La Presse Bisontine 166 - Juin 2015

BESANÇON 16

La Presse Bisontine n° 166 - Juin 2015

CHAPRAIS

Projet à la Pernotte Habitat participatif : les candidats sont trouvés

Ils sont artisans, retraités, primo-accédants. Un groupe d’individus crée un immeuble de 11 logements pour “vivre ensemble”. Coups de pelles espérés en 2016. Porté par l’association du “Café des Pratiques”, ce lieu accueillera le café qui recherche des investisseurs.

L es candidats qui avaient un petit pécule ont posé l’argent sur la table. Une somme qui a permis de financer les études de sol néces- saires à la création de l’habitat participatif de la Pernotte situé dans le quartier des Chaprais. Cette première somme permet surtout à ceux qui n’ont pas encore l’argent de démarcher les banques et de ficeler leur dossier d’ici la fin de l’année. “C’est déjà la preuve d’une soli- darité… Une solidarité finan- cière opérationnelle” résume Éli- sabeth Gerl, permanente au sein de l’association du Café des Pra- tiques, lieu de culture et d’échanges ouvert en 2011 aux Chaprais. Cette association - qui fait vivre 7 salariés - a initié le projet d’un habitat participatif qui se situe- ra rue de l’Église à Besançon (à côté de l’école des Chaprais) à côté de l’actuel jardin partagé de la Pernotte cultivé par des bénévoles. Via le bouche à oreilles, de nombreuses réunions se sont tenues depuis plusieurs mois. Des candidats se sont

déclarés pour vivre dans ce lieu partagé. “Ce fut assez compli- qué car sur un projet d’habitat comme celui-là, il faut que tout colle : le calendrier pour les gens qui veulent s’installer, le coût… Et lorsqu’il faut mettre l’argent sur la table, 90 % des personnes partent” expliquent Bastien Fio- ri, bénévole, et compétent dans la maîtrise d’ouvrage de cet immeuble qui sera créé sur un

L’habitat participatif, quèsaco ? Le concept dʼhabitat participatif en est presque au stade expé- rimental en France. Des expé- riences essaiment mais on est encore loin des modes dʼaccès classique à la propriété. Le concept en soi nʼa pourtant rien de nouveau, surtout dans une région historiquement dotée dʼune forte culture de coopérative : des particuliers se regroupent et réa- lisent ensemble une opération immobilière. Ces personnes élaborent conjointement un projet compo- sé de logements privés et dʼespaces partagés. Au final, chacun est chez soi, on y vit com- me on lʼentend, mais on parta- ge des espaces communs avec les autres participants du projet.

Signature chez le notaire pour les futurs propriétaires de l’habitat participatif de La Pernotte à Besançon.

terrain vendu par la Ville de Besan- çon. Finalement, les can- didats ont été trou- vés. Une vraie cohé- sion s’est nouée. Le 11 mai, ils ont signé devant le notaire leur engagement. “Pourquoi les pro- jets d’habitat parti- cipatif capotent en France ? Parce qu’il faut cet argent…Et il faut prendre un risque car tout est basé sur la confian- ce” résume Bastien Fiori. Les “inves-

“Chacun a son mot à dire.”

tisseurs” ont eu la chance d’apprendre qu’une personne investissait la somme de départ suite à un héritage. Les futurs habitants se réunis- sent aumoins une fois par semai- ne autour d’un noyau dur de 6 personnes. Ils participent depuis la phase de programme à ce futur chantier. “Chacun a son mot à dire, du propriétaire au locataire jusqu’à l’investisseur” précise le représentant de ce groupe. Deux logements sociaux seront disponibles. Les premiers coups de pelle sont espérés en 2016. Il faut encore déposer le

permis de construire en mairie et acheter ce terrain à la com- mune. Un travail harassant pour des bénévoles qui ont déjà réus- si à comprendre la promotion immobilière et outrepasser cer- taines contraintes administra- tives enmultipliant les réunions chez le notaire. Outre ces 11 logements, le bâti- ment accueillera le Café des Pratiques actuellement instal- lé rue de Belfort. Ce déména- gement offrira à la structure une terrasse pour servir les repas du midi, un espace pour propo- ser les activités prisées des habi-

tants du quartier. “Nous ouvrons ce projet aux investisseurs qui pourront entrer au capital de la S.C.I. Pour 1 000 euros, ils devien- dront propriétaires et touche- ront à terme un loyer” dit Bas- tien Fiori. Des donateurs pourront verser une adhésion. L’association doit en effet trou- ver 200 000 euros pour s’implanter dans ce futur lieu “partagé”.Acteur des Chaprais, Le Café des Pratiques n’est pas un repère à “bobos”. Juste un autre endroit où le mot “soli- darité” prend son sens.

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