La Presse Bisontine 170 - Novembre 2015

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 170 - Novembre 2015 36

RECHERCHE

INNOVATION

Femto.-S.T.

Sur le site Saint-Jacques ?

Privé et public investissent ensemble La société Senseor et le laboratoire Femto-S.T. ont créé un laboratoire de recherche commun

Le Village de l’innovation est sur les rails À l’image du village French Tech créé rue

P our l’instant, ce n’est qu’une belle idée sur le papier qu’il reste main- tenant à concrétiser. Sous l’impulsion de sa direc- Besançon et à Belfort. Les premiers partena- riats ont été signés. La-Boétie à Paris, le Crédit Agricole Franche-Comté souhaite développer le concept à

trice générale Élisabeth Eychenne, le Crédit Agricole de Franche-Comté a posé la première pierre d’un Village de l’Innovation que la banque souhaiterait implanter sur deux sites : Belfort et à Besan- çon. Le 28 septembre, plusieurs universités et grandes écoles franc-comtoises (I.S.B.A., Fem- to-S.T., Université, U.T.B.M., etc.) ont signé une lettre d’intention avec le Crédit Agri- cole. L’idée d’un Village de l’Innovation est de “favoriser l’émergence de projets inno- vants et de nouveaux talents, accompagner les jeunes entre- prises dans la mise en œuvre

de leurs solutions et dans leur réussite commerciale, pro- mouvoir, accélérer et diffuser l’innovation, et être au service du développement économique des territoires” résume la direc- tion du Crédit Agricole. Pour financer ces projets, le réseau Crédit Agricole lance un appel à toutes les entreprises qui souhaiteraient devenir parte- naires. Ces partenaires feraient ensuite partie du comité de sélection qui choisira les start- up qu’il faudra aider. “Nous souhaiterions créer un Village à Belfort et un autre à Besan- çon. L’idée est d’aller au-devant des entreprises et des start-up de cette région en leur offrant des solutions de proximité. Le concept d’unVillage, c’est coopé- rer pour innover. Plus qu’une pépinière d’entreprises, c’est un vrai écosystème” note Élisa- beth Eychenne. Il faudrait réunir 500 000 euros pour lan- cer le projet. Si le dossier n’en est qu’à ses débuts à Besançon et sa loca- lisation encore floue, le Crédit Agricole lance quelques pistes de réflexion. “Il faut un site de 1 500 m 2 environ, ouvert 24 heures sur 24, visible, dans une zone de passage. Pourquoi ne serait-il pas installé sur le site de Saint-Jacques sous for- me d’un village éphémère que pourrait créer l’institut supé- rieur des beaux-arts ?” lance M me Eychenne. J.-F.H.

E n moins deux ans, quatre médecins pontissaliens sur 16 ont enlevé leur plaque. Deux exercent désormais en Suisse, deux ont fait valoir leur droit à la retrai- te. Le dernier départ remonte à quelques semaines pour un doc- teur parti à La Chaux-de-Fonds. L’hémorragie n’est pas termi- née : un nouveau départ est annoncé en janvier 2016. Avec la hausse de population que connaît le Grand Pontarlier combiné à cette baisse du nombre de praticiens, pas besoin d’être professeur pour établir le dia- gnostic : les généralistes pon- tissaliens sont surchargés. La preuve : le docteur Christine Raguin impose des critères d’admission. “Je ne prends plus de nouveaux patients sauf si mon cabinet est le plus proche de votre lieu d’habitation et/ou si vous pouvez venir de suite” explique- t-elle. Le malaise dans la profession est profond. Contactés, la plupart des géné- ralistes préfèrent ne pas s’étendre sur le sujet. Poliment, ils expli- S enseor, fondée en 2006, a implanté son siège social à Sophia-Antipolis, vers Nice, mais a tenu, deux ans plus tard, à créer une antenne à Besançon sur le technopôle Témis pour être au plus près du laboratoire et faciliter le transfert de technologie. La société emploie aujourd’hui 18 salariés. Récemment, les deux entités publique et privée sont allées plus loin encore dans le rapprochement et viennent de créer un laboratoire commun pour pousser plus loin la recherche et le développement de nouveaux capteurs, la spé- cialité de Senseor. “Ce nouveau labo commun nous permet de définir un programme scienti- fique commun dont l’objectif final sera la réalisation de pro- duits à plus hautes performances dans le domaine des capteurs acoustiques interchangeables à distance” résume François Gegot de l’entreprise Senseor. Les cap- dans le domaine des technologies micro-acoustiques. SANTÉ

Sur le plan national, 34 laboratoires communs devraient être créés (photo Femto-S.T.).

teurs conçus par Senseor sont utilisés dans l’industrie (machines tournantes, turbines, etc.). “Le principe des capteurs interrogeables à distance par rapport aux instruments à fils est de pouvoir travailler à hau- te température. Ces capteurs sont utilisés actuellement à 200 °C. Nous travaillons grâce à ce nouveau laboratoire pour que les capteurs soient efficaces jusqu’à des environnements à 600 °C” ajoute Thomas Baron de Femto-S.T. “Ce laboratoire commun nous permet de tra- vailler dans le sens de l’industrialisation d’un produit”

ajoute Bernard Cretin, le direc- teur de l’E.N.S.M.M. “Tout l’intérêt d’un laboratoire com- mun est de bien comprendre les enjeux auxquels est confrontée l’autre partie” enchaîne Katia Barral au nom du C.N.R.S. En 2016, 34 laboratoires com- muns entre une entreprise et le secteur de la recherche devraient être créés à l’échelle nationale. Depuis le début des années 2000, le laboratoire bisontin Femto-S.T. a été à l’origine de la création de 25 start-up . J.-F.H

Nicolas Chaillet, le directeur de Femto-S.T., est un des signataires de la lettre d’intention avec Élisabeth Eychenne, directrice générale du Crédit Agricole de Franche-Comté.

L’eldorado suisse aussi pour les généralistes ? Départs de médecins français en Suisse : l’électrochoc

Un médecin français exerçant en Suisse peut gagner 15 000 euros par mois après impôts. Le seul salaire n’explique pas à lui seul les départs de généralistes du Doubs. Malaise des docteurs. Coup de sang des patients.

tarifaire : “Le temps moyen d’un médecin libéral est de 54 heures par semaine. Le médecin est un homme, une femme, qui lui aus- si doit vivre et manger. Devoir se battre tous les jours contre autre chose que la maladie de leur patient, ils en ont marre !” Les médecins en “exode” n’ont pas souhaité répondre à nos sol- licitations. Seul un nouvel ins- tallé (non pontissalien) témoigne de la réalité suisse : “En Fran- ce, je faisais entre 30 et 50 actes par jour, de 8 h 30 à 21 heures Désormais,je travaille de 8 heures à 12 h 05 puis de 13 h 30 à 18 heures Il y a très peu de visites parce que les Suisses n’y sont pas habitués. Et c’est un tarif à laminute” Mais ce n’est pas tout. Fini la paperasse en rentrant le soir. “En Suisse, les patients ont tous des assurances privées. Résultat, j’ai dix à quinze fois moins de contraintes adminis- tratives qu’en France. Le peu qu’il me reste à faire est rémunéré.” Pratiquer de la vraie médecine de premier recours l’a convain- cu. Le salaire également : 15 000 euros après impôts pour un chiffre d’affaires fluctuant entre 33 000 et 40 000 euros sans compter les services dans le cabi- net qu’il partage au sein d’une maisonmédicale comme la radio-

34 348 médecins en Suisse, dont 10 478 étrangers “E n 2014, 34 348 médecins exerçaient en Suisse, soit 1 106 de plus que lʼannée précédente, une augmentation due à lʼarrivée dʼétrangers qui représentent un tiers des effec- tifs (10 478), en majorité des Allemands (5 972). 31 % des méde- cins exerçant en Suisse avaient un diplôme de médecin étranger en 2014. Les Allemands sont 17,4 %, les Italiens 2,4 %, les Fran- çais (1,7 %), les Autrichiens (1,7 %)” explique la fédération des médecins suisses (F.M.H.). Depuis juillet 2013, seuls sont autori- sés à pratiquer à la charge de lʼassurance-maladie (à avoir une plaque) les médecins qui ont travaillé au moins pendant trois ans dans un centre hospitalier reconnu pour la formation en Suisse. “La F.M.H. demande un critère supplémentaire pour lʼadmission à pra- tiquer en Suisse : les médecins étrangers doivent réussir un exa- men standard dans une des langues nationales, comme cʼest le cas en Grande-Bretagne ou en Autriche.” La Confédération devrait financer 250 places dʼétudes supplémentaires en médecine chaque année pendant au moins dix ans.

quent être trop surchargés pour répondre. Ce qui est vrai. Le doc- teur Valérie Bourgeois installée depuis 2007 à Pontarlier a pris du temps sur sa soirée pour expli- quer son quotidien : “J’aime mon métier mais je me pose des ques- tions ! On ne prend parfois plus le temps de manger. La vie per- sonnelle en prend un coup. Il se pose la question de la responsa- bilité médicale : on prend moins le temps avec les patients” explique cette jeune profes- sionnelle (42 ans). Elle comprend ses collègues partis en Suisse qui ont trouvé de meilleures conditions de travail. Mais le choix du départ n’est pas si simple : “Je ne veux pas parler à leur place mais certains vivent leur départ en Suisse comme un échec. Ils quittent leur patientè- le. C’est un arrachement pour eux” ajoute-t-elle. Les médecins pontissaliens res- tant assurent comme ils le peu- vent et subissent parfois les foudres des patients. “On peut comprendre les réactions de per- sonnes malades et donc fragiles, témoigneValérie Bourgeois. Moi,

je ne prends plus de nouveaux patients…sauf ceux que j’ai déjà suivis, que je connais. C’est injus- te mais je ne peux faire autre- ment” témoigne Valérie Bour- geois. Le docteur Dominique Devred, dermatologue, a été sollicité à deux reprises pour s’installer à proximité de Neuchâtel : “Pour l’instant, j’ai répondu “non”mais en 2017 (il aura alors 60 ans), rien ne dit que je n’exercerai pas sous des cieux plus cléments car notre ministère nous propose une gestion de la santé à la grecque” explique ce spécialiste. Président de la Confédération des syndicats français de Franche-Comté (C.S.M.F.), le docteur Stéphane Attal basé à Saône “comprend pourquoi nos confrères partent vers un eldo- rado suisse où on leur promet moins de tracasserie adminis- trative, des horaires humaine- ment tenables et un respect du monde politiquemais aussi social de leur statut” explique le méde- cin. Il ne jette pas à la pierre à ses confrères mais bien à l’État qui a refusé la revalorisation

logie, du matériel de biologie, un box pédiatrique, une salle de type bloc opératoire et de trans- fusions. Pas d’amélioration en vue dans la capitale du Haut-Doubs où un autre médecin devrait stop- per son activité pour la retrai- te. Il attend simplement qu’un jeune le remplace…Ceux qui le

peuvent vont désormais jusqu’à Levier se faire soigner ! Et on n’évoque pas la problé- matique des médecins spécia- listes : les patients du Haut- Doubs viennent souvent à Besançon consulter un ophtal- mologiste ou un cardiologue. E.Ch.

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