La Presse Bisontine 171 - Décembre 2015

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 171 - Décembre 2015

LE GOUFFRE DU LOGEMENT SOCIAL

Présentés lors du dernier conseil municipal, les comptes de la S.A.I.E.M.B.-Logement, un des bailleurs sociaux de Besançon, ont suscité le débat. Un audit interne est engagé. Il préconisera les mesures à prendre pour sauver l’organisme. Cet exemple illustre toutes les difficultés du logement social en France.

Logement

Crise Les comptes plombés de la S.A.I.E.M.B.-Logement

858 000 euros d’impayés l’an dernier, une vacance des logements importante (14 %) et des investissements urgents à réaliser : l’avenir n’est pas rose pour le bailleur social bisontin dont la capacité d’autofinancement est faible.

M anque d’anticipation ? Défaut de gestion ? Consé- quence de la crise immo- bilière ? Des baisses de subventions ? Les questions fusent autour de la S.A.I.E.M.B.-Logement, bailleur social installé dans le quartier Planoise à Besançon. Les réponses, elles, sont multiples. Et pas toujours rassurantes pour cette société d’éco- nomie mixte qui construit, loue, entre- tien et gère un parc immobilier dont les loyers sont modérés. “Nous lançons une procédure d’urgence, convient Daniè- le Poissenot, présidente de la S.A.I.E.M.B. depuis 2014. Nous avons deux ans d’inquiétude.Après cette date, des prêts seront remboursés.” Les récentes pistes évoquées par le Conseil Zoom Une agence immobilière étudiante lui doit 900 000 euros ! Les mauvais comptes de la S.A.I.E.M.B. sʼexpliquent aussi par une situation ubuesque : une agence immobilière étudiante de Besançon qui gérait pour elle des chambres à Besançon lui doit 900 000 euros de loyers ! Lʼaffaire est portée devant le tribunal.

supporter pour le bailleur dont les marges de manœuvre deviennent ten- dues pour rénover ou construire des logements neufs. La situation n’est pas prête de s’améliorer : “Les impayés s’ex- pliquent par une paupérisation des loca- taires qui s’est accrue” explique la S.A.I.E.M.B. 79 % des occupants ont effet des revenus inférieurs à 60 % du plafond des ressources alors qu’ils n’étaient 60 % un an plus tôt. La baisse des subventions (le livret A finance ce type de logement), la taxe sur les plus-values (initiée sous l’ère Sarkozy), la création en 2014 de 158 logements en 5 opérations pour un investissement de 12 millions d’euros, expliquent en partie le mauvais comp- te de résultat. Pour la première fois, la S.A.I.E.M.B. a présenté un résultat net d’exercice en déficit de 298 000 euros. Pas énor- me, certes.Mais cela inquiète les hautes instances, en particulier le maire Jean- Louis Fousseret, président de la struc- ture jusqu’en 2014 : “Ce n’est pas faci- le d’autant que les subventions baissent, nous devons rénover les bâtiments pour unemeilleure performance énergétique… Tandis que les impayés augmentent et les dégradations.” Le bébé est aujour- d’hui dans les mains de Danièle Pois- senot. L’adjointe rappelle que tous les logements neufs créés récemment ont rapidement trouvé preneurs “et les pers- pectives des premiers mois de 2015 sont

d’administration pour enrayer la spi- rale : “La vente de neuf T4-T5 à la Com- be Saragosse (qui ne trouvaient pas de locataires), lamutualisation de services avec G.B.H. (Grand Besançon Habitat), un rapprochement avec un bailleur du pays de Montbéliard et Haute-Saône (Idhéa).” À la S.A.I.E.M.B., 46 salariés gèrent 2 407 logements où résident 3 697 personnes, dont 1 820 logements familiaux, 156 foyers pour personnes handicapées et 431 chambres étudiantes. “Je veux rassurer les salariés. Ils n’ont pas d’inquiétude à avoir” promet la pré- sidente qui répond à des inquiétudes nées suite au licenciement de l’ancien directeur en 2014. L’avenir de cette société détenue par la Ville de Besançon (à 51 %), la Cais- se des dépôts et consignations (44 %) et la Caisse d’Épargne (3,7 %) s’inscrit néanmoins en pointillé. Si 1 million d’euros ont été récemment consacrés à l’entretien et à la réparation du patri- moine, il se détériore plus vite qu’il ne s’améliore. Du coup, beaucoup de loge- ments anciens, peu performants sur le plan énergétique sont vacants. C’est le cas aux Époisses à Planoise où se concentre le parc immobilier. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le taux de vacan- ce est de 14 % (soit environ 500 loge- ments). Rien qu’en 2014, elle a coûté 1,96 million d’euros ! Plus problématique, les impayés crois- sent (4 %). Un coût de 858 000 euros à

L’adjointe au maire Danièle Poissenot (premier plan), l’actuelle présiden- te de la S.A.I.E.M.B.-Logement parle de “mesures d’urgence.”

sont pour l’instant sains) au motif “qu’une fusion entre G.B.H. et S.A.I.E.M.B. n’est juridiquement pas possible.” Certains logements sont conventionnés, d’autres non. La posi- tion pourrait toutefois évoluer à croi- re la S.A.I.E.M.B. G.B.H. - dont les comptes financiers sont positifs - arrive lui aussi face à un tournant avec la déconstruction de 500 logements aux 408 qui plombera inévi- tablement ses comptes. Un sujet épineux “d’autant que des bâtiments ont réellement besoin d’être rénovés comme à Palente” conclut Phi- lippe Gonon.Vendre les bijoux de famil- le : l’ultime solution. C’est d’un plan Marshall dont ont besoin les bailleurs sociaux. E.Ch.

encourageantes.” Ce n’est pas l’avis de Philippe Gonon (U.D.I.). Le conseiller municipal d’op- position et conseiller départemental de Besançon-3 fut un des premiers à annoncer que la S.A.I.E.M.B. allait dans lemur : “LaMiilos (devenue l’A.N.C.O.S.) qui contrôle le logement social a dit que les organismes ayant un parc immobi- lier de moins de 3 000 logements sont condamnés à mourir. La taille idéale est entre 5 000 et 10 000 logements. Il faut donc que la S.A.I.E.M.B. et G.B.H. (Grand Besançon Habitat) se rappro- chent pour dégager des marges de manœuvre d’autant que le nouveau Contrat deVille ne permet pas de finan- cer les constructions” dit l’élu. Ce rap- prochement est balayé par Pascal Curie, président de G.B.H. (dont les comptes

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