La Presse Bisontine 177 - Juin 2016

RETOUR SUR INFO - LE GRAND BESANÇON 26

La Presse Bisontine n° 177 - Juin 2016

La cartographie des cours d’eau menace-t-elle les milieux aquatiques ?

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité du Grand Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. L’heure de la récession dans l’horlogerie ?

S ous l’égide de la D.R.E.A.L., l’État met en place actuel- lement un relevé cartogra- phique des cours d’eaux français. L’objectif avoué est le recense- ment de tous les cours d’eau de France. L’objectif secondaire, selon les défenseurs des milieux aquatiques, “sous la pression des lobbies en particulier celui de l’agri- culture intensive” , et de permettre la réalisation de travaux (barrages, retenues colinaires, drainages, canalisation, etc.) sans autorisa- tions sur tous les cours d’eau qui n’auront pas été recensés. Ils seront nombreux puisqu’un tra- vail exhaustif est quasiment impos- sible, surtout dans les têtes de bassin et que le temps imparti est trop limité. “Cela fait planer une menace majeure de destruction totale, sur nombre de ruisseaux et zones humides” estime le col- lectif S.O.S. Loue et rivières com- toises. Car les têtes de bassins sont justement des zones d’une grande richesse, où la biodiver- sité est majeure, où se trouvent bon nombre de frayères de truites et batraciens et où subsistent les dernières écrevisses autochtones de notre pays. “Sans parler des espèces d’insectes les plus pol- luo-sensibles dont c’est souvent

L’ horlogerie aurait mangé son pain blanc. “Elle n’a en tout cas pas mesuré les conséquences de la crise” indique l’U.N.I.A. Pour Alain Mar- guet (président de l’Amicale des frontaliers), “l’avenir est inquié- tant si bien que les frontaliers sont pessimistes. Il y a bien une récession” confirme le président. En 2015, les grandes firmes ont tenté d’écouler leurs stocks dans un marché atone. En 2016, elles licencient ou rapatrient dans leurs ateliers du travail jadis sous-trai- té. Conséquence : les sous-trai- tants trinquent. “On suppute que des entreprises tentent de les maintenir à flot” rassure toute- fois la branche horlogère d’U.N.I.A. qui rappelle que des entreprises prévoient d’embau- cher comme Tag Heuer pour sa montre connectée. “Les grandes

L’entreprise Cartier a prévu de supprimer 47 postes en Suisse voisine.

L’état sanitaire des cours d’eau sera-t-il affecté par cette évolution de la réglementation ?

le dernier réservoir.” Comme notre région est bien entendu concer- née au premier chef, le collectif S.O.S. Loue et rivières comtoises s’est emparé de la problématique grâce à l’un de ses membres, Michaël Prochazka. Une réunion s’est tenue à ce sujet le 19 mai à la D.R.E.A.L. à Besançon. Selon Michaël Prochazka, “la décision en haut lieu a déjà été prise et la participation minoritaire du mon- de associatif aux différents groupes de travail liés à ce projet n’est qu’un artifice de plus, la repré-

sentation largement plus impor- tante des structures représentant les lobbies demandeurs de cette “réforme” en est une preuve.” Selon le spécialiste, “en Franche- Comté comme ailleurs en Fran- ce, les conséquences potentielles risquent d’être dramatiques, car les cours d’eau non recensés deviendront des “écoulements”, comme l’avoue le compte rendu officiel de la première réunion, et ne seront soumis à aucune démarche avant travaux.” À suivre. ■

entreprises tirent encore leur épingle du jeu mais il faut qu’elles innovent” témoigne un spécia- liste Le syndicat est informé des licenciements économiques et collectifs. Il tente de négocier avec les chefs d’entreprise. Le syndicat est conventionné en Suisse, c’est-à-dire que les entre- prises du secteur de l’horloge- rie doivent l’informer (ainsi que le canton) en cas de licencie-

ments collectifs ou économiques. Une période de consultation se déroule entre le syndicat et la direction des entreprises concer- nées. Cartier devait annoncer le nombre de licenciements pour son site du Crêt-du-Locle. Ce ne sera pas 130 emplois comme prévu, mais 47 aux dernières nou- velles. Cela passe par des départs à la retraite anticipés ou des départs volontaires. ■

Le Bisontin Alexandre Moine, nouveau président du Forum transfrontalier

A lexandre Moine, professeur à l’Uni- versité de Franche-Comté, vient de prendre la tête du Forum trans- frontalier, instance de réflexion et d’ému- lation autour des coopérations franco- suisses au sein de l’Arc jurassien. Il succède à Jacques-André Tschoumy, le président-fondateur du Forum. Cet- te instance a récemment tenté d’éva- luer l’ampleur de ces coopérations à travers 70 initiatives qu’il a recensées sur l’Arc jurassien franco-suisse. Ce travail à saute-frontière a permis d’iden- tifier 70 projets entre le Territoire-de- Belfort et le Jura, via le Doubs, portés par des organisations civiles. “Ils sont moins visibles que ceux soutenus dans le cadre du programme Interreg, mais ils sont garants d’une identité trans-

frontalière commune” souligne Alexandre Moine, le nouveau président du Forum. Au total, ce sont des milliers de Francs- Comtois et de Suisses de l’Arc juras- sien qui se rencontrent une ou plusieurs fois par an. Ces actions portées par des personnes des deux pays viennent irri- guer ce territoire. L’enquête a permis d’établir que plus de 70 % d’entre elles étaient à vocation culturelle. Beaucoup d’autres sont liées au tourisme. Ce sont notamment des sentiers balisés qui che- vauchent la frontière, ou des itinéraires comme la route de l’absinthe. “Ce qu’on a relevé, c’est que ces coopérations sont naturelles et spontanées. Les gens impli- quées dans ces actions n’agissent pas ensemble par obligation. C’est toute la différence avec les projets Interreg.” Ce

travail d’étude a permis également au Forum transfrontalier de relever que la notion de frontière ne disparaît pas der- rière ces échanges. Au contraire, cette limite permet à chacun d’affirmer sa dif- férence qui rend plus intéressante enco- re l’initiative collective. Enfin, ces actions transfrontalières, qui naissent dans un cadre associatif le plus souvent “n’ont pas besoin de beau- coup d’argent. Elles s’appuient le plus souvent sur du bénévolat” ajoute Alexandre Moine. Au regard des élé- ments fournis par l’enquête, le Forum transfrontalier estime que la question du financement des “petites” coopéra- tions devrait être reconsidérée par les pouvoirs publics. “Il faudrait qu’il exis- te une sorte de fonds Interreg pour ces

Selon Alexandre Moine, il faudrait que ces “petites” coopérations transfrontalières puissent bénéficier d’un plus grand soutien financier.

initiatives-là. En effet, ce sont des gens qui n’attendent pas de l’argent à tout prix pour agir, mais s’ils bénéficiaient de moyens financiers supplémentaires, ils iraient plus loin dans leur démarche.

Si on parvenait à dégager ne serait-ce que 10 % des fonds Interreg dédiés aux grandes coopérations, pour ces pro- jets-là, ce serait très bien” estime Alexandre Moine. ■

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