La Presse Bisontine 165 - Mai 2015

DOSSIER I

La Presse Bisontine n° 165 - Mai 2015

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Constructions Le président de la S.A.F.E.R. “On consomme encore trop de foncier aujourd’hui” Si on ne trouve pas un bien à acheter, reste la possibilité de construire. Éric Liégeon, le président régional de la S.A.F.E.R., la gardienne des terres agricoles met en garde sur la consommation des terres agricoles. Un dilemme compliqué.

L a Presse Bisontine :Vous êtes maire d’une commune dans le Haut-Doubs, Courvières, et en même temps président de la S.A.F.E.R. Selon vous, le grignota- ge des terres agricoles par l’urbanisation est-il un sujet d’inquiétude ? Éric Liégeon : Dans ma commu- ne, d’un côté des gens me disent que ce serait bien de dévelop- per le village, et de l’autre les paysans me disent qu’il ne faut pas leur prendre du foncier ! C’est pour cela qu’on est tou- jours à la recherche de zones qui ne perturberaient pas trop les espaces agricoles. Le dossier du foncier est toujours sensible. Il faut comprendre les communes et les communautés de com- munes qui ont besoin de sur- faces pour pouvoir se dévelop- per. La population de nos secteurs est en augmentation et il faut bien que les personnes puissent se loger. Après, il y a le revers de lamédaille côté agri- cole, des hectares de terres dis- paraissent tous les ans pour être

urbanisés. Il faut donc être très vigilant. On doit loger les gens, certes, mais on doit aussi les nourrir.

commission est chargée d’examiner tous les documents d’urbanisme des communes et des intercommunalités puis de donner son avis. Si cette com- mission s’aperçoit qu’un certi- ficat d’urbanisme est trop gour- mand, on donne un avis défavorable. Depuis la mise en place de cette commission il y a trois ans, les élus locaux évo- luent dans leurs demandes. C’est une bonne chose. L.P.P. : Quelles sont les améliorations à apporter ? E.L. : L’étalement urbain n’est jamais une bonne chose. Il faut commencer dans nos villes et nos villages à remplir les dents creuses qui sont encore nom- breuses, avant d’aller chercher du terrain ailleurs. En disant cela, je pense aussi à nos zones commerciales. Cela me choque souvent de voir les immenses surfaces prises pour aménager les parkings autour des grandes surfaces. Propos recueillis par J.-F.H.

Agriculteur, Éric Liégeon est le prési- dent de la S.A.F.E.R. Bourgogne Franche-

L.P.B. : Les choses empirent-elles selon vous ? E.L. : Depuis quelques mois, les élus locaux et nationaux ont pris conscience qu’on allait contre unmur et il y a eu des réac- tions positives. Différentes lois récentes ont été votées, comme la loi A.L.U.R. qui a notamment eu pour conséquen- ce de renforcer les pouvoirs des commissions départementales de consomma- tion des espaces agricoles. Cette

“Cela me choque les immenses parkings autour des grandes surfaces.”

Comté (photo archive L.P.B.).

Les chiffres de la S.A.F.E.R.

L es Sociétés dʼaménagement foncier et dʼétablissement rural (S.A.F.E.R.) permet- tent à tout porteur de projet - soit agricole, artisanal, de service, résidentiel ou environne- mental - de sʼinstaller en milieu rural. Les pro- jets doivent être en cohérence avec les poli- tiques locales et répondre à lʼintérêt général. En 2014, sur le département du Doubs, 3 222 hectares de terres ont été échangés. Cʼest 9 %

de plus que lʼannée précédente. 1 389 transac- tions de vente ont été réalisées (2 % de plus quʼen 2013), pour un montant de 60,9 millions dʼeuros (en hausse de 14 %). Pour le Doubs, la S.A.F.E.R. de Franche-Comté souligne que “les concurrences observées sur les opérations S.A.F.E.R. peuvent illustrer la pression foncière sʼexerçant sur le fon- cier agricole : en moyenne près de 4 candidats par lot attribué.”

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