La Presse Bisontine 172 - Janvier 2016

LE DOSSIER

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La Presse Bisontine n° 172 - Janvier 2016

CLIMAT : BESANÇON ET LA FRANCHE-COMTÉ FACE AU DÉRÉGLEMENT

La COP21 qui se termine à Paris a permis de mettre un coup de projecteur inédit sur les questions de dérèglement climatique. Besançon et la Franche-Comté n’échappent pas à l’analyse et à ces questions. Les effets du dérèglement font ici aussi, partie de l’actualité. Un dossier “de saison”.

Températures : chaud devant ! Statistiques Le climat d’Athènes ? Au cours du XX ème siècle, la température moyenne a augmenté d’environ 0,7 °C en Franche-Comté, avec une nette accélération depuis la fin des années 1970. Ce constat énoncé par le directeur régional de Météo France Bruno Vermot-Desroches mérite d’être détaillé pour en comprendre l’évolution comme les conséquences.

La région souffle le chaud… Avec plusieurs canicules déjà avant cette année 2015 où il fait très chaud dans la journée, au moins 30°, mais que surtout les températures la nuit ne descendent pas en dessous de 20°. En 1911 : 26 jours (max 36,8 °C) En 1947 : 13 jours (max 36,2 °C) En 1976 : 15 jours (max 33,8 °C) En 2003 : 13 jours (max 38,3 °C) En 2006 : 17 jours (max 35,5 °C) Le record à Besançon est de 40,3° a pourtant été enregistré en dehors dʼun épisode caniculaire en juillet 1921. …et le froid ! Mouthe est considéré comme le village le plus froid de Fran- ce. On y a en effet relevé la température minimale record, mais non officialisée par Météo-France, pour la France métropolitai- ne de - 41 °C. En 1985. Le plus bas est officiellement - 36,7 °C le 13 janvier 1968. Une année sur deux, le thermomètre descend en dessous de - 25 °C, alors que le seuil de -30 °C est franchi en moyenne 1 année sur 8. Dʼautres zones présentant les mêmes particulari- tés géographiques connaissent également des températures très basses notamment sur les plateaux du Russey et de Maîche…

“P our simplifier, on assiste à des hivers plus doux et des étés plus chauds” résume le scientifique qui évoque, de l’agriculture au tourisme en

passant par la biodiversité, de multiples secteurs qui ont pu constater depuis 30 ans, les effets de l’évolution climatique au niveau régional. Évaluer l’ampleur du changement cli-

matique dans les prochaines décennies est pourtant un exer- cice difficile auquel s’est prêté Météo-France qui a affiné son approche régionale classique à partir des modèles de simula- tion nationaux comme la tem- pérature, la pluviométrie, les jours de gel, les jours de cani- cule…Résultat, une simulation à l’échelle régionale montre que la Franche-Comté met le cap au Sud ! Des simulations de tempéra- tures et de précipitations ont été réalisées à trois horizons, 2030, 2050, 2080. “Il s’agit de rechercher quelle ville européenne a actuellement le climat de Besan- çon à un horizon futur. Les villes correspondantes sont dénom- mées analogues.” L’étude de Météo-France met en avant une continuité dans le réchauffement constaté depuis 30 ans. La température moyen-

ne pour la période 1971-2000 était de 10,5 °C alors qu’elle s’élève de 1990 à 2009 à 11,2 °C. “Les simulations montre à l’horizon 2030 un réchauffement de 1 à 1,5 °C puis de 2 à 2,5 °C d’ici 2050 et enfin une évolution de la température moyenne en 2080 de 3,5° à 4 °C !” Voilà pour les chiffres. Concrètement, c’est

Des années et des faits 1956 fut lʼannée la plus froide avec un hiver où les tempéra- tures furent basses et un été marqué par la fraîcheur. 2014 a été lʼannée la plus chaude malgré un été maussade et pluvieux. Mais les trois autres saisons ont été particulièrement douces. 1921 fut lʼannée la plus sèche avec à peine la moitié de la plu- viométrie habituelle. 1893 a été marquée par une sécheresse qui sʼest étalée du printemps à lʼautomne, la pire jamais constatée depuis le début des relevés. 1898 et tout juste un siècle plus tard avec 1998 ont connu un mois de janvier sans le moindre flocon de neige. 1893, en avril à Besançon, ce fut lʼunique mois dans lʼhistoire sans la moindre goutte de pluie.

un peu comme si la région se dépla- çait vers le sud de la France, puis de l’Europe… “Selon ces projections, le climat bisontin à l’horizon 2050 serait semblable à celui que connaît Arezzo en Toscane” explique Bruno Vermot- Desroches. À l’horizon 2080, le climat actuel de

Un inexorable glissement vers le Sud.

Ioannina en Grèce est donné par Météo-France comme le plus probable. Le modèle climatique aura donc subi une double évolution avec d’une part une augmentation

de la température annuelle moyenne et d’autre part une modification du régime annuel de pluviométrie, celle-ci étant notamment en forte diminution en été.

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