La Presse Bisontine 169 - Octobre 2015

LE PORTRAIT

43 La Presse Bisontine n° 169 - Octobre 2015

PEINTURE

De Nancray à Madison Avenue Marta Johan Milossis, une culture animale

Les animaux qu’elle peint sur des toiles grand format sont appréciés des collection- neurs partout dans le monde. Mais dans son atelier de Nancray où elle travaille, on décèle dans ses œuvres une autre facette de sa personnalité, plus underground.

P eindre. Marta Johan Milossis n’a jamais fait autre chose. Née à Bel- fort de parents marchands de tissus, elle a compris dès l’âge de 6 ans que la peinture occuperait sa vie. “J’ai toujours vendu mes tableaux” remarque la femme artiste d’un air à la fois surpris et amusé, comme si cela allait de soi. Or, pour se consa- crer à son art, elle a dû passer outre les objections de ses parents, et s’accommoder d’une liberté forcée en quittant le confort du foyer familial à l’âge de 16 ans. Elle s’est laissée porter par sa passion. Le destin et le talent faisant le reste. À 58 ans, son appétence pour la peinture est la même. Dans son atelier de Nancray, elle peint 12 heures par jour. “C’est viscé- ral, chez moi.” Marta Milossis travaille avec exigence à un rythme presque boulimique. Mais avec un plaisir certain, elle crée pour elle et pour les autres. Car il y a longtemps que son œuvre a franchi les frontières. Sa signature est appréciée des collection- neurs du monde entier. Ses toiles sont au Canada, aux États-Unis, en Russie, en Fran- ce, en Italie, en Inde, au Moyen-Orient aus- si. “J’ai de la chance, mais cette chance, je l’ai gagnée” estime Marta. Elle a la cote, mais elle ne prête guère attention à sa situation sur unmarché de l’art impitoyable. Combien d’artistes ont déchanté après avoir

Bio express 1957 : Naissance à Belfort À 18 ans, elle entre à l’école des Beaux- arts de Mulhouse pour commencer. 1987 : Elle expose une toile au Grand Palais à Paris. 1996 : Elle peint des animaux. Depuis la fin des années quatre-vingt : Elle expose en Suisse, en Italie, en Belgique, aux États-Unis, en Allemagne. Septembre 2015 : Elle participe au salon Maison et Objet à Paris.

Marta Milossis dans son atelier à Nancray. Lorsqu’elle n’y est pas, elle peut être entre New-York, Berlin ou Naples, des villes qu’elle affectionne.

été adoubés, découvrant à leurs dépens qu’en peintu- re aussi il y a des modes… et que les modes passent. “Il faut avoir confiance et rester lucide” dit-elle. C’est en peignant des ani- maux sur des toiles grand format que Marta Johan Milossis a bâti sa notorié- té. Des ours polaires, des cerfs, des rennes, des élé- phants, des tigres, des gué- pards, des loups, bref, un monde animal auquel elle s’est intéressée au hasard d’une rencontre. “Il y a une vingtaine d’années à Saint- Tropez, quelqu’un m’a demandé de lui peindre un éléphant. J’ai accepté. Tout est parti de là” raconte

“Il faut avoir confiance et rester lucide.”

l’artiste. Depuis, elle a peint des centaines de portraits de bêtes qui interpellent tou- jours les visiteurs quel que soit l’endroit où elle expose ses toiles. Elle a encore pu le vérifier à l’occasion du salonMaison et Objet à Paris auquel elle a participé mi-septembre. “Je déteste qu’on coupe les arbres. En ce moment, je peins des forêts sur les planches, avec des oiseaux. Cette approche a intéres- sé des Indiens, des gens du Qatar aussi. À mon sens, quand je peins des animaux, je crée de l’affectif pour des gens qui sont en manque d’affect. Je suis d’une certaine maniè- re dans la séduction. Or nous sommes dans une société qui est faite de séduction.” Un jour en déambulant dans New-York, la vil- le où elle aurait dû s’installer en 2001, s’il n’y avait pas eu les attentats du 11 sep- tembre, elle a découvert avec une surprise

une de ses œuvres dans la vitrine Ralph Lauren de Madison Avenue. MartaMilossis vit de la vente de ses tableaux. Mais “ses animaux” ne sont qu’une partie de son travail, certes la plus remarquée. On connaît peu la facette moins convention- nelle de la personnalité d’artiste de cette femme à la tenue bourgeoise qui est fasci- née par la culture underground. Un style à l’opposé du premier. Son atelier exprime cet hiatus. L’affiche des Sex Pistols placardée sur un mur, le groupe anglais qui a parti- cipé à l’émergence de la culture punk, est en décalage avec le portrait de cerfs qu’elle vient juste de terminer. Lorsqu’elle ne peint pas des animaux, elle se plonge dans l’art brut. Un style qui s’exprime chez elle à tra- vers des sculptures, des poupées brodées, des collages qui mêlent des photos à mots

puisés au hasard des pages des magazines. “Je suis transgressive” assume Marta Milos- sis. Dans ces œuvres-là, son propos est moins bienveillant que dans sa peinture. Il bous- cule, dérange, interpelle, nous confronte à la brutalité du monde, mais c’est aussi ce que l’on attend d’un artiste. “L’actualité m’intéresse. Elle entre dans notre vie. J’ai le même cerveau qu’à six ans, dans le sens où je veille à garder l’esprit vif, ouvert à tout. Je suis prête à tout remettre en cause tout le temps.” Marta Milossis joue sur ses personnalités pour livrer sa vision du monde à travers ses œuvres. Débordée par son énergie créatri- ce, peut-être trouvera-t-elle le temps, un jour, de réaliser son autre rêve, celui de tra- vailler dans l’humanitaire. T.C.

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