La Presse Bisontine 176 - Mai 2016

BESANÇON 16

La Presse Bisontine n° 176 - Mai 2016

URBANISME Naissance de l’écoquartier Le dernier souffle des casernes avant le renouveau Visite de chantier dans l’ancien quartier militaire Vauban appelé à devenir un écoquartier connecté à la Ville d’ici juin 2018. La déconstruction des casernements dévoile des secrets croustillants.

Nicolas Bodin (adjoint à l’urbanisme) visite le chantier de démolition en présence d’Emmanuel Steibel, de la société de déconstruction.

Vue aérienne de la caserne avant la déconstruction.

S i des Bisontins ont fait leurs classes ici, la plupart ne sont jamais entrés au cœur de la caserne militaire Vauban située entre la rueVoirin et le pont de la Gibe- lotte. Vendu par l’établissement public

logements” présente l’adjoint à l’ur- banisme Nicolas Bodin. Les pelleteuses sont entrées en action depuis février. Petit à petit, elles gri- gnotent les murs des casernements bâtis entre 1911 et 1913. C’est la fin d’une histoire militaire. Mais les bâti- ments n’ont pas dit leur dernier mot. 28 seront déconstruits, six seront conser- vés, comme l’infirmerie ou le bâtiment du chef de corps ou du P.C. Histoire de ne pas oublier. Certaines pierres cal- caires seront réutilisées. Avec cette démolition, des secrets se dévoilent. Ainsi, les démolisseurs évo- quent des anecdotes croustillantes. Dans les faux plafonds des caserne- ments réservés aux appelés puis aux militaires, “on a retrouvé de nombreux ouvrages… pornographiques” raconte avec le sourire l’un des ouvriers de l’entreprise de démolition. De quoi les faire rire. Quant aux inscriptions laissées par des appelés sur les briques rouges du château d’eau comme celle de Georges Vernejoux datée du 25 avril 1930 ou celle d’André Villet, de la classe 1921, elles ne disparaîtront pas. “Le château d’eau est conservé. Il est d’ailleurs mis en vente (40 000 euros). Nous avons déjà des personnes qui nous ont pré- senté des projets de réhabilitation” ajou- te le service urbanisme. Des fouilles archéologiques préventives ont débu- té mais n’ont pour le moment rien révé- lé. D’ici la fin de l’été, l’ancien gym- nase des militaires, la guitoune d’entrée ou les geôles seront également détruits. LaVille a vendu ces 7 hectares à l’amé- nageur C.M.-C.I.C. “si bien qu’elle ne débourse rien. C’est l’aménageur qui prend le risque” rappelle la collectivi- té. Elle gardera un bâtiment pour en faire un équipement public. Peut-être une crèche ? “On ne sait pas encore” répond Nicolas Bodin. Une maison du projet sera installée à la fin de la décons- truction pour répondre aux questions des riverains mais surtout commer-

En chiffres

l 60,000 m 2 de surface plancher (équi- valent 750 à 800 logements) dont une part de 20 % minimum de logements sociaux, une part de 15 % en accession à prix abordable pour les ménages pri- mo-accédants. l 10 000 m 2 d’espaces publics l 6 000 m 2 de commerces l La première tranche de travaux livre- ra en juin 2018 entre 300 et 350 loge- ments. La dernière phase se poursuivra jusqu’en 2021.

foncier (E.P.F.) à la Ville de Besançon en 2010, le site deviendra un écoquartier à l’horizon 2018. 60 000 m 2 seront aménagés dont 10 000 m 2 d’espaces verts, 800 logements créés dont 20 % de social et 6 000 m 2 réservés aux commerces. “Tout cela à deux pas du centre-ville et de Battant mais aussi à proximité de la Bouloie. Il sera desservi par la ligne du T.C.S.P. Il y aura une magnifique vue sur la Citadelle pour les

“Un porno dans le faux plafond.”

Les casernements ne résistent pas aux pelleteuses.

les 7 hectares. Selon l’adjoint à l’ur- banisme, il n’y aura pas de surcapa- cité de l’offre immobilière : “Nous nous apercevons que Besançon n’a pas assez construit. Nous présenterons en mai notre politique d’urbanisme pour les 15 ans à venir” ajoute-t-il.Vauban sera, avec celui des Vaîtes, le premier éco- quartier de la ville. n E.Ch. Le château d’eau n’est pas déconstruit. Il est mis en vente. Avis aux amateurs.

cialiser les futurs logements. L’écoquartier sera composé de struc- tures à taille humaine avec une nor- me environnementale poussée, une gestion des eaux pluviales impliquant 0 rejet dans le réseau. Le premier bâti- ment qui sera livré aux futurs habi- tants au second trimestre 2018 se situe- ra du côté du pont de la Gibelotte. Il faudra environ 10 ans pour aménager

De 1911 à nos jours C onstruite entre 1911 et 1913, la caserne a fonctionné en vase clos avec une vocation exclusivement militaire. Entourée d’un mur d’enceinte, elle a vu la ville s’établir autour d’elle, la plaçant progressivement au cœur d’un quartier résidentiel. Casernement du 60ème R.I. jusqu’en 1939, elle servira de camps d’internement pour les res- sortissants anglais entre 1940 et 1941. Après la libération du site par le 19ème Régiment du Génie, dernier à occuper les lieux, la Ville de Besançon qui avait vu l’opportunité de valoriser ce patri- moine militaire situé à deux pas du centre- ville décida d’y développer un écoquar- tier à dominante d’habitat. Dès 2004, elle avait déjà mené des études, conjoin- tement avec la M.R.A.I. (Mission des actifs Immobiliers de l’Armée) en vue de préparer la “libération” du site. n

Des inscriptions témoignent de l’histoire militaire.

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