La Presse Bisontine 163 - Mars 2015

La Presse Bisontine n° 163 - Mars 2015

21

Recherche Aides publiques divisées par deux La recherche mobilise plus de 200 professionnels Au C.H.U. de Besançon, plus de cent personnes ne travaillent que sur la recherche. 163 projets de recherche sont promus par le C.H.R.U. et actuellement en cours, dont 10 menés sur le plan international. Mais le financement des projets est de plus en plus compliqué.

1 10 ingénieurs de recherche tra- vaillent au quotidien pour le C.H.U. de Besançon. Ils soutiennent la cen- taine de praticiens hospitaliers et universitaires qui développent les tra- vaux de recherche, soit plus de 200 pro- fessionnels mobilisés. Actuellement, 163 projets de recherche portés par le C.H.R.U. de Besançon sont menés en parallèle par cesmédecins et ingénieurs. Une dizaine d’entre eux a un à portée internationale, comme ce grand projet sur la recherche transfusionnelle, lan- cé avec des chercheurs canadiens, ou cet autre sur la réanimation,mené avec l’Australie.

Au C.H.U. de Besançon, la recherche est organisée en trois axes stratégiques : les biothérapies d’abord. Cet axe couvre plusieurs spécialités comme le déve- loppement et l’évaluation des biothé- rapies en onco-hématologie, les trans- plantations, les

pathologies inflamma- toires ou encore l’assistance médicale à la procréation. Le deuxième axe stratégique du pôle recherche repose sur la vulnérabilité et le risque : risque infectieux etmicro- biologique, risque cardio-

“Une chose impossible à Paris.”

en a fait un atout car “le C.H.U. se posi- tionne dans une politique de sites proches avec l’Université, le C.N.R.S. et l’I.N.S.E.R.M. Nous essayons de faire que 1 + 1 soit égal à 3, et pas à 2. Notre force ici, ce sont les circuits courts. Nous sommes en capacité de trouver l’interlocuteur très vite et à mobiliser rapidement. Récemment, avec tous nos partenaires présents à proximité et avec lesquels nous avons créé unpôle recherche identifié, il n’a pas fallu plus de trois semaines pour répondre à un appel d’offres international. Une chose impos- sible à Paris où quand on coupe la queue dumammouth la tête ne sent rien avant dix ans” illustre la vice-présidente. “C’est une force irremplaçable.” Lemanque d’attractivité de la Franche- Comté serait un autre “fantasme” trsou- vent véhiculé. Un seul exemple : tous les postes d’anesthésistes sont occupés à Besançon, à l’inverse de plus gros centres comme Marseille où la concur- rence du secteur privé défavorise beau- coup plus les acteurs de la santé publique. J.-F.H.

neuro-vasculaire, addictions et com- portements à risques ou encore éthique. Le troisième pilier du pôle recherche, c’est l’axe innovations technologiques qui s’appuie sur les spécificités histo- riques de la Franche-Comté, son his- toire liée auxmicrotechniques et la pré- sence d’un pôle de compétitivité dédié à cette spécialité. Le quotidiendes chercheurs duC.H.R.U., avant même d’entamer leurs actions de recherche, c’est avant tout de mon- ter des projets afin d’obtenir des finan- cements. “À 85 %, les financements de la recherche ne sont pas récurrents, ce sont les chercheurs qui vont à la recherche de financements” noteMachaWoronoff- Lemsi, vice-présidente recherche du C.H.U. et doyenne de la faculté de phar- macie de Besançon. La grande question qui préoccupe actuel- lement la direction recherche et inno- vation du C.H.U., c’est la baisse dra- matique des aides publiques. Par exemple, le Centre d’investigation cli- nique (C.I.C.) a vu son financement divisé par deux en trois ans. Le Centre d’Investigation Clinique de Besançon

est une structure de recherche du C.H.R.U. de Besançon labellisée par l’I.N.S.E.R.M. et le ministère de la San- té pour des activités de recherche chez l’homme, en biothérapie et en innova- tion technologique. “Chacun de ces deux C.I.C.bénéficiait de 500 000 euros d’aides de l’État. Cette somme a été divisée par deux avec la fusion imposée des deux , et le C.I.C. doit compenser cette baisse des dotations par la recherche de finan- cements complémentaires” indique Macha Woronoff-Lemsi. Certains projets ontmême dû être aban- donnés faute de financements. “On essaie néanmoins de s’inscrire dans la continuité. Même quand la réponse est négative concernant les financements, le montage du dossier apporte déjà une compréhension du sujet qui va nourrir les réflexions d’après.Nous sommes dans le continuum” ajouteM me Woronoff-Lem- si. La force du C.H.R.U. de Besançon vis- à-vis de la recherche réside aussi dans le fait que tous ces chercheurs évoluent dans une petite région. D’une faibles- se à première vue, le C.H.U. bisontin

Le professeur Macha Woronoff-Lemsi est vice-présidente “recherche” du C.H.R.U. de Besançon.

Le premier essai clinique sera mené en juin chez 54 patients atteints du cancer du poumon. L’innovation développée au C.H.R.U. de Besançon a été saluée au niveau national. Le vaccin doit prémunir d’une éventuelle rechute. Une première contre le cancer Des chercheurs bisontins testent un vaccin thérapeutique anti-cancer Recherche

C’ est une prouesse dans le domaine de la recherche médi- cale. Mais ce n’est pas - encore - le “vaccin” qui pro- tège ou prévient du cancer. Les professeurs Olivier Adotevi (oncologue), Virginie Westeel (pneumologue), Christophe Borg (oncologue), tous membres du C.H.R.U. de Besançon, ont réa- lisé une avancée majeure dans le traitement du cancer. En

confère un pouvoir d’immortalité aux cellules cancéreuses et qui est présente dans la majorité des cancers. Ils ont présenté le fruit de leur recherche le 2 février : “Comme je l’explique à mes élèves de médecine, notre vaccin ne stimule pas les soldats qui combattent le cancer mais donne l’information aux officiers qui coordonnent de manière effi- cace la lutte contre la cellule tumorale. Ils aident ainsi la chi- miothérapie” image le profes- seur Christophe Borg. En juin 2015, 54 patients volon- taires atteints d’un cancer du poumon testeront cet essai cli- nique sous certaines conditions. Les malades sont issus des hôpi- taux de Besançon, Strasbourg, Paris, Dijon. La durée du trai- tement est estimée à un an. Un brevet protégeant l’invention a été déposé par un consortium comprenant l’hôpital et l’Université de Franche-Com-

té. L’équipe franc-comtoise a d’ailleurs été primée par les C.H.U. de France pour avoir créé ce vaccin universel “d’immunothérapie antituto- marale consistant à réactiver le système immunitaire de l’hôte pour combattre le cancer” détaille le P r Virginie Westeel. “Il pour- rait être utilisé dans plusieurs cas, poursuit le P r Olivier Ado- tevi qui a quitté Paris pour Besançon il y a six ans. Pour des personnes qui ont des cancers déjà opérés en stimulant le sys- tème immunitaire à des fins thé- rapeutiques et pour empêcher une récidive de la maladie” dit- il. Les chercheurs savent que la destruction de tumeurs avec cer- taines chimiothérapies permet au corps de réagir contre la tumeur en reconnaissant cette dernière comme étrangère et dangereuse. Le système immu- nitaire du patient s’active alors

Christophe Borg, Virginie Westeel et Olivier Adotevi, à l’origine du vaccin anti-cancer.

en complément de l’effet de la chimiothérapie. Actuellement en phase 1 des essais cliniques, l’équipe a été soutenue financièrement par les collectivités et le C.H.R.U., le ministère desAffaires sociales au titre du programme hospi- talier de recherche clinique. Environ 600 000 euros ont été nécessaires pour arriver à ce niveau de compétence. Les résultats du vaccin seront connus d’ici trois ans et de nou- velles perspectives sont déjà envisagées comme l’évaluation

de l’efficacité du vaccin à d’autres types de cancer, le développe- ment d’un test immunologique permettant d’identifier les patients qui tireront bénéfice du vaccin d’abord testé clini- quement sur le cancer des pou- mons. L’équipe médicale rap- pelle que ce dernier représente la première cause de décès par cancer dans le monde. “Avec 39 400 cas nouveaux en 2014 en France, le cancer du poumon se situe au 4ème rang des cancers. Il est en constante progression chez la femme. En matière de

cancer, seul un diagnostic pré- coce autorise une chirurgie cura- trice. Or, les symptômes du can- cer du poumon apparaissent à un stade avancé de la maladie” , témoigne le professeur Virginie Westeel. Ce vaccin représente une por- te ouverte vers la guérison, une chance supplémentaire pour les malades. Les essais cliniques terminés, il faudra trouver d’éventuelles collaborations industrielles pour le démocra- tiser. E.Ch.

l’espace de trois ans, avec leurs équipes de recherche basées à l’hôpital Min- joz, ils ont mis au point l’UCPVax, nom donné à leur vac- cin anti-cancer innovant ciblant la télomérase, une forme d’antigel qui

“Il réactive le système immunitaire.”

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online