La Presse Bisontine 166 - Juin 2015

La Presse Bisontine n° 166 - Juin 2015

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La Poste

Plateforme du courrier La Poste : fermeture d’un site industriel à Besançon

Les lettres ne seront plus traitées à la plateforme industrielle du courrier de Besançon mais à Dijon, entraînant la suppression de 50 postes. Si la direction rassure, le coup est rude.

Nathalie Candella (C.F.D.T.) : “Ces annonces créent un climat anxiogène chez les facteurs.” une offre convenable. On espè- re un accord social pour sep- tembre. C’est un projet à 2 ans. L.P.B. :Néanmoins,des personnes non affiliées seront touchées par cette réorganisation comme l’association C.H.A.T. (pour travailleurs handicapés) ou la sécurité ? D.L. : Le gardiennage de nuit sera supprimé. La prestation du C.H.A.T. devrait ne plus exis- ter mais nous respecterons tou- jours les 6%d’obligationd’emploi des travailleurs handicapés. Nous allons pérenniser le res- taurant d’entreprise. “Abandon programmé de la lettre livrée à J + 1 au profit du J 2 (lettre verte), cadence de tri “infernale”, dévalorisation du métier de facteur” sont autant de preuves pour le syndicat C.G.T. que “la qualité de ser- vice rendu aux usagers est en chute libre. Le mal-être au tra- vail touche de plus en plus de postiers” dit ce dernier. “Fin des lettres à J + 1”

“L es agents postaux se demandent ce qu’ils vont deve- nir ! Le climat est anxiogène.” C’est en ces termes que Nathalie Candella (C.F.D.T.) synthétise l’état d’esprit qui règne chez les postiers du Doubs qui ont eu connaissance “d’une annonce brutale” en avril der- nier. La direction du service courrier et colis a en effet annon- cé la fermeture (d’ici 2 ans) de la plateforme industrielle du courrier située avenue Cle- menceau “qui sera remplacé par une plateforme logistique urbai- ne électrique pour la livraison du dernier kilomètre” annonce le directeur du courrier en Franche-Comté Dominique Lemaire. Cette forme de “compensation” n’enlève en rien l’amertume des syndicalistes. Besançon va perdre l’activité de ce site consis- tant à regrouper les lettres et les classer pour les renvoyer au réseau. Déjà à la fin de l’année 2014, la P.I.C. de Besançon a perdu le trafic du Jura et de Belfort, soit 75 000 plis par jour en faveur de Strasbourg. La totalité de son trafic (500 000 plis) devrait basculer à Dijon en 2016. “C’est donc bien une fermeture contrairement à ce que dit la direction” corrige Cathy Stolarz, secrétaire géné- rale à la C.G.T. La direction

table mais économiquement, c’est rentable d’autant que La Poste est confrontée à une bais- se du volume courrier. “Dijon récupère la P.I.C. mais rien ne dit qu’elle restera longtemps là- bas.” Ces inquiétudes causent “un véritable mal-être chez les postiers qui ne savent de quoi demain serra fait” ajoute Jean Ratel. Pour autant, la direction promet de regarder au cas par cas (lire par ailleurs). Elle a l’obligation de proposer un nou- veau poste dans un rayon de 30 km du lieu de résidence du salarié ou de son ancien lieu de travail. Avec ce départ de la P.I.C. ave- nue Clemenceau, les centres de plateforme du courrier et colis du Barrelot (Planoise) et Albert- Thomas (Tilleroyes) déména- geront dans les locaux vides (8 000 m 2 ). Une économie sera réalisée pour le groupe qui louait le site Albert-Thomas. 170 per- sonnes sont concernées par cet- te réorganisation. “On ne par- le pas des autres postes du site de Clemenceau mais les agents de sécurité vont disparaître, l’association C.H.A.T. qui fai- sait travailler des personnes handicapées n’aura plus d’activité…” enchérit le syndi- cat C.G.T. Ajoutez à cela une révolution du métier de facteur appelé à se muer en commercial ou en agent E.D.F., et vous compren- drez que certains se rendent au travail la boule au ventre. “Lorsque l’on est proche de la retraite et que l’on vous deman- de de faire tout cela en trans- mettant avec un smartphone compliqué à utiliser, ce n’est pas simple. Nos tournées se rallon- gent sans que cela soit pris en compte” se désole un facteur bisontin. “Et tout cela sans for- mations proposées” ajoute Cathy Stolarz pour la C.G.T. Démunis face à cette fermetu- re, les syndicats vont négocier avec la direction. Première réunion le 26 mai. Objectif : trouver un accord social d’ici la rentrée de septembre. E.Ch.

Directeur du courrier et des colis en Franche-Comté, Dominique Lemaire évoque la réorganisation à Besançon et les raisons qui ont nécessité cette décision. “On ne ferme pas, on réorganise” La direction se défend

L a Presse Bisontine : Pourquoi fer- mer la plateforme industrielle du courrier avenue Clemenceau au pro- fit de Dijon ? Dominique Lemaire : On ne ferme pas. On réorganise. Le choix de Dijon s’impose car cette plate- forme traite 1,3 million de plis là où nous en traitons 500 000. La décision est industrielle car

depuis 2008, nous avons perdu un tiers de notre chiffre d’affaires sur le volume courrier avec des baisses de l’ordre de 7 % par an. Nous allons toutefois investir 1milliond’euros àBesançonpour créer une plateforme urbaine avec des véhicules électriques qui distribueront en ville cour- riers et colis. Besançon sera vil-

le pilote.

L.P.B. : L’annonce a été mal vécue par les syndicats. Combien de postiers sont concernés et perdront leur pos- te ? À quelle échéance ? D.L. : 50. Nous allons les accom- pagner vers d’autres métiers, d’autres sites. J’ai suffisamment de postes pour leur proposer

Propos recueillis par E.Ch.

annonce la sup- pression de 50 postes via des départs en retraite, des fins de missions pour intérimaires ou des C.D.D. “Ce sera plutôt 150 emplois qui vont disparaître” calcule Jean Ratel (C.G.T.). Difficile de com- prendre qu’une lettre postée à Besançon (pour un envoi dans le Doubs) va partir à Dijon et revenir ensuite dans le Doubs. Écologi- quement, c’est diffi- cilement argumen-

“On sera à 150 emplois perdus.”

Quand le guichet est repris par le secrétaire de mairie ou le commerçant Stratégie La fin des bureaux de Poste ?

L es maires ont encore le pouvoir de dire non à la fermeture d’un guichet de Poste.Mais beaucoup, poussés et convaincus par le groupe, décident de reprendre le gui- chet à leur compte. Dans le Doubs, l’enseigne possède 156 points de contact dont 25 en agence postale communale Thise n’aura plus de bureau de Poste mais une agence postale communale. Pirey bénéficiera d’un relais-poste urbain.

Thise : l’activité du bureau de Poste se termine. La mairie prend le relais.

(A.P.C.) et 43 en relais (R.P.C.). 57 % des guichets sont donc des bureaux tenus par des postiers. À Thise, le conseil munici- pal vient d’acter le trans- fert du guichet en agence postale communale. “À moins de 50 visites par jour, on engage une concertation avec les élus dans le cadre de la logique d’activité” explique Mohamed El Gad- hi, directeur régional réseau. Il rappelle que les bureaux perdent 8 % de fré-

“Moins de 50 visites par jour..”

quentation par an à Besançon et dans son agglomération. Le passage en A.P.C. ou R.P.C. mutua- lise les moyens “et garantit une présence horaire. 90 % des clients interrogés dans une étude se disent satisfaits. On assu- re également 220 000 euros de recettes permettant de financer un emploi com- munal sur une convention de 2 fois 9 ans et finançons des travaux s’il le faut” argumente le directeur. La confiden-

tialité des données est assurée dit La Poste. À Thise, le maire Alain Loriguet et son conseil projettent de basculer l’accueil de l’administration dans les locaux de l’ancien guichet. À Pirey, sur demande des élus un relais de Poste urbain sera créé (lieu encore à définir). Une stratégie louable mais qui ne fait pas oublier la suppression d’un guichet dans la galerie commer- ciale de Châteaufarine à Besançon…

Cathy Stolarz et Jean Ratel (C.G.T.) dénoncent la chute libre de la qualité de service public.

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