La Presse Bisontine 174 - Mars 2016

CHEZ NOS VOISINS

37 La Presse Bisontine n° 174 - Mars 2016

Tissot, nouveau chronométreur du Tour de France T issot est le nouveau chronomé- treur officiel du Tour de France et de toutes les courses cyclistes organisées par Amaury Sport Orga- nisation (A.S.O.) pour les cinq pro- chaines années. La marque horlogè- re suisse installée au Locle, filiale du groupe Swatch succède donc à Fes- tina qui a décidé à lʼautomne dernier de tourner la page du cyclisme après avoir été sponsor de ce sport pendant vingt ans. La marque Tissot nʼest pas nouvelle dans le vélo. Cela fait plus de 50 ans quʼelle sʼassocie à des épreuves cyclistes. De 1988 à 1992, elle était déjà chronométreur officiel du Tour de France. Depuis 1995, elle chronomètre entre autres les Cham- pionnats du monde de cyclisme sur route, sur piste, de mountain-bike et de B.M.X. Tissot renforce donc sa pré- sence dans le vélo et dans le sport en général puisquʼelle est également chro- nométreur et partenaire officiel de la N.B.A., des championnats du monde de Superbike ou du tournoi de rugby des Six nations. Fidèle au principe de discrétion qui prévaut dans le monde horloger suisse, Tissot nʼa pas sou- haité communiquer le budget quʼelle accorde chaque année au sponso- ring. On sait en revanche que les marques déboursent plus dʼ1 million dʼeuros pour être partenaires officiels du Tour de France.

LE LOCLE

Un patron bisontin

“Le potentiel de l’horlogerie

suisse est encore colossal”

L a Presse Bisontine : Comment se porte la marque Tissot un an après le dépla- fonnement du franc suisse ? FrançoisThiébaud : Le décrochage de l’euro par rapport au franc suisse nous a pénalisés, c’est clair, mais nous avons réalisé néanmoins une bonne année 2015. À cause de cela, nous sommes en déficit de croissance sur la France, l’Allemagne, l’Italie, mais nous avons rapidement digéré cet événement de janvier. Il y a eu bien d’autres facteurs compliqués en 2015. En Europe, on l’oublie déjà, mais il y a eu la crise de la Grèce qui a paralysé l’Europe pen- dant plusieurs semaines. Nous avons eu aussi le conflit au Moyen Orient. La zone Asie a été également très dif- ficile. Seule l’Amérique s’est bien por- tée. Les attentats du 13 novembre à Paris ont également eu un nouvel effet évident sur le ralentissement. Malgré tous ces facteurs, la marque Tissot continue à bien se porter. Nous restons au-dessus des 4 millions d’unités pro- Dans un contexte compliqué, la marque d’horlogerie Tissot a terminé l’année 2015 sur un résultat encore positif. Comme l’est toujours l’état d’esprit de son patron, le Bisontin François Thiébaud qui annon- ce encore de beaux jours pour l’horlogerie suisse. Interview.

duites, un seuil que nous avions fran- chi l’année précédente. L.P.B. : Ce relatif ralentissement n’a pas eu d’effets négatifs sur l’emploi ? F.T. : Nous avions bloqué les salaires et n’avons procédé ainsi à aucun licen- ciement. À ce jour, nous ne prévoyons aucun licenciement, nous maintenons l’ensemble de nos salariés. Nous comp- tons 3 000 collaborateurs sur la Suis- se, dont 345 sur notre site du Locle (49 frontaliers). Les difficultés dans l’horlogerie concernent plus les petits sous-traitants. En temps de crise, les gens qui achètent une montre se réfu-

Le Bisontin François Thiébaud dirige la marque Tissot depuis 20 ans. Il faut également partie de la direction générale du Swatch Group.

gient sur les marques incontournables qui sont plus sécurisantes pour eux que des nouvelles marques par exemple. L.P.B. : Rien à avoir donc avec la crise de 2008-2009 ? F.T. : En 2009, l’horlogerie suisse avait baissé de 23,8 % par rapport à 2008. Dans ce contexte, le Swat- ch Group avait limité la casse à - 5 %. Et à cette époque, seules deux marques, Longines et Tis- sot, n’avaient pas baissé. En 2015, on n’a pas eu de récession comparable à cel-

“Ça ne va pas si mal que cela.”

le de 2008-2009. L’horlogerie devrait être en recul de 3,4 %. 2015 est donc largement inférieure à 2014 mais il faut relativiser les choses : sur les cinq dernières années, les exportations de montres suisses avaient augmenté de 70 %. L.P.B. : Vous restez optimiste ? F.T. : Ça ne va pas si mal que cela. S’il n’y avait pas eu ces attentats de novembre, les gens se seraient plus lâchés en fin d’année. Ceci dit, si la récession des exportations horlogères

se limite à 3 % après une croissance de 70 % ces cinq dernières années, on peut dire que ça va plutôt bien. Et le potentiel de gain de parts de marchés de l’horlogerie suisse est encore colos- sal. L’horlogerie suisse ne représente en volume que 2 % de la production mondiale. J’estime qu’elle peut mon- ter jusqu’à 10 % dans les années et décennies à venir car le pouvoir d’achat global dans le monde va continuer à augmenter. Et la montre restera tou- jours un élément distinctif. Propos recueillis par J.-F.H.

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