puces Puces d’été à

Micropolis samedi 11 et dimanche 12 juin prochains de 9 heures à 18 heures Aux côtés de 120 brocanteurs, dans un esprit Vintage avec des marchandises, meubles et objets qui reviennent à la mode de nos intérieurs. Renseignements au 03 81 41 08 09 ou sur www.micropolis.fr. Exposition Une exposition consacrée à l’artiste Bertha von Suttner (1843-1914), figure incontournable du mouvement pacifiste international, est visible à l’Hôtel du Département (hall d’accueil) jusqu’au vendredi 3 juin. Issue s’engage avec passion et ténacité pour la paix et le désarmement, par ses interventions auprès d’associations, de personnes influentes et par ses nombreuses publications. Elle est la première femme à obtenir le Prix Nobel de la paix en 1905. Elle est reconnue également pour sa lutte en faveur de l’émancipation des femmes et contre l’antisémitisme virulent de l’époque. d’une famille d’aristocrates autrichiens, elle

L’association France Lyme est mobilisée pour informer le public sur le danger des tiques et alerter les pouvoirs publics sur la nécessité d’allouer des crédits pour mieux diagnostiquer et traiter cette maladie. Information à Besançon le 28 mai, place du 8-Septembre.

Toutes les tiques ne transmettent pas la maladie. De retour de balade, la bête peut être retirée avec une pince à tique.

D ès qu’elle en a l’occasion, Marguerite Draux fait de la sensibilisation au danger des tiques. Par morsure, ces petites bêtes pas plus grosses qu’une tête d’épingle transmettent à l’homme la Bor- relia, la bactérie qui provoque la maladie de Lyme. Une patho- logie qui n’est pas anodine puis- qu’elle peut engendrer des para- lysies dans les cas les plus graves. Pourtant, les pouvoirs publics auraient tendance à minimiser l’ampleur de sa propagation alors que pullulent les tiques dans les régions comme l’Alsace et la Franche-Comté, propices à leur développement. Ces territoires verts et humides sont à risque. “En France, la maladie est tou- jours considérée comme rare alors que nous sommes plus d’une per- sonne pour mille à en souffrir” disent les représentants de Fran- ce Lyme. L’association estime à 65 000 par an le nombre de nou- veaux cas. Un chiffre plus de deux fois supérieur à celui avan- cé par le réseau Sentinelle qui estime à 28 000 le nombre de

personnes qui déclarent la mala- die chaque année. L’explication à une telle diver- gence dans les données statis- tiques est la difficulté à établir le diagnostic de la maladie de Lyme en France. Beaucoup de personnes en seraient atteintes sans le savoir.Marguerite Draux a été dépistée en novembre 2014 seulement, alors qu’elle en souffre insidieusement depuis plus de quinze ans. “J’étais régulière- ment fatiguée. Je pensais que cela provenait de mes activités quo- tidiennes. C’est un coup de fatigue plus fort que les autres qui a conduit un médecin spécialiste

passage qu’il existe plus de 800 symptômes possibles pour cette maladie. L’un des principaux signes est l’apparition d’une lésion cutanée (érythème chronique migrant) peu après la piqûre de tique. Problème : tous les gens infectés n’ont pas ce symptôme, ce qui rend plus difficile le dia- gnostic. Mais détectée rapide- ment, la maladie de Lyme se soigne par un traitement anti- biotique. Outre le dépistage, les associa- tions insistent aussi sur la pré- vention. Au retour d’une balade

en forêt, il est vivement conseillé d’examiner son corps ou de le faire examiner, sachant que les tiques peuvent s’agripper der- rière les oreilles ou dans le nom- bril. Les enfants sont particu- lièrement sensibles. Pour éviter d’être piqué, il est recommandé de respecter quelques règles com- me mettre le bas de pantalon dans ses chaussettes et de glis- ser son t-shirt dans sa ceinture. La période la plus sensible est de mars à septembre. Gare aux tiques ! n T.C.

classique d’une personne qui n’a pas été diagnostiquée est de consulter une batterie de spé- cialistes jusqu’à passer pour dépri- mée” indique Marguerite Draux. Elle est membre de l’association France Lyme qui milite auprès des pouvoirs publics pour qu’ils s’intéressent de près à ce pro- blème de dépistage. “Nous demandons à ce que des crédits soient alloués à la recherche et aux tests afin d’en améliorer l’ef- ficacité. Il faut également mieux former et sensibiliser les méde- cins” ajoute-t-elle, indiquant au

de la maladie de Lyme à me faire passer un test auquel j’ai réagi. Mais tout le mon- de ne réagit pas à ces tests qui ne sont pas suffi- samment effi- caces. Beaucoup de gens passent à travers. Résul- tat, le parcours

“Que des crédits soient alloués à la recherche.”

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