La Presse Bisontine 165 - Mai 2015

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 165 - Mai 2015

HAUSSE DES TARIFS : LES IMPÔTS DÉGUISÉS DE FOUSSERET

Après l’augmentation du prix des parkings, celle qui a touché les transports en commun ou encore les cantines pour les petits Bisontins, voilà que les commerçants du marché apprennent que les tarifs de leurs emplacements ont bondi de 10 % et les cafetiers voient leur taxe gonfler de 25 % pour déployer leurs terrasses cet été. À travers ces hausses successives, ils dénoncent une augmentation déguisée des impôts locaux.

Augmentation de 10 % du loyer : entre colère et compréhension Commerçants Marché Beaux-Arts : le coup de massue La hausse soudaine de 10 % du prix de location d’un emplacement au marché Beaux- Arts est mal perçue par une partie des commerçants. Une pétition a été envoyée au maire. D’autres sont plus mesurés : ils comparent le coût au service rendu.

L’avis de la mairie “C’est plutôt un rattrapage” A djoint au commerce à Besançon depuis un an, Thierry Morton rap- pelle que cette augmentation fait

d’augmentation car nous avions pas- sé une négociation avec la mairie en raison des travaux du tram. Aujour- d’hui, on passe à la caisse. Forcément ça grogne mais même avec cette haus- se de 10 %, on reste au prix du mar- ché. Et ce n’est pas pour autant que nous augmenterons nos prix !” dit-il. sation prévu : “C’est un rattrapage après plusieurs années de stagnation. Peut- être aurait-il fallu augmenter chaque année un peu…Nous avons des charges qui augmentent, liées au nettoyage et aux problèmes de tri des poubelles” ajoute-t-il. En 2010, le tarif n’a pas aug- menté. En 2011 et 2012, la hausse a été d’1,5 %, puis de 2 % en 2013 et de 0 % en 2014. L’adjoint veut rappe- ler que la mairie est à l’écoute : “On nous a demandé d’ouvrir le marché le lundi : nous l’avons fait. On veut conti- nuer à rendre ce marché attractif. Nous avons des demandes d’extension et des demandes d’installation.”

suis pas contre les augmentations mais pas de cet ordre-là, poursuit la géran- te. N’oublions pas que nous payons aus- si la C.F.E. alors que le maire a sous- entendu le contraire (cotisation foncière des entreprises).” Créé voilà treize ans, le marché Beaux- Arts demeure une référence. Un pas- sage obligé pour les gourmets et les touristes. “Même si nous avons senti une baisse de fréquentation depuis la rentrée peut-être due au départ du Conservatoire de musique, ce marché se porte bien” rappelle un commerçant qui préfère rester anonyme. Ils sont au total 19 à cotiser à l’asso- ciation qui promeut cet espace, sur les 23 commerçants installés. Pascal Colas (fromager lui aussi) fait partie du conseil d’administration. Selon lui, l’aug- mentation devait se faire : “Pendant trois ans, il n’y a quasiment pas eu suite à plusieurs années de stagnation des prix des cellules. 23 commerçants se partagent 42 cases dont le prix est fixé désormais à 516 euros pour une case classique (environ 16 m 2 ), 1 200 euros (pour 2 cases) et 1 700 euros pour 3 cases. “Ce tarif de location com- prend une place de parking, des réserves, les poubelles, le chauffage, l’électrici- té, le nettoyage et la sécurité” dit l’ad- joint.

L e doux et fruité comté qu’elle propose à ses clients n’a pas adouci sa rancœur. Aurore Paillusson-Ravacley est amè- re. Gérante de l’étal de fromages et vins “Le Trou de souris” au marché Beaux-Arts, la commerçante a affiché sur une feuille A4 le montant de la location qu’elle reverse à la mairie pour son emplacement d’environ 60 m 2 (avec

des commerçants en disposent d’au moins deux, voire trois, d’où une loca- tion plus coûteuse qu’annoncé par le maire.

les réserves). 1 346,72 euros par mois, soit 134 euros de plus depuis février. “Je joue la transparence ! Et aussi pour éviter que les clients nous prennent pour des voleurs” dit-elle. Elle fait réfé- rence à une phrase du maire Jean- Louis Fousseret qui rappelait que la moyenne d’une location est comprise entre 400 et 500 euros. Précision : ce tarif vaut pour un seul box. La plupart

Installée à son compte depuis le 1er avril 2014, Aurore Paillusson-Ravacley vit mal cette soudaine augmentation aus- si rapide qu’inattendue. “On nous dit qu’il y a des travaux à faire… Mais ce n’est pas à nous les locataires de subir les problèmes de climatisation ! Je ne L’augmentation subite de 10 % n’a rien à voir avec le changement de climati-

Pascal Colas, membre de l’association des commerçants du marché Beaux-Arts à “Même avec l’augmenta- tion de 10 %, nous restons au prix du marché.” Besançon tempère :

“Je paie 1 346 euros par mois.”

Un pas-de-porte au centre- ville est en effet aussi coû- teux. Et un autre marchand de rappeler les services com- pris dans la location : le net- toyage, les sanitaires, les poubelles, le parking sou- terrain, les réserves. Lemar- ché Beaux-Arts est un ingré- dient pour attirer les chalands.Attention, tout de même, de ne pas le ronger jusqu’à l’os. E.Ch.

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