La Presse Bisontine 171 - Décembre 2015
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BESANÇON
La Presse Bisontine n° 171 - Décembre 2015
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L e c h if f re
DÉCHETS
Polémique Les boues de Besançon inquiètent les Haut-Saônois L’épandage des boues de la station d’épuration de Port-Douvot à Besançon est au cœur d’un vif débat. Nécessaires à l’agriculture, elles font réagir une partie des 112 communes concernées qui n’en veulent pas. Principe de précaution ?
C ’ est le nombre de vic- times d’un accident vasculaire cérébral (A.V.C.) en Franche-Comté en 2014. Un chiffre en augmenta- tion (comme partout en Fran- ce) puisqu’il y a 600 cas de plus 3 300
indiquent le C.H.U. et l’Agence régionale de santé qui lancent une campagne de sensibilisa- tion à cette maladie dont les principaux facteurs de risque sont : l’hypercholestérolémie, l’hypertension artérielle, le dia- bète, la sédentarité et le tabac. L’A.V.C. est caractérisé par plu- sieurs signes comme la para- lysie d’un ou plusieurs membres et/ou du visage, un trouble de la vision, un trouble du langa- ge. Si vous constatez l’un de ces signes, prévenez le 15. Chaque minute compte.
“Q ue Besançon mette sa merde (sic) ailleurs qu’en Haute- Saône.” C’est phrase, crue mais limpide, sort de la bouche d’un habitant d’un village haut-saônois concerné par le plan d’épandage des boues de la station d’épuration de Besançon. Une enquête publique, prolongée jus- qu’au 27 novembre, désigne les 112 communes concernées par ce plan et recueille les avis et commentaires des habitants et élus. 58 sont basées en
Haute-Saône de Rioz à Scey-sur-Saô- ne, jusqu’à Marnay et Gray, 46 dans le Doubs, 9 dans le Jura. Toutes doi- vent à terme accueillir les boues bison- tines traitées et analysées. Mais la grogne est palpable car les boues font peur : elles sont parfois chargées en métaux lourds. Premier à mener la fronde : le maire de Grandvelle-et-le- Perrenot Jean-Louis Sauviat. “Nous interpellons Besançon pour montrer ce que nous subissons, notamment les odeurs mais aussi et surtout la pos-
sible contamination de nos ressources en eau en raison de l’épandage. Néan- moins, je veux être constructif : il y a sans doute sans doute d’autres solu- tions à l’épandage, plus scientifiques” souligne l’élu. Besançon, à la pointe de la technolo- gie en matière de traitement de ses eaux usées entend la polémique et joue la transparence. “Nos boues sont bien en deçà des normes. De nombreux contrôles sont réalisés, de la déshy- dratation jusqu’à l’épandage. Je le dis régulièrement : les boues sont aussi contrôlées que l’eau” argumente Chris- tophe Lime, adjoint à l’eau et l’assainissement à la Ville de Besan- çon. “Pourquoi ne pas les épandre chez elle ou dans le Doubs ?” demande le maire haut-saônois. “Parce que ces boues, par la réglementation, ne peu- vent pas être épandues à une certaine zone des habitations et l’A.O.C. comté les refuse. Les céréaliers sont, eux, demandeurs” répond l’adjoint en char- ge du dossier. Besançon a besoin de trouver des filières pour évacuer ce surplus stocké dans un hangar fermé. Elle le fait de trois façons : la méthanisation (la produc- tion va bientôt doubler) qui consiste à produire de l’électricité, l’épandage qui
par rapport à 2003. L’A.V.C. est la troisiè- me cause de mortali- té de l’adulte après le cancer et les mala- dies coronariennes
permet une valorisation et en dernier recours l’incinération. Dernier recours, car l’incinération émet des rejets pol- luants dans l’atmosphère et crée des mâchefers qu’il faut ensuite traiter. “La valorisation, c’est réellement l’épandage. Les agriculteurs sont deman- deurs, commente Samir Bouhalba, chargé de mission à la chambre d’Agriculture du Doubs. Ils ont besoin de phosphate. Qui plus est, c’est bien moins coûteux que d’acheter des engrais.” La Ville se charge de tout. Elle livre les boues et les épand (via une socié- té prestataire) dans le champ de l’agriculteur. Tout est suivi. Les sols sont analysés avant l’épandage et plu- sieurs fois après. Un suivi qui ne convainc pas le maire de Grandvelle- et-le-Perrenot : “Comment être sûr que ces boues sont suivies au mètre près et du suivi des contrôles ? On parle quand ‘
même de métaux lourds.” Sophie Rapen- ne, chef du service eaux et assainis- sements, rappelle que les terrains choi- sis sont piquetés, des auto-contrôles sont réalisés, puis un laboratoire exté- rieur arrive en complément. “Il ne s’agit pas de se débarrasser des boues mais bien de les valoriser” poursuit Chris- tophe Lime. Les voisins s’inquiètent également du nombre de m 2 réquisi- tionnés : “Nous aussi nous aurons des boues à répandre de nos propres sta- tions. Si nos terrains sont pris, com- ment ferons-nous dans les années futures ?” À cette question, Besançon rappelle que son épandage n’utilise que 2,7 % des terrains disponibles en Haute-Saône. Une réunion publique d’information s’est tenue lundi 16 novembre. Affai- re à suivre. E.Ch.
Ville de Besançon et chambre d’Agriculture défendent l’épandage des boues. De droite à gauche, Jeannine Viennet, Christophe Lime, Samir Bouhalba, Sophie Rapenne.
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