La Presse Bisontine 163 - Mars 2015

24 DOSSIER I

La Presse Bisontine n° 163 - Mars 2015

Un dispositif intelligent pour la sécurité des transfusions En lien direct avec les chercheurs de l’institut F.E.M.T.O.-S.T., le C.H.R.U. de Besançon finalise le prototype d’un dispositif de contrôle automatisé de comptabilité des groupes sanguins. Révolutionnaire. Biologie Sécuriser les transfusions sanguines

faitement concluants et bientôt les essais cliniques devraient intervenir. Aussi novateur soit ce procédé, il s’agit ensuite de trouver un industriel qui vou- dra passer au stade de la pro- duction industrielle des machines et des capteurs. Dans un contexte où c’est une entre- prise qui détient le monopole des tests au buvard, l’enjeu est énorme. “Nous sommes actuel- lement en phase de négociations

avec les industriels” note M. Wacogne. L’idée des partenaires est aussi de décliner cette machi- ne baptisée SmarTTransfuser en s’adaptant aux pratiques transfusionnelles des autres pays. L’enjeu de ce projet est donc international. Bruno Wacogne et ses collaborateurs ont déjà présenté le dispositif lors de plusieurs congrès inter- nationaux de chercheurs, récem- ment au Portugal ou encore en

Malaisie. Même si le système SmarT- Transfuser n’est pas encore arri- vé à sa phase de commerciali- sation, les chercheurs bisontins travaillent déjà à son dévelop- pement. “La phase suivante sera de compléter les fonctionnalités du SmarTTransfuser par l’adjonction de détection du fac- teur Rhésus” ajoute Karine Char- rière. J.-F.H.

D epuis des décennies, c’est à l’aide d’un simple buvard que les professionnels de santé vérifient la compatibilité du groupe san- guin d’un patient avec le conte- nu de la poche de sang. Ce pro- tocole – renforcé depuis le fameux scandale du sang conta- miné – est obligatoire et il est donc suivi systématiquement pour les quelque 3 millions de transfusions sanguines qui sont réalisées chaque année en Fran- ce. Cela pour éviter tout risque d’accident transfusionnel. C’est donc pour optimiser ce pro- cédé simple mais nécessitant

des manipulations que le C.H.R.U. de Besançon a lancé l’ambitieux programme SmarT- Transfuser, sous la responsa- bilité du Docteur Lionel Pazart. Ce projet est suivi depuis son démarrage par BrunoWacogne, directeur de recherche C.N.R.S.

chercheur C.N.R.S., Pascal Morel, le directeur de l’E.F.S. Bourgogne-Franche-Comté ou encore Véronique Boursier, res- ponsable de l’hémato-vigilance à l’hôpital. Un vrai projet col- laboratif. “Le projet consiste à passer d’un test manuel à un test automatisé.Au lieu d’utiliser des buvards et des touillettes, on mettra des bio-puces qui cap- turent automatiquement les glo- bules rouges et donnent immé- diatement le résultat de la compatibilité” résume Bruno Wacogne. Le concept développé depuis 2008 est désormais breveté, les essais en laboratoire sont par-

au laboratoire F.E.M.T.O. et au quotidien par Karine Charriè- re, ingénieur d’étude et de recherche cli- nique. D’autres professionnels sont associés : Wilfrid Boireau,

“En phase de négociations avec les industriels.”

Biothérapies 130 patients suivis Rhumatismes, polyarthrite : le C.H.R.U. innove Le professeur Éric Toussirot et son équipe traitent les maladies inflammatoires. Un procédé novateur testé sur les animaux sera étudié chez l’homme d’ici un an. Besançon pilote également une étude nationale à laquelle 22 autres hôpitaux collaborent.

Bruno Wacogne et Karine Charrière peaufinent la mise au point de cet appareil automatique de contrôle prétransfusionnel.

D e la polyarthrite rhumatoïde, on n’en guérit pas encore…Ce n’est peut-être qu’une question de temps. À Besan- çon, le centre d’investigation clinique (C.I.C.) utilise les bio- thérapies capables de stop- per l’évolution de la maladie. Il développe de nouveaux pro- cédés biologiques capables de viser la guérison. À Besan- çon, environ 75%des malades sont traités grâce aux bio- thérapies, non par les médi- caments. Ces biothérapies ont réelle- ment permis aux malades de retrouver une qualité de vie étonnante en ciblant le mal. À l’inverse, elles occasionnent certains effets secondaires sur plan du risque cardio-vas- culaire. C’est - en partie - là que le professeur Éric Tous- sirot intervient : “Nous ana- lysons les conséquences du traitement par biothérapie sur l’indice de masse grais-

seuse. Si globalement les patients ont un véritable béné- fice avec les biothérapies, cer- tains peuvent développer une prise de poids et une aug- mentation des lipides (cho- lestérol) ce qui peut majorer leur risque cardio-vasculai- re” explique le chercheur qui mène avec ses équipes plu- sieurs études. La première, pilotée par le C.H.R.U. de Besançon en par- tenariat avec l’industrie phar- maceutique, inclut 22 autres

gies inflammatoires comme la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite ankylo- sante, le psoriasis” explique le professeur. Un autre projet d’envergure sort du domaine du labora- toire bisontin. Une thérapie dont les effets positifs sur des animaux ont été prouvés par l’équipe I.NS.E.R.M.-U.M.R. 1 098 avec les professeurs Phi- lippe Saas et le D r Sylvain Perruche sera “testée” sur l’homme d’ici un an.Une quin- zaine de patients feront par- tie de cette étude dont l’objectif est de prélever des cellules au malade, de les conditionner en leur donnant des proprié- tés anti-inflammatoires, puis de les réinjecter au malade dans un but thérapeutique pour la maladie de Crohn, la polyarthrite et la sclérose en plaques. Deux produits sont mis au point par l’U.M.R. 1 098 (non-commercialisés pour l’instant). C’est technique, certes, mais Éric Toussirot promet “une mini-révolution. Pour l’instant, cela fonction- ne assez bien chez les ani- maux… On l’espère chez l’homme.Tout ceci est possible grâce au travail d’équipes de recherche qui se connaissent, qui collaborent ensemble.” Comme le synthétise le por- teur de l’axe biothérapie des maladies inflammatoires au sein du C.I.C., l’hôpital de Besançon est “un petit C.H.R.U. par la taille mais il offre un environnement pro- pice à la recherche.” Preuve en est : un industriel phar- maceutique s’est intéressé aux travaux des Bisontins. Une condition nécessaire pour assu- rer une recherche de pointe.

centres hospita- liers de France où 130 patients sont suivis : “Le but est de mener une étu- de physiopatholo- gique qui prévoit l’exploration de molécules pro- duites par la mas- se grasse et leurs relations avec le risque cardiovas- culaire dans diverses patholo-

Des tests sur l’homme d’ici un an.

Le professeur Éric Toussirot.

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