La Presse Bisontine 162 - Février 2015

LE PORTRAIT

39 La Presse Bisontine n° 162 - Février 2015

PARIS

Le prix Louis-Pergaud Le plus Bisontin des Parisiens Originaire de Franois, Pierre Gérard préside l’association des Francs-Comtois à Paris. Une institution historique qui décerne notamment tous les ans le prix Louis-Pergaud.

D emandez à Pierre Gérard quelle est à ses yeux la plus belle ville du monde. Il répondra, avec le plus grand sérieux : “Besançon. Avec son site, c’est une ville qui ne ressemble à aucune autre. Quand je dis que c’est la plus belle ville du monde, ça fait rire certains, mais pas tout le monde…” ! Chauvin ? Sans doute, mais il l’assume pleinement, lui dont le père était de Chemaudin, lui qui est né à Franois, y a fait son école primaire avant de suivre ses études au lycéeVictor-Hugo de Besan- çon puis un cursus universitaire d’histoire et de lettres classiques, toujours à Besançon. C’est pour raisons professionnelles qu’il “s’exilera” en région parisienne où il y fera toute sa carrière de fonctionnaire territorial, jusqu’à sa retraite en 2009. Sa région natale a toujours sommeillé en lui, prête à se réveiller. C’est à Massy, dans l’Essonne, qu’elle ressurgira quand il a créé “une petite association de Francs-Comtois en Esson- ne. Dans ce département, il y a beaucoup de gens originaires de Franche-Comté. Le souci, comme avec tous les Francs-Comtois, c’est qu’ils ne dévoi- lent pas facilement. J’ai donc créé cette premiè- re association pour tenter de les rassembler” se souvient Pierre Gérard. En 1995, l’initiative de Pierre Gérard prendra

une nouvelle dimension puisque cette année-là, ce féru d’histoire obtient le prix Louis-Pergaud, décerné tous les ans depuis 1953 par l’association des Francs-Com- tois à Paris. Il est récompensé pour son ouvrage “Balthazar le tenace” qui raconte l’histoire de Balthazar Gérard, l’assassin de Guillaume d’Orange des Pays- Bas au XVI ème siècle. C’est à cet- te occasion que le président de l’association des Francs-Comtois à Paris Jean-Octave Allemand propose àPierreGérard de prendre sa succession.Voilà bientôt 20 ans que ça dure. C’est une vieille institution que préside Pierre Gérard. L’association des Francs-Comtois à Paris est née en 1892 dans la mouvance des cercles républicains qui se sont créés à Paris après la Commune. “L’association s’intitule des Francs-Comtois à Paris et pas des Francs-Comtois de Paris. La nuance est très importante. Tous

“La fusion des régions n’est pas une perte d’identité.”

Pierre Gérard était à Besançon le 9 décembre dernier pour la remise du prix Louis-Pergaud à Bernard Kudlak, le fondateur du cirque Plume, pour son “Abécédaire du cirque Plume” (photo C.G. 25 - M. Pardonnet).

qui unit tous ces expatriés, c’est un magazine que l’association publie tous les deux mois, “La Franche-Comté vue d’ailleurs”. “Notre intérêt est de promouvoir la Franche-Comté par tous les moyens et sous toutes ses formes” note Pier- re Gérard qui connaît sur le bout des doigts les spécificités de notre région, à tel point que “je suis capable, rien qu’à l’accent, de distinguer un Bisontin d’un Pontissalien, d’un Dolois ou d’un Belfortain” sourit-il.À l’image des Bretons (qu’il connaît bien pour être marié avec une Breton- ne), Pierre Gérard constate que les Francs-Com- tois sont “des gens assez déterminés qui ne chan- gent pas d’avis comme ça.” Des têtes dures ? Alors comment abordent-ils la sensible ques- tion de la fusion avec la Bourgogne selon Pier- re Gérard. “En ce qui me concerne, j’estime que cette fusion n’est pas une perte d’identité, il ne faut pas la craindre. Notre association a été créée

ses membres sont originaires de Franche-Com- té” note Pierre Gérard qui en est le 13 ème prési- dent de l’histoire. Son but : relancer les activi- tés d’une association qui était, c’est vrai, un peu tombée en sommeil dans les années quatre- vingt-dix. “Les heures de gloire de l’association, c’était dans les années soixante. À l’époque, il suffisait de claquer des doigts pour avoir 400 personnes à un banquet.Aujourd’hui, c’est beau- coup plus compliqué de faire venir les gens,mais c’est comme dans toutes les associations” consta- te-t-il. L’association des Francs-Comtois à Paris compte tout de même une centaine d’adhérents, la plupart anonymes, d’autres plus connus à l’image de l’écrivain André Besson, de la comé- dienne Lola Sémonin, de la sculptrice juras- sienne Nacéra Kainou ou de l’acteur-écrivain Michel Dodane. “Il y en a même qui sont désor- mais installés aux États-Unis.” Le lien régulier

en 1892, bien avant que la Franche-Comté soit une région administrative. Si on prend un peu de hauteur, ce qui fonde notre identité, ce n’est pas une frontière administrative, c’est savoir d’où on vient, c’est notre terroir, pas notre région administrative.” Cette année, l’actualité de l’association des Francs-Comtois à Paris tournera notamment autour de la commémoration du centenaire de la mort de Louis Pergaud, un des plus illustres Francs-Comtois de l’histoire. “Nous allons ins- taller une stèle à l’endroit précis où il est mort pendant la première guerre mondiale.” L’association des Francs-Comtois à Paris s’occupe donc d’entretenir la flamme de l’histoire. Elle fait tout également pour que l’âme franc-com- toise reste bien vivante. Son président y veille. J.-F.H.

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