La Presse Bisontine 170 - Novembre 2015

LE GRAND BESANÇON

29 La Presse Bisontine n° 170 - Novembre 2015

LA VÈZE

Polémique

Les chasseurs de Besançon ferraillent contre la mairie L’accès au bois d’Aglans leur est refusé depuis l’ouverture de la chasse. Ce territoire propriété de la Ville - que 100 chasseurs bisontins partageaient avec ceux de La Vèze - est au cœur d’une polémique.

S i les chiens de chasse ne don- nent plus de coups de gueule dans le bois d’Aglans situé à La Vèze, leurs maîtres le font pour eux. La centaine de sociétaires de Besan- çon aboie contre la mairie au sujet du droit de chasse qui leur est interdit sur ce secteur de 198 hectares situé non loin de l’aérodrome de La Vèze et la route de Mérey-sous-Montrond. La convention qui régit le droit de chasse n’a pas été signée suite à un désaccord lié à l’accès à ce bois propriété bison- tine mais inclus sur la commune de La Vèze. Les disciples de Saint-Hubert de la capitale régionale réclament la chas- se ici, sur le plateau. Ils veulent bien “accueillir” des chasseurs de La Vèze, mais à leurs conditions : “La munici- palité fait une faveur aux chasseurs de La Vèze en leur permettant de chasser sur le territoire bisontin sans contre- partie financière. C’est anormal ! Payent- ils leurs impôts à Besançon ? Pourquoi une telle faveur ? Est-ce politique ?” interroge Patrick Gibey, président de chasse de l’A.C.C.A. de Besançon qui a dénoncé la convention en juin puis en septembre dernier. Le bois d’Aglans

était - selon lui - le seul repli pour ses sociétaires car “nous ne chassons à Besançon qu’un samedi sur deux et que jusqu’à 14 heures le dimanche afin de laisser libre la forêt aux autres utili- sateurs.” Adjointe au maire chargée des espaces verts, Anne Vignot (Europe Écologie- Les Verts) reprend un épineux dossier que son prédécesseur (Françoise Pres- se) a dû gérer en 2008. Il était conve- nu que le bois soit partagé entre les deux parties. Ce qui ne convient plus aux Bisontins. Anne Vignot souhaite l’accès au bois pour les deux parties. “Nous sommes encore en discussion pour trouver un compromis,dit l’adjointe, pas pressée. Ce n’est pas moi qui suis pénalisée. C’est aux chasseurs de s’entendre car ce sont eux qui ont chan- gé les règles du jeu” renvoie-t-elle. “Faux et incompréhensible, répond Patrick Gibey. Deux sociétés de chasse ne peu- vent chasser sur un même territoire au regard de la loi. On nous impose un diktat. Bientôt, au motif que certaines communes du Grand Besançon ont per- du du terrain à cause d’une route, elles viendront demander un bout de terrain à Besançon qui s’exécutera” s’emporte- D ans le Doubs, l’éolien a le vent en poupe. Aux éoliennes du Lomont s’ajoutent cinq nou- velles machines au niveau de Crosey-le-Grand inaugurées le 13 octobre. 14 autres moulins à vent sortiront de terre àVillers-Grélot, Rou- gemontot, Cendrey, la Tour-de-Sçay. Des réalisations qui font tache d’huile du côté de la Dame Blanche où un pro- jet éolien mûrit. Vieilley, Moncey et Venise (communauté de la Dame Blanche et Bussière) ont délibéré en faveur du lancement de l’étude de fai- sabilité du projet éolien après qu’Opale ait - gracieusement - invité les élus concernés à visiter le parc du Lomont. Si cette décision n’engage en rien les communes, elle scelle une première avancée dans ce parc qui serait visible depuis Besançon. “Nous avons délibé- ré le 16 juillet (7 voix pour, 4 contre), annonce le maire de Moncey Fabien Thernier. Au départ, j’étais plutôt pour mais avec la loi N.O.T.R.e et le fait que nous allons repartir sans doute dans la communauté de communes de Bau- me-les-Dames, nos retombées fiscales seront moindres” dit-il.Vieilley (8 voix pour et 6 contre) a dit oui à l’étude de faisabilité le 18 juin. Moncey et Veni- se également. Il faut dire que l’offre financière est alléchante : le construc- teur promet entre 11 000 et 12 000 euros par éolienne et par an en ren- trées fiscales. Un chiffre contesté (lire par ailleurs) et remis en cause par la loi N.O.T.R.e.

t-il. Le chasseur rappelle que Besan- çon a de son côté perdu 900 hectares de chasse en 40 ans en raison de l’urbanisation. Il a saisi le préfet. En 2008, la fédération a soutenu laVil- le de Besançon. Aujourd’hui, elle ne veut prendre parti ni pour La Vèze, ni pour Besançon : “C’est à la Ville de Besançon, le propriétaire, de trancher. Il y a des règles. Ce territoire étant sur La Vèze, il n’est pas un dû à l’A.C.C.A. de Besançon. La ville est maîtresse. Il y a beaucoup de cas dans le départe- ment où des propriétaires louent leur

Patrick Gibey, président de la chasse à Besançon, dégaine contre la Ville quant à l’utilisation d’un bois propriété de Besançon mais situé à La Vèze.

Vèze, mais sous “ses” conditions : “Mon conseil d’administration a proposé qu’une contribution financière de 60 euros soit demandée auxVézois pour le droit de chasser à Aglans afin qu’ils contribuent au financement des frais comme la location du bois dans un sou- ci d’équité. Les chasseurs de Besançon paient le double (pour une surface chas- sable plus grande)” dit le président. Et d’ajouter : “Si LaVèze a peu de terrain, elle a la possibilité de se regrouper au sein d’une A.I.C.A. avec Saône, Fontain, Morre, Montrond, Tarcenay, comme le préconise le schéma cynégétique établi par la fédération de chasse du Doubs le. La décision n’était pas encore connue à l’heure où nous bouclions ces lignes. Vice-présidente en charge du dévelop- pement durable et de la transition éner- gétique à l’Agglo,Françoise Presse (Euro- pe Écologie-Les Verts) mesure les interrogations des communes de l’est bisontin. Elle rassure,même si elle rap- pelle que c’est “la loi de finances de l’agglomération qui régit la part finan- cière (importante) revenant à la C.A.G.B. C’est encore àmettre au point, dit l’élue. Il existe une possibilité (N.D.L.R. : fai- re voter un changement dans la loi de finances). Nous avons choisi d’associer deux sociétés et nous irons sur un pro- jet de financement participatif. La popu- lationdoit s’approprier le projet” explique- t-elle. En clair, des habitants pourront entrer dans le capital. Manière de rassurer, Françoise Presse rappelle que la C.A.G.B. sera regar- dante pour que ce projet draine de l’emploi et qu’il permette à terme tembre dernier cette association “anti- éoliennes”. “Nous ne sommes pas des pro-nucléaires insiste la présidente de ce collectif Marie-Christine Chanez, de Vieilley. Mais nous trouvons quʼil y a un véritable manque dʼinformation à la popu- lation” dit-elle. Déjà 47 membres ont rejoint lʼassociation. Dont des élus de certaines communes. “Ce qui nous choque, cʼest le lieu dʼimplantation, le déboisement quʼil faudra réaliser (envi- ron 12 hectares), les nuisances sonores. Si lʼéolien se justifie dans certains “L es Doubs amis de la Dame blanche”. Cʼest sous cette appel- lation que sʼest créée en sep-

terrain à des associations locales. Elle peut aussi faire une adjudication (N.D.L.R. : louer le bois au plus offrant)” indique Jean-Maurice Boillon, qui n’était pas président de la fédération à l’époque des premiers pourpar- lers. Il admet “qu’un par- tage du territoire d’Aglans en deux” serait une pro- position. Ce que réfute Patrick Gibey qui veut bien accep- ter les chasseurs de La

et validé par le préfet.” Le président de La Vèze Pascal Benoît est étonné. Il veut éviter la polémique : “60 euros ? Les sociétaires n’acceptent pas. Selon nos calculs, c’est plutôt 9 euros. On ne comprend pas car en 2008, Mon- sieur Gibey nous accueillait gratuite- ment.” Cet épineux dossier profite au moins à quelqu’un : le gibier ! Le dossier pour- rait ressortir au conseil municipal de Besançon en novembre. À moins que la Ville ne mette tout le monde d’accord…

“Pourquoi une telle faveur à La Vèze ?”

E.Ch.

Les anti-éoliennes se mobilisent et créent une association

MARCHAUX Environnement Le projet éolien divise déjà Visible depuis la Citadelle de Besançon, un parc composé de 8 à 15 éoliennes pourrait voir le jour sur la crête de la Dame Blanche.

d’atteindre 32%d’énergie renouvelable à l’Agglo. Une assistance à maîtrise d’ouvrage sera proposée aux communes. Pendant ces négociations, une partie de la population se mobilise contre les éoliennes. D’où l’extrême prudence des promoteurs qui n’ont pas souhaité répondre à nos questions. Sans comp- ter que les mâts d’une hauteur de 180 mètres seront visibles depuis la Cita- delle de Besançon. Quid de l’inscription des fortifications à l’Unesco ? “On le sait, répond Françoise Presse. Cela res- te un problème à vérifier.” Manque de vent, manque de transpa- rence sur la revente de cette énergie verte, conséquences sur le paysage, la faune, la flore…voilà autant d’éléments qui créent des turbulences dans les pales. Dans le meilleur des cas, il faut 7 ans à une zone de développement éolien pour se concrétiser. espaces, ce nʼest pas le cas ici.” Un des membres ajoute que les communes qui attendent les retombées financières nʼauront aucune garantie. “On ne peut pas signer un chèque en blanc pour les générations futures dʼautant que la durée de vie dʼune éolienne est de 25 ans.” Les membres ont distribué des tracts dans les boîtes aux lettres de Marchaux pour informer des côtés positifs… et négatifs. Ils sʼinterrogent également sur le montage financier de ces sociétés créatrices dʼénergie verte qui sont par- fois vendues et revendues ensuite à des fonds de pension comme ce fut le cas pour le Lomont.

Trois autres communes, cette fois de l’autre côté de la colline et incorporées au Grand Besançon, sont concernées par le projet conduit par la société Opa- le (basée à Fontain) en collaboration avec Engie (ex-G.D.F.-Suez). Le conseil municipal de Champoux a voté “oui” à l’unanimité. “En 2008, j’étais déjà favo- rable à l’implantation d’éoliennes sur notre commune… mais le projet avait été retoqué” se souvient le maire Phi- lippe Courtot. Il espère, cette fois, une issue favorable : “En terme de retom- bées fiscales pour notre commune qui n’en possède que très peu, c’est impor- tant, relate le premier magistrat. Je vais tout de même questionner ma popu- lation. Si celle-ci n’en veut pas, alors je me rangerai derrière sa décision. Cet- te délibération ne nous impose rien” dit-il tout en affirmant qu’il n’acceptera pas les conditions du Grand Besançon. À savoir les trois-quarts des retombées fiscales pour l’agglomération. “On ne peut pas avoir les nuisances et voir la C.A.G.B. encaisser la plupart des recettes !” dit-il. Sa commune pourrait accueillir entre 2 et 3 éoliennes. Même son de cloche du côté de Jacky Louison à Chaudefontaine où trois éoliennes au maximum pourraient voir le jour : “Je déplore que ce projet soit passé sous silence. J’inviterai Opale pour qu’ensuite mon conseil puisse prendre une déci- sion. Je ne suis pas non plus d’accord avec la C.A.G.B. sur la redistribution financière.” Marchaux et son maire Patrick Corne ont échangé avec Opa-

Contact : lesdoubsamisdeladameblanche@gmail.com

Le maire de Champoux Philippe Courtot est pour les éoliennes… à condition que la C.A.G.B. revoie une partie de sa copie, notamment fiscale.

E.Ch.

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