La Presse Bisontine 172 - Janvier 2016

LE PORTRAIT

39 La Presse Bisontine n° 172 - Janvier 2016

BESANÇON De l’Église à l’entreprise Le père devenu frère Le Bisontin Gilles Brocard a quitté ses habits de prêtre pour revêtir ceux d’accompagnant spirituel, une activité pour laquelle il a créé sa petite entreprise.

P endant 22 ans, il a endossé avec conviction le costume et les attri- buts de prêtre, essentiellement tour- né auprès des jeunes et vers la for- mation des chrétiens. Dans cette vie-là, Gilles Brocard s’est investi jusqu’à l’automne 2014. Après “plusieurs années de réflexion” dit-il, le père Brocard a fina- lement choisi de quitter cette Église qu’il a servie pendant 22 ans, mais dans laquel- le il ne se retrouvait plus. “Il y avait long- temps que je sentais enmoi le goût et l’envie de faire de l’accompagnement spirituel. En tant que prêtre, on en fait,mais j’estimais avoir trop peu de temps à consacrer à cet- te fonction. Je voulais y consacrer tout mon temps.” Sa rencontre avec Lytta Basset, une philosophe et théologienne suisse pro- testante, a été déterminante. Auprès d’elle, Gilles Brocard a suivi une formation qui mène au métier d’accompagnant spirituel, dont le statut est reconnu en Suisse mais pas encore officiellement en France. Son choix, for- cément déchirant, est désormais fait : il décidera de quitter l’Église. L’accueil peu enthousiaste de sa hiérarchie catholique locale, le silence pesant de certains de ses collègues prêtres, ont fini de le convaincre qu’il aurait encore plus à apporter aux

Bio express 1965 : naissance à Besançon et enfance à Mazerolles-le-Salin 1985 : obtient un B.T.S. en gestion agricole 1988 :études au séminaire de l’institut catholique de Paris 1992 : ordination presbytérale à Besançon 1996 : aumônier des étudiants de Besançon 2005 : responsable de la formation des laïcs en mission dans l’Église 2013 : formation à l’accompagnement spirituel à Neuchâtel auprès de Lytta Basset Juin 2014 : obtient le diplôme d’accompagnant spirituel Automne 2014 : ouverture du cabinet

Gilles Brocard s’est installé dans le quartier Saint-Ferjeux en tant qu’accompagnant spirituel (Renseignements au 06 08 71 44 49).

à Saint-Ferjeux, c’est là que j’ai établi mon bureau où je reçois désormais mes clients, toutes les personnes, croyantes ou non, dési- reuses de donner du sens à leur vie, de s’ouvrir à une transcendance ou de prendre du recul par rapport à un événement” résu- me l’ancien prêtre pour décrire sa nouvelle fonction. Le psychosociologue français Jacques Salomé l’a dit autrement : “Écou- ter quelqu’un, c’est lui permettre d’entendre ce qu’il dit.” En changeant de costume, Gilles Brocard n’a pas pour autant laissé sa foi aux ves- tiaires. “Je ne suis pas devenu un incroyant ou un athée en quittant l’Église. Je conti- nue à aller régulièrement à la messe, je prie, je médite. La forme a changé, mais le bonhomme est le même” assure l’accompagnant spirituel. Aucune crise de foi, donc. “Au contraire, je peux désormais vivre ma foi plus largement que dans le milieu ecclésial” dit-il. Sur son bureau est d’ailleurs posée la Bible, “un outil pour mon métier.” Déjà connu pour ses activités d’accompagnant, et grâce au bouche à oreille, Gilles n’a pas démarré de zéro. Il s’est constitué une clientèle dont la base, fidèle, grossit régulièrement. Son public est très diversifié. “Il y a des personnes à

l’intérieur de l’Église qui ont besoin d’être aidées dans leur mission, ou des gens qui vivent des coups durs : deuil, échec profes- sionnel ou affectif, entrée en retraite, pro- blèmes relationnels. Des gens qui viennent aussi avec des questions sur le sens de la vie, sur leur place dans la société” décrit l’accompagnant. Gilles Brocard ne se prend pas pour autant pour un psy car “je n’ai pas de conseil à donner aux gens qui me sollicitent. Je les écoute, et mon idée, c’est qu’ils ont tous en eux la réponse à leurs questions.” Le chré- tien qu’il est n’hésite pas non plus à faire appel aux autres traditions religieuses pour donner quelques clés de compréhen- sion à ses clients. La différence avec son métier d’avant réside aussi dans le fait que “quand j’étais prêtre, j’apportais un contenu, un savoir aux gens. Là, je propo- se que chacun puisse apprendre de chacun, c’est plus symétrique comme position” dit- il. Du statut de père, il est en quelque sor- te passé à celui de frère. “Je crois en l’interactivité de l’écoute attentive et de la bienveillance. Écouter l’autre, c’est déjà lui permettre d’exister” ajoute le profession- nel. Accompagner les gens pour Gilles, ce n’est pas les guider, encore moins être leur “directeur de conscience”. “Je suis un com-

pagnon de route, un frère qui marche avec eux au même pas.” Plus “spi” que “psy”, Gilles Brocard fait partie de l’association pour l’accompagnement spirituel (A.A.S.P.I.R.), fondée notamment par Lytta Basset et pour laquelle il dispense désormais des formations (www.aaspir.ch). En tant qu’accompagnant, ses outils sont la priè- re, le partage autour d’un texte biblique ou encore la méditation, l’idée étant pour lui de “réveiller le souffle intérieur qui exis- te en chacun de nous” , ce que lui aime aus- si nommer le “Tout-Autre.” Gilles Brocard a trouvé dans la spiritua- lité un champ beaucoup plus vaste que le seul terrain religieux. Il a fait aussi de ce proverbe un de ses repères : “Celui qui vit sans folie n’est pas si sage qu’il le croit.” Son ouverture bouscule joyeusement les idées reçues. À propos, le hasard a voulu que son cabi- net soit installé rue de l’Abbé-Meslier à Besançon.Un homme d’Église que l’Histoire a retenu comme “curé révolutionnaire”. Dans son petit bureau rue de l’Abbé-Mes- lier, aujourd’hui, c’est Gilles Brocard qui met en pratique sa petite révolution spi- rituelle au service des autres. J.-F.H.

autres en dehors de l’Église qu’au sein de l’institution. C’est donc à l’automne 2014 que Gilles Brocard fait le grand saut. Malgré la réti- cence de ses pairs, la tran- sition s’est tout de même faite en douceur, avec le soutien matériel de son ancienne “maison”. Gilles Brocard a donc quit- té le vêtement liturgique pour une tenue inédite pour lui : le costume d’entrepreneur.Après avoir validé ses formations en Suisse, il lui a fallu démar- rer sa nouvelle activité et gagner sa vie. “J’ai créé ma structure sous le statut d’auto-entrepreneur. Une amie m’a proposé un local

“Je peux désormais vivre ma foi plus largement.”

d’accompagnant spirituel à Saint- Ferjeux.

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