La Presse Bisontine 165 - Mai 2015
BESANÇON 10
La Presse Bisontine n°165 - Mai 2015
PARTI SOCIALISTE
La défaite, et après… Que reste-t-il du P.S. à Besançon ?
Les élections départementales ont laissé des traces. Si le P.S. s’enorgueillit de rester maître à Besançon, le Front de gauche rappelle qu’il gagne 1 699 voix et rejette les accusations selon lesquelles il aurait fait perdre le P.S. Nouveau rapport de force et alliances en vue.
L’ analyse électorale, c’est comme un ver- re d’eau. À moitié vide. Ou à moitié plein. Alors que le Parti socialiste n’a pas totale- ment digéré la défaite, des cadres du parti comme Jean-Louis Fous- seret rappellent que la gauche socialiste reste majoritaire à Besançon. Un satisfecit. “Mais le P.S. oublie de dire qu’il a per- du 5 084 voix, soit un tiers de ses électeurs, au premier tour des Départementales comparé au même précédent scrutin (N.D.L.R. : chiffre comptabilisé avec E.E.L.V.)” coupe Thibaut Bize, du Parti communiste fran- çais et conseiller municipal à Besançon. Le Front de Gauche composé notamment d’Ensemble, du P.C.F., du P.G., de citoyens engagés, n’a pas apprécié que l’ancien président du Doubs Claude Jeannerot (P.S.) lui reproche d’avoir fait perdre la gauche. “C’est faux, dit Chris- tophe Lime (P.C.F.) qui se char- ge du décompte des voix. Au second tour, l’addition des voix du Front de gauche a permis d’ajouter 2 101 voix à la gauche sur les 6 cantons. Si le P.S. a per- du, c’est notamment parce qu’il n’a pas réussi à mobiliser son propre électorat.” Le P.S. serait-il esseulé dans son fief bisontin ? Si l’extrême gauche locale ne le dit pas, elle n’en pen- se pas moins. Elle se sent pous- ser des ailes : “Les médias ont
beaucoup parlé du F.N.mais c’est bien nous la troisième force poli- tique en France, dit un peu éner- vé Christophe Lime. Et ça, per- sonne n’en parle.” Entre le scrutin départemental 2008-2011, le Front de gauche a gagné 1 699 voix (à 11,27 %) sur les cantons bisontins. Habile en opposition, l’extrême gauche - qui rappelons-le est aux affaires dans la municipa- lité bisontine - doit proposer un projet politique pour marquer l’essai au prochain scrutin. Chris- tophe Lime en a conscience : “Les électeurs ne nous attendent plus sur un “Non” mais sur un “Oui”. À nous de leur proposer une alternative.” Georges Ubbia- li (Ensemble) est sur la même ligne : “Où est la défense des plus démunis ? Le P.S. n’en a jamais
Le Front de gauche rappelle sa poussée électorale à Besançon. Il propose une ouverture aux déçus du P.S. et aux Verts.
parlé !” lâche-t-il comme si le divor- ce avec le P.S. était largement consommé. Ce “Front de gauche local” n’exclut pas de “discuter avec les Verts et une partie des socia- listes déçus pour créer une alter- native crédible” poursuit Chris- tophe Lime. Est-ce le prélude à une érosion des effectifs socia- listes ? Jean-
Sébastien Leuba n’y croit pas : “Besançon est encore un village gaulois (du socialisme) car nous ne connaissons pas l’érosion des effectifs comme au national” dit le premier secrétaire du P.S. à Besançon. À jour de cotisation, la section bisontine du P.S. comp- te 257 adhérents (et 400 si on compte ceux qui ne sont pas à jour de cotisation). Lucide, il convient que son parti a perdu : “On est à un tournant : il faut se réunir, se rassembler et sur- tout co-construire avec les per- sonnes et être à l’écoute” dit-il tout en faisant remarquer que
le P.S. a recueilli à Besançon 9 825 suffrages, contre 8 018 à l’alliance U.M.P.-U.D.I. Un constat qui ne fait pas oublier le revers mais qui est vécu com- me un électrochoc : “La section vient de relancer après la défai- te des réunions avec les syndi- cats et partenaires, une rencontre avec l’association des maires ruraux. Il faut expliquer ce que nous faisons” annonce Leuba
qui a pu compter sur sa base pour coller les affiches ou trac- ter. Petit rappel : la section a frappé à 20 000 portes bison- tines lors des dernières muni- cipales. Quant à l’appel du pied de l’extrême gauche aux militants socialistes, le secrétaire local n’y voit pas de velléités : “Les par- tenaires de gauche sont solides et votent à 99 % les délibérations
du conseil… S’il y a des déçus du socialisme, à nous d’aller les rechercher” conclut-il. Une génération s’en va. Exit Claude Jeannerot,Vincent Fus- ter, Claude Girard et Jean-Louis Fousseret en 2020. Au P.S. de dénicher d’habiles souris capables d’occulter les ex-élé- phants locaux.
“Aller chercher les déçus du socialisme.”
E.Ch.
ANALYSE
Confidences d’un socialiste battu “Les gens en ont marre des guéguerres politiciennes”
un candidat. Une sorte de pri- maire ouverte qui évite de se dire que c’est l’appareil poli- tique qui imposera tout. L.P.B. : Des polémiques ont surgi après les résultats notamment entre la gauche et l’extrême gauche, à l’encontre de la droite. Votre senti- ment. Y.-M.D. : Les gens en ont ras-le- bol des guéguerres politiciennes. Ce genre de discours, c’était possible il y a 20 ans. Plusmain- tenant. C’est dérisoire et déca- lé quand on connaît la souf- france chez certains. Je ne pratiquerai pas la politique de la terre brûlée. Je souhaite bon- ne chance à Ludovic Fagaut et Christine Bouquin, la prési- dente. Je ne ferai pas de pro- cès d’intention car je suis sûr qu’elle prendra en compte l’intérêt de Besançon. L.P.B. : Le P.S. local pourra-t-il se rele- ver à Besançon ? Y.-M.D. : Il faut trouver le plus grand dénominateur commun pour se rassembler à gauche. Si on continue à s’opposer, on ira droit dans le mur. Propos recueillis par E.Ch.
Cadre du P.S., Yves-Michel Dahoui fait partie des grands battus du dernier scrutin. L’avenir de son parti se jouera dans sa capacité à se rassembler dit-il. Quant à la désignation du futur candidat aux municipales en 2020, elle doit se faire avec des primaires ouvertes.
L a Presse Bisontine : À froid, comment analysez-vous votre défaite aux élections dépar- tementales sur le canton de Besançon 5 qui bascule à droite ? Yves-Michel Dahoui (P.S. - adjoint au maire de Besançon chargé de l’éducation) : Assez rapidement, je me suis rendu compte sur le terrain que ça allait être diffi- cile. Évoquer des dossiers concrets comme le marais de Saône ou la maison de retrai- te de Mamirolle, personne ne s’y intéressait. Les électeurs ont voulu sanctionner la poli- tique gouvernementale et natio- nale. L.P.B. : N’est-ce pas un moyen de se défausser de ce mauvais résultat alors que vous bénéficiiez de la pri- me au sortant… Y.-M.D. : Il y a une réalité : c’est
une compétition que j’ai per- due. Quand on perd, on perd, mais il y avait tout de même un climat de doute entre la montée du F.N., le fait qu’on ne parle pas des dossiers locaux, l’abstention, l’approche tech- nocratique de cette élection. Et nous n’avons pas réussi àmobi- liser même si je fais plus de 57 % des voix à Besançon et 47 % sur le canton. L.P.B. :Ce résultat à Besançon semble vous rassurer. Faut-il comprendre que vous vous positionnez - déjà - pour les municipales de 2020 ? Y.-M.D. : Je ne tire aucun plan sur la comète. Sur laVille, c’est un peu tôt pour se prononcer même si nous savons que Jean- Louis Fousseret ne se repré- sentera pas. Il faudra unmoyen démocratique pour désigner
Jean-Sébastien Leuba, premier secrétaire du P.S. à Besançon : “Le P.S. est à un tournant.”
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