La Presse Bisontine 163 - Mars 2015

A g e n d a

La Presse Bisontine n° 163 - Mars 2015

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BESANÇON - ASSOCIATION CULTURE ACTION

“Les artistes doivent adopter des méthodes similaires à celles de l’entreprise” Du 16 au 20 mars, l’association Culture Action Franche-Comté organise à Besançon la semaine de la protection sociale es salariés du spectacle vivant et de l’audiovisuel. L’occasion de faire le point sur un secteur d’activité en mutation avec Marie-Hélène Basset et Yasser Lahssini qui co-dirigent l’association.

L a Presse Bisontine : Culture Action fête ses quinze ans d'existence cette année. Com- ment est née cette association unique en Franche-Comté ? Marie-Hélène Basset et Yasser Lahs- sini : Cette association a été créée sur un constat. Il n’y avait pas de structure adaptée pour accom- pagner les artistes sur les aspects réglementaires, juridiques, admi- nistratifs auxquels ils sont confrontés. On parle avec eux de gestion administrative, de recherche de financements, de communication, des outils à mettre en place pour être auto- nome… Culture Action répond à un besoin de conseils en Franche-Comté sur ces thèmes- là. C’est une association de ter- rain qui, au départ, était tour- née vers le spectacle vivant. Aujourd’hui, on couvre le secteur culturel dans son ensemble, à savoir les arts plastiques, les arts visuels, les arts vivants et les arts graphiques. L.P.B. :Combien de personnes accueillez- vous chaque année dans vos locaux ? M.-H.B et Y.L. : Nous accueillons 700 personnes par an entre l’accompagnement individuel, les formations sur le long terme, les rencontres, les ateliers. Depuis le démarrage, plus de 2 000 acteurs du secteur de la culture ont été conseillés dans le cadre de rendez-vous personnalisés.

Nous avons organisé plus de 277 journées de formation. Plus de 80 structures font appel à notre service de gestion des données sociales. Nous fonctionnons un peu comme une chambre de métiers et de l’artisanat, mais dédiée à la culture. L.P.B. :Y a-t-il un profil type de l’acteur culturel qui pousse la porte de votre bureau ? M.-H.B et Y.L. : Non, il n’y a pas de profil type. Cela va du jeune qui démarre une activité profes- sionnelle et qui veut connaître les modalités pour débuter dans de bonnes conditions. Avec lui nous allons parler de son projet. Il y a aussi des personnes plus expérimentées qui ont des ques- tions techniques sur des points précis tels que la fiscalité. De façon plus occasionnelle, des com- munes font appel à nous, des organisateurs de manifestations, pour connaître les modalités réglementaires pour organiser un festival. Nous sommes les seuls à proposer un conseil aus- si large. À notre connaissance, nous avons très peu d’homologues en France. On voit également beaucoup de trentenaires en reconversion professionnelle. L.P.B. : Reconversion professionnelle dites-vous. S’agit-il de personnes qui entrent dans la culture ou qui en sor- tent ?

M.-H.B et Y.L. : Il y a des gens qui veulent entrer dans la cul- ture. Mais claire- ment, les trente- naires dont on parle ont plutôt tendance à vouloir en sortir. Le cas fréquent, c’est la personne qui tra- vaille depuis long- temps dans la cul- ture et qui enchaîne les contrats à durée déterminée. Cette forme d’instabilité la pousse à aspirer à d’autres choses.Nous allons l’accompagner

Yasser Lahssini et Marie-Hélène Basset, co-dirigent l’association Culture Act

financier. La difficulté est que les entreprises qui font du mécé- nat participent surtout à des actions de valorisation du patri- moine et rarement pour soute- nir le spectacle vivant. Elles seront partenaires de grands fes- tivals qui ont un côté événe- mentiel fort. C’est d’ailleurs pour cela que des porteurs de projets s’affranchissent de tout cela et se lancent en auto-production de soirées, de festivals. C’est le cas du festival No Logo. Actuelle- ment, on croit beaucoup au crowd- funding qui est unmode de finan- cement participatif des particuliers pour des actions cul- turelles. L.P.B. :Les artistes doivent-ils apprendre à se vendre et à entrer dans une logique de stratégie d’entreprise ? M.-H.B et Y.L. : Avant, nous étions surtout sur des logiques asso- ciatives. Mais aujourd’hui, il faut adopter un fonctionnement et les méthodes similaires à celle de l’entreprise tout en gardant les spécificités du secteur culturel. Il faut savoir budgétiser,se vendre, communiquer, des pratiques qui bousculent parfois les artistes qui n’y sont pas familiers. L.P.B. : Quelles sont les conséquences de ces problèmes de financement sur le maillage culturel ?

démarre une activité. Il doit donc cumuler son travail artistique avec un autre travail, et à ce titre il ne peut pas prétendre au régi- me des intermittents. L.P.B. : Qu’est-ce qu’un artiste profes- sionnel ? M.-H.B et Y.L. : Être artiste profes- sionnel ne signifie forcément que l’on vit de son art. On est artis- te professionnel à partir du moment où on perçoit une rému- nération en échange d’une acti- vité artistique. À partir de là, même “le peintre du dimanche” qui vend ses toiles doit norma- lement être déclaré dès le pre- mier euro qu’il perçoit. L.P.B. : Les collectivités serrent les bud- gets, y compris les budgets culturels. Les acteurs de la culture n’ont-ils plus le choix que d’envisager des finance- ments privés en ayant recours au mécé- nat d’entreprise qui n’est pas très répan- du en France ? M.-H.B et Y.L. : Tout cela n’est pas encore véritablement entré dans la culture française, mais il faut arriver à se projeter dans cette évolution-là. C’est pour- quoi, de notre côté, nous organi- sons pour les acteurs culturels des formations au mécénat en veillant à bien définir les contours du projet à soumettre à un mécè- ne en vue d’obtenir son soutien

vités du Spectacle) pour présen- ter les prestations auxquelles les salariés du spectacle vivant et de l’audiovisuel peuvent prétendre. Alors que les choses bougent actuellement sur la réforme de l’intermittence et de la formation professionnelle, nous avons jugé opportun d’organiser cette semai- ne de la protection sociale. Par déclinaison, il y a aussi toutes les questions qui se posent aux inter- mittents autour de leur prise en charge en cas de maladie, sur le congé maternité. Il y a un vrai besoin d’explications autour de ces sujets-là pour ce public qui a du mal à trouver des réponses à ces questions auprès des orga- nismes compétents. L.P.B. : Au printemps dernier, les inter- mittents ont protesté contre le projet de réforme de leur régime d’assurance- chômage. Que déplorent-ils ? M.-H.B et Y.L. : L’intermittence est un système de chômage qui est un peu plus favorable que le régi- me général, car il reconnaît une forme de précarité de l’artiste. Ce n’est pas un statut ! Ce régi- me existe toujours évidemment, mais il se durcit. C’est beaucoup plus difficile d’y accéder aujour- d’hui. Pour en bénéficier, l’artiste doit cotiser au minimum 507 heures sur 10 mois, ce qui n’est pas possible lorsqu’on

“Des emplois adminis- tratifs disparais- sent dans des com- pagnies.”

vers un bilan de compétences. Ces gens sont rarement essouf- flés par la culture, mais comme ils ne parviennent plus à en vivre, ou mal, ils changent de voie. Cet- te évolution nous encourage à intégrer des formations à notre dispositif d’accompagnement. L.P.B. : Du 16 au 20 mars, vous orga- nisez à Besançon la semaine de la pro- tection sociale des salariés du spec- tacle vivant et de l’audiovisuel. Là encore, c’est une première en Franche-Com- té. Quel est le contenu du programme ? M.-H.B et Y.L. : Nous avons mobili- sé pour cette semaine tous les acteurs de la protection sociale (Pôle Emploi, la Caisse Primai- re d’Assurance-maladie,Audiens, et l’Assurance formation desActi-

VERONIC DICAIRE

FRANCK DUBOSC

LABEL VAMP

ABBA MANIA

MALIK BENTALHA

AR

VEN. 13 MARS 20h30 MICROPOLIS BESANÇON

JEU. 19 MARS 20h30 MICROPOLIS BESANÇON

JEU. 26 MARS 20h30 KURSAAL

SAM. 28 MARS 20h30 MICROPOLIS BESANÇON

MER. 13 MAI 2015 20h30 KURSAAL BESANÇON

JEU 20h

BESANÇON

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