La Presse Bisontine 172 - Janvier 2016

La Presse Bisontine n° 172 - Janvier 2016

7 À L’OFFENSIVE “Mon obsession de chaque matin, c’est la création d’emplois” Interview Jean-Louis Fousseret

encore d’inaugurer un centre de formation des professionnels de santé qui accueillera 800 per- sonnes, on aura dans quelque temps un pôleViotte dans lequel travailleront des centaines de fonctionnaires de l’État. On a encore plein de projet pour cet- te ville. Peut-on sincèrement affirmer que cette ville décline depuis quelques années ?! Sur le plan du développement éco- nomique, j’ai encore reçu récem- ment trois nouvelles entreprises suisses dans le domaine du luxe qui souhaitent s’implanter sur Témis.Mon obsession de chaque matin, c’est la création d’em- plois. L.P.B. : Finie la guéguerre Besançon- Dijon ? J.-L.F. : Il faut aussi arrêter avec cette idée de guerre permanen- te. Dijon a ses atouts,indéniables, mais elle n’aura jamais 240 km de frontière avec la Suisse. Cet atout-là, c’est la Franche-Com- té qui l’apporte et Besançon est la tête de pont de ces relations transfrontalières. La création prochaine du Pôle métropolitain Besançon-Dijon est encore un exemple de ce que l’on veut pour nos deux villes (voir l’article en page suivante). Besançon conti- nuera à se développer mais il ne pourra pas le faire seul dans le cadre des grandes régions. Il le fera en lien avec Dijon,mais aus- si Montbéliard et Belfort. L.P.B. : Besançon soutient d’ailleurs l’installation du pavillon français de l’expo universelle de Milan à Dijon sur le site de la future cité de la gastro- nomie ? J.-L.F. : Ce pavillon représente la haute technicité des Francs- Comtois et la Franche-Comté dans ce qu’elle a de plus inno- vant. Voir cette Franche-Com- té innovante abriter la gastro- nomie dijonnaise est une belle image. Je préfère que ce pavillon aille à Dijon plutôt qu’à l’autre bout de la France ou de l’Euro- pe. L.P.B. : Vous voulez laisser les clés de la ville à votre successeur en 2020 avec quel bilan ? J.-L.F. : Je serai opérationnel jus- qu’en mars 2020, jusqu’au bout et je n’ai surtout pas l’intention de lever le pied. Au contraire, j’ai plutôt tendance à accélérer tous azimuts et à appuyer enco- re plus sur le champignon d’ici 2020. L.P.B. : Qui voyez-vous pour vous suc- céder ? J.-L.F. : Je soutiendrai celui ou celle qui d’ici là aura démontré qu’il est le meilleur pour cette ville. Il y a actuellement je pen- se trois ou quatre personnes qui sont en capacité. L.P.B. : Parmi elles, Éric Alauzet, Bar- bara Romagnan… ? J.-L.F. : Le premier en parle beau- coup…Une chose est sûre, c’est que la seconde n’aura pas mon soutien. Propos recueillis par J.-F.H.

re se doit d’être présent dans sa ville mais il doit être aussi dans les réseaux nationaux.Carmême si la France est décentralisée, beaucoup de choses se passent encore à Paris, c’est ainsi. Le rôle de cette association dont je suis vice-président est claire- ment de faire du lobbying auprès des pouvoirs publics. n matière de développement économique, tout part des villes. C’est là qu’il y a les universités,les chercheurs, les hôpitaux, etc. Ensuite, ce développement rayonne dans tout le territoire. Je suis claire- ment là à travers cette associa- tion pour créer de la valeur ajou- tée pour ensuite développer l’emploi à Besançon et autour. C’est comme cela qu’ici, on a su recréer après la crise de l’hor- logerie et à partir de nos labo- ratoires, de nos écoles d’ingé- nieurs, du site Lip, une nouvelle industrie dans les microtech- niques, puis dans le luxe, puis dans les nanotechnologies. On a recréé ainsi tout un écosystè- me. Au sein de l’association des grandes villes, j’avais déjà fait en sorte de convaincre mes col- lègues élus que les villes qui comme Besançon perdraient leur statut de capitale régionale puis- sent devenir des communautés urbaines, dotées de plus de moyens financiers par l’État. t je compte bien faire avancer cet- te idée pour l’agglomération bisontine. Nous allons travailler sur ce sujet. L.P.B. : Vous endossez le rôle de V.R.P. pour Besançon en fait ? J.-L.F. : Oui, j’assume complète- ment cette fonction. travers l’as- sociation FranceUrbaine, je veux être dans le débat, peser auprès des ministres sur les prises de décision,échanger les expériences avec les maires des autres grandes métropoles. L.P.B. : C’est ce que vous avez fait mi- novembre quand vous êtes allés en Chine avec une délégation de France Urbaine ? J.-L.F. : Je suis allé échanger avec les grands groupes français pré- sents là-bas, parler notamment du numérique. J’ai parlé au patron de Schneider Electric, à celui d’Alstom. C’est là aussi que j’ai discuté avec un de ces grands patrons de l’éventuelle instal- lation prochaine à Besançon d’une grande surface spéciali- sée qui manque à notre ville. Je ne peux pas en dire plus pour l’instant… C’est l’addition de toutes ces rencontres qui per- met d’avoir un réseau national de chefs d’entreprises dont j’ai aujourd’hui le “06” comme on dit. e développement économique reste ma passion et l’objectif essentiel de tous mes combats. Je veux que Besançon garde son statut. L.P.B. : Besançon ne deviendra donc pas la sous-préfecture de Dijon ? J.-L.F. : Il faut que l’opposition arrête d’employer ce genre d’ex- pression qui n’a aucun sens. Je le répète : l’objectif essentiel de tousmes combats est que Besan- çon garde son statut. On vient

La Presse Bisontine a rencontré un maire de Besançon particulièrement pugnace en cette fin d’année. Pas prêt à lâcher un pouce de terrain sur le domaine qu’il affectionne le plus, le développement économique. J.-L.F. sort les griffes.

L a Presse Bisontine :Avant de parler de vos ambitions et de vos nouvelles fonctions natio- nales au sein de l’associa- tion France Urbaine, impossible de ne pas évoquer l’actualité dramatique récente. Comment jugez-vous la posi- tion de la députée Barbara Romagnan qui a voté contre la prolongation de l’état d’urgence en France ? Jean-Louis Fousseret : Elle a eu une attitude inacceptable. À un moment où l’unité nationale est plus que nécessaire, on se doit de donner à la police et à la jus- tice de notre pays les moyens de faire leur travail. Le fait de vou- loir arrêter des terroristes, ce n’est pas remettre en cause les libertés dans ce pays. Justement, l’état d’urgence est là pour arrê- ter des criminels qui entendent restreindre nos libertés. Je ne comprends pas l’attitude de Bar- bara Romagnan que je juge irres- ponsable. L.P.B. : Vous pensez qu’elle devrait démissionner ? J.-L.F. : C’est à elle de décider, je n’ai aucun conseil à lui donner. Elle a été élue sur des valeurs et un programme du président de la République et depuis, elle ne fait que de l’opposition qua- si-systématique. Ce n’est pas une bonne chose. L’ensemble de l’Assemblée Nationale, droite et gauche confondues, avait voté cet état d’urgence pour juste- ment préserver nos libertés, on ne peut pas s’opposer à cela.C’est incompréhensible. L.P.B. :Autre sujet chaud : l’armement des polices municipales. Vous restez fermement opposé à cette mesure que réclame pourtant à cor et à cri votre propre police municipale. Pourquoi camper sur cette position ? J.-L.F. : Lamise à disposition pos- sible d’armes puisées dans le stock de la Police nationale n’est pas nouveau, ça date du début de l’année. Le problème n’est pas là. J’invite d’ailleurs ceux qui s’étonnent de ma position à écouter ce que dit le député de droite DamienMeslot à ce sujet, il n’y est pas non plus favorable. Imaginons qu’il y ait eu un poli- cier municipal armé devant le Bataclan le 13 novembre der- nier, qu’aurait-il pu faire de plus face à des terroristes armés de kalachnikov ? Sur cette ques- tion, il faut vraiment garder son sang-froid, ne pas réagir sur des pulsions. Il faut simplement don- ner à la Police nationale les moyens de faire son travail, en renforçant ses effectifs et son armement. La Police nationale est entraînée et formée pour cela. Qu’est-ce qu’un policier muni-

cipal pourrait faire avec une arme avec laquelle il s’entraî- nerait deux fois dans l’année face à des hommes lourdement armés ? Je n’ai pas à faire payer au contribuable bisontin les carences du précédent gouver- nement qui avait supprimé 15 000 postes. François Hollan- de a dit qu’il allait recréer 10 000 postes, ce qui permettra quasi- ment de revenir à la situation précédente. L.P.B. : Alors pourquoi les policiers municipaux insistent-ils tant sur ce point et pourquoi ont-ils voté une grè- ve reconductible durant tout le mois de décembre ? J.-L.F. : C’est un seul syndicat qui a appelé à cette grève. Les poli- ciers municipaux seront équi- pés d’un taser, une arme de dis- suasion qui permet de neutraliser sans tuer. C’est la réponse adap- tée. Je veux que ma police muni- cipale protège la population dans le cadre de ses missions de poli- ce municipale. On constate aus- si qu’avec les attentats, comme celui de Charlie Hebdo en jan- vier, être en uniforme et armé peut hélas contribuer aussi à désigner le policier comme une victime. La réponse à Besançon, c’est le recrutement de 26 agents, le renforcement de la vidéo-pro- tection et le renforcement des moyens matériels. L.P.B. : Insuffisant selon votre opposi- tion ! J.-L.F. : L’opposition municipale est en train de surfer sur la peur des citoyens, ce n’est pas correct non plus. Sur la question de la sécurité, on ne peut en aucun cas dire qu’on est laxiste et qu’on ne fait rien. Je crois que les gens en ont plus qu’assez de ces débats stériles gauche-droite. De mon côté, je suis calme, serein, j’ai ma ligne et je la tiendrai jus- qu’enmars 2020. t quand on fera

le bilan de ce qui a été fait, là on pourra juger. Calme, serein… et tou- jours ambitieux pour Besançon ? Est-ce la raison pour laquelle vous avez souhaité et obtenu le poste de vice-président de France Urbaine, l’association qui regroupe les élus des grandes villes et des communau- tés urbaines fran- çaises ? J.-L.F. : Un mai- L.P.B. :

“Je n’ai surtout pas l’intention

de lever le pied.”

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