La Presse Bisontine 174 - Mars 2016

BESANÇON 18

La Presse Bisontine n° 174 - Mars 2016

HISTOIRE Les marques Schneider, Ravel Au temps où on fabriquait des voitures à Besançon Besançon a abrité plusieurs fabriques de

véhicules au début du XX ème siècle, dont Ravel et Th. Schneider. Il en reste quelques dizaines de modèles dans le monde. Le Bisontin Patrick Frachebois en a fait sa passion.

L’ année prochaine, Patrick Frachebois prévoit de partir à l’autre bout de la pla- nète, en Australie, pour dégoter - peut-être - un nouveau modèle de voiture Th. Schneider. Lui qui en possède déjà une bonne dizaine sur la soixantaine estimée existant encore dans le monde, est donc prêt à parcourir des milliers de kilomètres, et aussi de se déles- ter de quelques milliers d’euros au passage, pour assouvir sa passion pour cette marque pour- tant tombée dans l’oubli. Même la mémoire des Bison- tins fait défaut car qui se sou- vient que l’usine Schneider a employé jusqu’à un millier d’ouvriers rue Fontaine-Argent à Besançon ? Pas grand-mon- de. Pourtant, il reste quelques traces de cette saga. Une par- tie de l’ancienne usine Schnei- der, avec son toit caractéristique en dents de scie, abrite aujour- d’hui encore l’atelier de menui- serie du lycée professionnel Saint-Joseph. “À Pontarlier, tout le monde se souvient de la marque Zedel, à Besançon, bizar- rement, tout le monde a oublié Schneider. Je me suis intéressé à cette histoire et c’est rapide- ment devenu une passion” note Patrick Frachebois. Sur la table de sa salle à man- ger s’accumule un tas d’archives liées à sa marque fétiche : des plans de carrosserie, des cata- logues originaux de la marque, des photos, des cartes postales,

des catalogues d’actions (qui n’ont plus de valeur sinon sen- timentale) et même quelques pièces d’origine comme des pen- dules de tableau de bord ou une lampe, tous en état de marche ! Ce qu’il ne peut pas entreposer chez lui au centre-ville, c’est son trésor : une dizaine de voitures Th. Schneider, la plupart reta- pées, qu’il garde précieusement dans un garage duGrand Besan- çon. Sa dernière folie : une Th. Schneider de 1929, une des der- nières produites, qu’il a trouvée au Canada où elle est en cours de restauration. Cette voiture fera bientôt le voyage en bateau pour la France, destination fina- le Besançon. La marque Schneider a été fon- dée en 1910 par Théodore Schneider qui s’était au départ associé à un autre fabricant, Louis Ravel. Ces deux marques ont connu un destin parallèle.

Patrick Frachebois, collectionneur, possède des centaines d’articles liés à la marque Schneider et… une dizaine de voitures.

Schneider s’est notamment fait connaître en parti- cipant à de nom- breuses courses auto- mobiles, notamment aux 24 Heures du Mans dans les années vingt. L’association de Schneider avec un concessionnaire bri- tannique a donné à la marque bisontine une réputation inter- nationale, les voi- tures Th. Schneider ayant été distribuées

La parti- cipation aux 24 Heures du Mans.

L’arrivée des ouvriers à l’usine, qui était située au 28, rue Fontaine-Argent (collection P. Frachebois).

L’intérieur de l’usine. Un autre temps.

dans tout le Commonwealth. Quelques années après le début de leur collaboration, les deux associés se sont séparés, Ravel a installé son atelier rue de l’Église, toujours dans le quar- tier des Chaprais, tandis que l’usine Schneider prenait de l’ampleur. D’ailleurs, l’association Vivre aux Chaprais, par la voix de son historien Jean-Claude Goudot, avait consacré un article

Un modèle Th. Schneider de 1911.

Deux véhicules Th. Schneider

restaurés : à gauche, la Torpédo a

tourné dans le film “La bande à Bonnot”, à droite

à cette saga automobile sur son blog il y a quelques années. “En 1914, pas moins de 250 véhi- cules sont sortis des ateliers Schneider” note M. Goudot. La guerre de 14-18 a mis un pre- mier frein à l’expansion de ces

deux marques bisontines, fau- te de main-d’œuvre et de matières premières. Et c’est la crise de 1929 qui portera un coup fatal aux usines bisontines. Toutes deux seront liquidées cette année-là. La fin d’une his-

toire industrielle qui aura duré une petite vingtaine d’années et marqué, avec ses spécificités, l’histoire industrielle bisontine qui n’est pas marquée que par l’horlogerie. J.-F.H.

un coupé- chauffeur.

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