La Presse Bisontine 166 - Juin 2015

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 166 - Juin 2015 36

BESANÇON

93 % à l’export

Digital Surf a pris la bonne vague Le logiciel créé par la société bisontine Digital Surf à destination des fabricants de microscopes est une référence mondiale en matière de calcul du relief. Les perspectives de croissance sont de 20 % cette année pour l’entreprise qui vient de décrocher un trophée de l’international décerné par la C.C.I. de Franche-Comté.

A vec 93 % de son chiffre d’affaires réalisé à l’export, Digital Surf n’a pas usurpé son trophée à l’international remis le 16 avril dernier par la C.C.I. de Franche-Comté au gérant de laP.M.E.bisontineChristopheMignot. Il vient récompenser la belle expansion de cette entreprise créée en 1989. Ce trophée prend une dimension plus gran- de encore depuis que Digital Surf a racheté un de ses seuls concurrents à l’échelle mondiale, une société basée au Danemark, avec ses six salariés. “Avec le rachat de cette société danoise et deux autres embauches récentes, notre effec- tif passe à 32 salariés” indique Chris- topheMignot. Cette récompense décer- née par la C.C.I. permet également, une fois n’est pas coutume, de mettre en lumière l’activité d’une entreprise très peu connue à l’échelle bisontine, et pour cause, elle n’a aucun client sur le plan local faute de fabricants demicroscopes en France. Installée dans de spacieux locaux posés au bord de la rocade, dans le quartier des Tilleroyes, Digital Surf est un concepteur de logiciels destinés aux fabricants de microscopes. “À notre création, nous étions spécialisés dans

la fabrication d’instruments de mesu- re et d’analyses des reliefs microsco- piques. Nous nous sommes fait remar- quer quand nous avons créé un logiciel qui permettait d’optimiser l’utilisation des instruments que l’on fabriquait. En 2008, avec la crise qui a frappé toutes les entreprises qui investissaient en matériel, nous avons décidé d’abandonner petit à petit la fabrica- tion d’instruments pour nous consa- crer à 100 % à l’édition de ce logiciel baptisé Mountains, dont nous sommes aujourd’hui à la version 7.2. Nous sor- tons une version nouvelle tous les trois ans environ” détaille ChristopheMignot dont la société réalise un chiffre d’affaires annuel de 3,2millions d’euros, en croissance moyenne de 12 % par

Christophe Mignot, gérant de Digital Surf.

est un des multiples exemples, illustre le dirigeant. Si la rugosité de l’encre est insuffisante, le billet ne pourra pas être entraîné par les rouleaux d’un dis- tributeur automatique.” L’imprimerie de la Banque de France à Chamalières, comme celle de La Poste à Périgueux font partie des clients de Digital Surf. “Autre exemple :Total utilise notre logi- ciel pour effectuer des mesures sur ses lubrifiants, dans l’optique d’optimiser la consommation d’huile dans les moteurs. Un équipementier automobi- le peut aussi avoir besoin de nos logi- ciels pour calculer la rugosité d’un tableau de bord de voiture. Si cette piè-

ils se nomment Nikon, Leica ou Zeiss. L’ambition de Digital Surf est aujour- d’hui de “devenir le Microsoft de la microscopie” image Christophe Mignot. Sous-entendu que la société bisontine soit suffisamment connue pour que le logiciel Mountains soit directement installé sur les microscopes par les fabricants. Une autre perspective de développement s’ouvre parallèlement pour Digital Surf : le marché des micro- scopes électroniques à balayage. Digi- tal Surf est décidément sur la bonne vague du développement à l’international. J.-F.H.

ce présente une rugosité trop impor- tante, il y a un risque d’éblouissement du conducteur. Tous ces paramètres se programment. Partout dans le monde, dans un grand nombre d’industries, des gens contrôlent les surfaces. Cela va du roulement à bille d’un avion à une prothèse de hanche en passant par les galettes de frein sur une locomoti- ve” ajoute M. Mignot. La société Digital Surf est aujourd’hui la seule au monde à proposer une gam- me de logiciels à même de gérer tous les instruments de mesure des sur- faces. Ses clients sont les principaux fabricants de microscopes au monde,

an. “Cette année, la croissance devrait même atteindre les 20 %.” Les logiciels qui sor- tent des bureaux de Digital Surf sont capables de mesurer le relief à l’échelle du micron. À quoi bon ? “L’épaisseur de l’encre sur un billet de banque

“Devenir le Microsoft de la microscopie.”

INNOVATION

Formation au G.R.E.T.A. de Besançon Le B.I.M. révolutionne le bâtiment Les entreprises du bâtiment basculent dans l’ère du numérique avec le B.I.M. Cette méthode consiste à réaliser une maquette numérique en 3 dimensions d’un projet de construction auquel chaque corps de métier peut apporter sa pierre. Une technologie qui permet de régler la plupart des problèmes techniques avant le lancement des travaux.

due. “En 2 D, on dessine des traits, alors qu’en 3 D on dessi- ne des objets et des volumes. Une entreprise de maçonnerie peut connaître en quelques clics l’épaisseur d’un mur, sa surfa- ce, sa composition. Cette visua- lisation va lui permettre de pré- voir les quantités, de les vérifier et de répondre avec justesse à un appel d’offres. Il y a beau- coup moins d’aléas. Le B.I.M. n’annonce cependant pas la fin de la 2 D qui reste un outil pour préciser des détails” poursuit Philippe Perreau. L’Europe plébiscite l’usage du B.I.M. Très répandue enAngle- terre où dès 2016 tous les mar- chés publics se feront selon cet- te méthode, elle l’est moins en France, enAllemagne et en Bel- gique. Cependant, dans ces pays, le développement du B.I.M. est remarquable. Les demandes de formation de la part des entre-

leur permettre de visualiser une maquette B.I.M. à l’aide d’un vie- wer gratuit. Si les charpentiers qui utilisent depuis longtemps la visualisation 3 D ont réussi cette évolution, il n’y a pas de raison que les autres corps de métiers n’y parviennent pas” observe la Fédération régiona- le du bâtiment de Franche-Com- té. Cette organisation profes- sionnelle a engagé une action de sensibilisation au B.I.M. auprès de ses adhérents. Les collectivités s’y mettent aus- si. La Ville de Besançon étudie avec le G.R.E.T.A. la possibili- té de former à cette méthode les services techniques de la muni- cipalité. De son côté, la région de Bourgogne a une longueur d’avance. Elle a scanné en 3 dimensions l’ensemble des lycées. Désormais lorsqu’elle engage un programme de rénovation sur un établissement scolaire, elle exige de la part des entre- prises qui répondent aux appels d’offres d’utiliser le B.I.M. Car l’autre intérêt de cette métho- de numérique est qu’elle per- met de conserver tout l’historique de la construction du bâtiment consultable dans ses moindres détails en quelques clics. “Cela améliore la performance de la maintenance de la construction. On peut faire des économies énormes” estime Philippe Per- reau. La fin des archives papiers épaisses a peut-être sonné dans la construction. T.C.

A vec le B.I.M., c’est tout le secteur du bâtiment qui entame une petite révolution. Cet acrony- me anglais qui signifie “Buil- ding information modeling”, se

traduit dans la réalité par un basculement progressif dans l’ère du numérique de tous les acteurs du processus de construc- tion : maître d’ouvrage, archi- tecte, économiste, ingénierie.

Elle s’étend aussi aux corps de métier du gros et du second œuvre. Le bouleversement a lieu sur- tout dans la phase de concep- tion du projet. Le B.I.M. consis-

te à réaliser unemaquette numé- rique détaillée en 3 dimensions de l’ouvrage en question dans laquelle par exemple va appa- raître la circulation précise des réseaux électriques ou de plom- berie. Le but est que cette maquette soit accessible aux acteurs de la construction pour qu’ils aient une vue d’ensemble, claire, du futur bâtiment. Cela permet de déceler d’éventuelles incohérences et de proposer des solutions. “Ainsi, grâce à la maquette B.I.M., on peut résoudre en amont 95 % des problèmes qui se règlent aujourd’hui sur le chantier. Il faut en revanche que les acteurs de la construc- tion acceptent de collaborer autour de la maquette numé- rique” observe Philippe Perreau, responsable de la formation B.I.M. dispensée au G.R.E.T.A. de Besançon depuis deux ans (une trentaine d’étudiants suit actuellement cette licence pro- fessionnelle). Le B.I.M. rend possible ce qui ne l’est pas avec des plans tra- cés sur le papier en deux dimen- sions, la méthode la plus répan-

prises du bâti- ment pour se familiariser à cet outil sont crois- santes. “Le B.I.M., c’est l’avenir du bâtiment. Les entreprises qui ne s’adapteront pas auront du mal à travailler. La marche à franchir n’est pas haute puisqu’elles ont pour la plupart un équipement infor- matique qui peut

“Le B.I.M., c’est l’avenir du bâtiment.”

Philippe Perreau chapeaute la formation B.I.M. au G.R.E.T.A. de Besançon.

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