La Presse Bisontine 162 - Février 2015

La Presse Bisontine n° 162 - Février 2015 L’ÉVÉNEMENT TOUT BESANÇON AVEC CHARLIE

Des milliers de “Charlie” Besançon Une mobilisation historique Le 10 janvier, 25 000 personnes sont descendues dans la rue à Besançon pour dire que les fondations de la démocratie sont solides et qu’elles tiendront face à la barbarie. Le samedi 10 janvier restera pour Besançon une date historique. Ce jour-là, près de 30 000 citoyens ont déferlé dans les rues pour crier “non au terrorisme.”

P artout la foule, compacte, sur les places, dans les rues : une foule émue, recueillie, saisis- sante par son silence, qui ne répondait ce jour-là qu’à un seul nom : “Je suis Charlie”. Samedi 10 janvier, plus de 25 000 personnes étaient réunies au centre-ville de Besançon. Elles sont venues spontanément pour dire leur indignation suite à l’atten- tat du 7 janvier perpétré au siège de Charlie Hebdo à Paris. Lors de cette opération punitive, deux terroristes ont abattu douze personnes dont les caricaturistes Charb, Cabu, Tignous,

en 2006 des caricatures de Mahomet. Dans la foule, Nathalie a fait le dépla- cement pour défendre la liberté d’ex- pression “dans ce pays qui est le mien. Je veux que mes enfants grandissent avec la certitude que cette liberté est acquise.” Un peu plus loin, Jeannine, 70 ans, voulait être là aussi aux côtés d’autres anonymes réunis pour une même cause sans distinction de cou- leur de peau ou de confession religieuse. “Je suis ici pour exprimer ma solida- rité envers les familles des victimes, mais aussi pour défendre la liberté d’ex- pression et entrer en résistance contre

Wolinski, Honoré, ainsi que deux poli- ciers. Ce crime abject a ému les Fran- çais et des millions d’autres personnes à travers le monde. Soudain, c’est la liberté d’expression, valeur fonda- mentale de la République démocra-

tique qu’on assassinait. Les auteurs de Charlie Hebdo ont payé de leur vie leur impertinence et leur liberté de ton à laquelle ils n’ont jamais renoncé malgré les menaces qui pesaient sur eux depuis la publication

“Je crains l’escalade.”

Le cortège était censé être conduit par les journalistes et les policiers. Mais ce sont les politiques qui ont l’ont mené.

ter une réponse à la hauteur de la menace. “Nous allons nous mettre à table avec tous les dignitaires religieux de la région pour trouver des outils pédagogiques afin de sauver les jeunes. Nous devons nous attaquer à la raci- ne du mal. Le terrorisme se cultive tou- jours sur un terreau de misère. Nous ne pouvons rien faire pour ceux qui en sont atteints, mais sauvons ceux qui peuvent l’être encore” clame-t-il avec force. Un peu plus loin Sfiya, une jeu- ne femme voilée est venue avec ses enfants en brandissant une pancarte sur laquelle est écrit “Le terrorisme n’a pas de religion”. “Je suis Françai- se” précise-t-elle, comme si elle avait éprouvé le besoin de se justifier sur son identité. “Lorsque j’ai appris ces attentats, j’étais très en colère.” Elle aussi voulait être là aux côtés de mil- liers d’autres personnes qui sont des- cendues dans les rues bisontines pour montrer que les valeurs de la démo- cratie ont des fondations solides.

ce fanatisme qui méprise la valeur de la vie humaine. Maintenant, je crains l’escalade. Je suis inquiète des consé- quences de ce crime qui peut provoquer des tensions entre les communautés. Je crains que les Français musulmans fassent l’objet de persécutions” redou- te la septuagénaire qui arbore une éti- quette “Je suis Charlie”. Le 10 janvier, les représentants de toutes les confessions religieuses locales avaient pris place à l’avant du cortè- ge. Parmi elles, Tahar Belhadj, prési- dent de la Fédération Régionale Franche-Comté-Alsace de la Grande Mosquée de Paris n’a pas caché son émotion. “Je suis bouleversé pour ces pertes humaines” a-t-il confié avant d’exhorter les musulmans à condam- ner ces attentats autant que l’idéolo- gie pour laquelle ils ont été perpétrés. “Se taire, c’est consentir. L’islam, ce n’est pas cela. C’est un message de paix et de fraternité” poursuit Tahar Belhadj estimant qu’il faut maintenant appor-

Tahar Belhadj (au centre), président de la Fédération Régionale Franche- Comté- Alsace de la Grande Mosquée de Paris : “Se taire, c’est consentir.”

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