La Presse Bisontine 172 - Janvier 2016

BESANÇON 16

La Presse Bisontine n° 172 - Janvier 2016

L e courrier a fait l’effet d’une porte claquée au nez pour les 32 locataires du 12, 14 et 16 rue de Chaillot à Besançon. Rachida habite depuis 23 ans dans un appartement T6 avec ses 6 enfants. Elle ne s’imagine pas quitter Ils refusent la démolition de “leur” immeuble LOGEMENT Polémique En colère les 32 locataires du 12, 14 et 16 rue de Chaillot à Besançon. Une lettre envoyée par le bailleur social G.B.H. leur notifie que l’immeuble sera démoli alors qu’il devait être réhabilité.

ce quartier où comme la plupart de ses voisins, elle s’y sent bien : “Nous avons été informés par une lettre (reçue le 28 octobre) de G.B.H. que notre immeuble n’allait pas être réhabilité mais qu’il serait démoli. On est au pied dumur !” Aidés par l’association C.N.L. qui défend les locataires, ces derniers ont adressé une pétition au maire de Besançon, aux députés Éric Alauzet et Barbara Romagnan. Cette derniè- re devait les recevoir mi-décembre. La décision, si rapide, est mal perçue. Pour eux, il faudra tout quitter. “Ima- ginez qu’un propriétaire fasse de même. Qu’il dise à ses locataires : vous n’avez pas accepté la réhabilitation, donc je démolis, donc vous partez ! On dirait que c’est un marchand de sommeil” commente Alain Genot (C.N.L.). Sur le parvis de l’immeuble, les inquié- tudes sont palpables : “Ils nous ont fait quitter Fontaine-Écu pour nous mettre ici. Et maintenant, ils veulent nous fai- re encore partir alors que cela fait près de 30 ans que nous sommes là” dit Monique Badet accompagnée de son mari Michel. Le couple, comme de nom- breux résidents, se plaît ici même si le bâtiment a besoin d’un sacré coup de peinture. Pour le reste, il serait fonc- tionnel mis à part les ascenseurs qui tombent parfois en panne. Président de G.B.H., Pascal Curie a rencontré vendredi 4 décembre les loca- taires. Si le bailleur social a décidé de démolir, “c’est parce que les locataires ont refusé la réhabilitation pour envi- ron 2,7 millions d’euros. Les charges auraient trop augmenté sans réhabi- litation. Nous devons travailler sur le long terme” explique ce dernier. “Ce n’est pas un argument sérieux, répond la C.N.L. Qu’il nous dise que l’immeuble n’est plus rentable. Beaucoup de loca- taires ont craint une augmentation sévère des loyers après réhabilitation. Peut-être n’ont-ils pas eu confiance en G.B.H. Cela explique - sans doute - leur

décision” envisage la C.N.L. Fenêtres, isolation, étanchéités…, tout devait être refait. Une augmentation de 13 % des loyers (mais une baisse des charges) aurait alors été prononcée, soit entre 15 et 70 euros par mois selon les cas. Avec la déconstruction actée par le Conseil d’administration de G.B.H., cette question ne se pose plus. Mais certains s’interrogent : “Notre immeuble fait-il tache dans le quartier (en recon- version avec de nouveaux bâtiments de promoteurs privés) ?” dit un habitant. Deux programmes de promoteurs pri- vés sortent de terre. “Nous savons aus- si que les réhabilitations se déroulent mal à G.B.H. car les subventions des pouvoirs publics (budget de l’État pour le logement, budget plombé par les “cadeaux fiscaux” aux investisseurs) sont réduites d’année en année. On constate un désengagement de l’État qui met en difficulté le logement social, les bailleurs et les locataires” dit l’association de locataires qui s’inquiète

de la disparition du stock de logements à bas loyer. Les locataires victimes de démolition doivent, selon la loi et la charte du relo- gement adopté par les offices de Besançon, être relogés dans des condi- tions équivalentes de loyer et de surface. Est-ce bien appliqué en réalité ? “Oui, répond Pascal Curie. Nous allons dans les jours à venir accompagner indi- viduellement les habitants de Chaillot. Leur démé- nagement, frais de clôtu- re d’électricité, téléphone seront pris en charge.” Cela n’a rien d’un réconfort pour les locataires inquiets d’être si facilement déra- cinés. E.Ch.

Le déména- gement à la charge de G.B.H.

Les habitants de l’immeuble rue de Chaillot à Besançon, quartier Fontaine-Écu, refusent la démolition.

EN BREF

LOGEMENT

Social Du pavillon social à l’Orée du bois À l’entrée de la forêt Chailluz à Besançon, le

Laser L’unité d’ophtalmologie de la Polyclinique de Franche-Comté va avoir à disposition un laser femtoseconde dans les prochaines semaines. Celui-ci va permettre au patient de bénéficier d’une plus grande précision du geste chirurgical pour l’opération de la cataracte. Un geste technique plus précis, plus sûr, une intervention chirurgicale en ambulatoire, une récupération visuelle plus rapide sont autant d’atouts qui plaident pour ce nouvel outil technologique qui est un premier pas vers la robotisation de cette chirurgie. L’arrivée de ce laser femtoseconde s’inscrit dans ce schéma et confirme que la Polyclinique de Franche Comté demeure une référence dans la discipline ophtalmologique puisque seule la PFC sera dotée de cet outil.

bailleur social Grand Besançon Habitat livre deux pavillons. Ils sont déjà loués. Tour du propriétaire.

L a forêt est à cinquante mètres, le coteau parfaite- ment ensoleillé, une ferme équestre est située à quelques centaines de mètres de là ainsi qu’une scierie en contrebas… Voilà pour le décor.Oui, vous êtes bien à Besançon et non à la cam- pagne. C’est au 4 et 6, rue de la Lavogne, non loin du chemin des Montarmots,que le bailleur social Grand Besançon Habitat a construit deux maisons mitoyennes neuves, soit quatre logements de type T4 et T5. Au milieu de maisons cossues qui s’achèvent, des locataires à plus bas revenus s’installent. “Effec- tivement, ce quartier tranche avec les appartements que nous louons dans des barres d’immeuble com- me à Planoise” convient Pascal Curie, président de G.B.H. Les premiers locataires viennent de déménager.Les suivants le feront dans les semaines à venir. Has- sen Fellaou fait partie des heu- reux propriétaires. En janvier, il

déménagera avec ses deux enfants et sa compagne. “On sera bien, dit-il. Dommage de ne pas avoir pensé aux toilettes à l’étage” regrette le futur locataire.“Nous n’avons pu l’installer faute de place (et sans doute de coût)” explique l’architecteThierry Fer- rand. Pour se consoler, le locataire fera une économie sur le chauffage : “Ces logements seront perfor- mants sur le plan énergétique. Ils ont très rapidement trouvé preneur. Il y avait une longue liste d’attente”

témoigne le directeur de G.B.H. Yves Daou- ze. En moyenne, le bailleur social construit 60 logements par an. L’opération a ici coûté 732 746 euros (soit environ 2 200 euros du m 2 ). Le promoteur a vendu le terrain à un prix plus faible que

“430 euros pour un T4.”

Remise des clés à Hassen Fellaou, locataire des nouvelles maisons G.B.H. à Besançon, par Pascal Curie (à gauche), président de l’Office.

Ce qu’ils ne savent pas : ils devront se lever tôt pour dénei- ger les 100 mètres de route en pente pour accéder à la route. Car laVille de Besançon ne vien- dra pas déneiger ici, c’est un lotissement privé. Et pour ceux

qui n’ont pas de voiture, il fau- dra prévoir son coup pour prendre le bus à l’arrêt “Forêt de Chailluz” car les fréquences sont ici faibles. La verdure, la tranquillité et la beauté… ont un prix.

celui dumarché àG.B.H. Lamaî- trise d’œuvre a été assurée par l’entreprise De Giorgi. “Les loca- taires paieront 430 euros par mois (hors charges) pour un loge- ment de 79 m 2 et 524 euros pour 102 m 2 ” annonce G.B.H.

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