La Presse Bisontine 170 - Novembre 2015

BESANÇON 17

La Presse Bisontine n° 170 - Novembre 2015

SOCIAL

Harcèlement au travail

“Sans le soutien du syndicat, je me serais pendu” Jean-Marie Biétry vient de gagner son combat contre son employeur. Il lui aura fallu huit ans de

L e 14 octobre en début d’après- midi, un groupe de syndicalistes de F.O. a manifesté devant les bureaux de la maison des ser- vices à Devecey pour protester contre les conditions de travail des agents de la communauté de communes Dame Blanche-Bussière. “La com’com, com- me ailleurs, le respect des travailleurs !” criaient les manifestants dans leur por- te-voix. Dans l’agitation, nous avons retrouvé

Jean-Marie Biétry, un grand gaillard de 56 ans arborant le blason rouge de Force Ouvrière. Il est venu là par soli- darité. “Sans le soutien du syndicat, je me serais pendu” lâche-t-il. Un aveu franc et glaçant, de la part d’un hom- me qui sort de huit ans de procédure contre son employeur Habitat 25. Des années de combat pour faire recon- naître qu’il avait bien été victime de harcèlement dans le cadre de son tra- vail. La cour administrative de Nancy lui a donné raison le 18 juin dernier. Une victoire pour ce quinquagénaire en longue maladie. “C’est le genre de situation qui démolit un homme, une famille. Il me faudra du temps pour m’en remettre. Quand vous êtes victi- me et que pendant huit ans, dans votre entreprise, on vous fait passer pour “l’assassin”, c’est dur. J’en veux un peu aux pouvoirs publics, car il est très dif- ficile dans ce pays de faire reconnaître le harcèlement. Cela ne m’étonne pas

procédure pour faire reconnaître qu’il a été victime de harcèlement. Conférence à l’I.R.T.S. “La violence psychologique est un coup bas” Spécialiste du harcèlement moral en France,

Marie-France Hirigoyen, médecin psychiatre a donné une conférence à l’I.R.T.S. de Besançon le 8 octobre.

“L a violence psychologique est un coup bas. On attaque là où lʼautre ne peut pas se défendre, en visant sa fragilité émotionnelle. Dans le harcèle- ment au travail, il ne sʼagit pas dʼattaquer une personne dans son travail mais dans ce quʼelle est. On va lʼisoler, ne plus communiquer avec elle, ne plus lui don- ner les moyens de travailler. Le procédé de violence psychologique est très stéréotypé dans toutes les cul- tures. Il est le fait dʼune attaque sur lʼidentité dʼune personne par le déni- grement, les critiques. Il y a aussi cet- te idée de contrôler lʼautre, de le sur-

veiller. Cʼest aussi le harcèlement ver- bal qui consiste à répéter quelque cho- se sans cesse jusquʼà obtenir lʼadhésion de lʼautre. Il y a encore lʼintimidation et lʼisolement. La personne ciblée essaie de comprendre, de sʼadapter. Mais elle finit par sʼépuiser car il est impossible de sʼadapter à quelque chose qui nʼest pas normé. Une situation de harcèle- ment nʼest pas une situation de conflit dans laquelle les choses se disent. Dans le harcèlement, il y a une asymétrie dans le rapport humain. Le but conscient ou inconscient est de se débarrasser de quelquʼun qui nous gêne.”

que tant de personnes restent chez elles àman- ger des médicaments car elles sont tordues par leur travail” déplore Jean-Marie. Technicien de métier, il raconte comment du jour au lendemain il est passé du stade d’employémodèle à celui de “bon à rien.Tout cela parce que j’ai osé dire des choses qui n’ont pas plu. J’ai eu droit aux bri- mades, aux portes fer-

Une situation qui démolit un homme.

Le 14 octobre, un groupe de F.O. a manifesté devant la maison des services de Devecey.

re jusqu’à cette décision de justice du 18 juin qui confirme que la maladie de l’agent a bien été contractée dans le cadre de ses fonctions. Le combat n’est pas terminé pour autant pour le sala- rié qui attend maintenant que son employeur le réhabilite dans ses droits. T.C.

mées. Onm’a mis au placard et j’ai pété les plombs. Je suis tombé en 2007. J’ai porté plainte.” Jean-Marie a été arrêté par le méde- cin pour “syndrome dépressif lié à ses conditions de travail” indique le syn- dicat F.O. en ajoutant qu’Habitat 25 a nié sa responsabilité dans cette affai-

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