La Presse Bisontine 162 - Février 2015

LE GRAND BESANÇON 30

La Presse Bisontine n° 162 - Février 2015

VALDAHON

Restrictions budgétaires Le camp militaire perd 80 hommes Le 13 ème régiment du génie de Valdahon perd 80 hommes sur un effectif de 1 030 personnes en 2015. Un coup dur. Alors que 500 soldats rentrent d’opérations, un sous-lieutenant a été gravement blessé début décembre en Afghanistan.

I ls ont passé Noël et Nouvel An auprès de leurs proches. C’est sans doute le plus beau cadeau pour les 500 militaires du 13 ème régiment du génie du Valdahon qui étaient en 2014 déployés en opérations extérieures. Le dernier contingent est rentré à la fin de l’année. “Il n’y a plus que trois personnes à l’extérieur” témoigne le

capitaine Pascal Langlet, officier supé- rieur adjoint au 13 ème R.G. Le régiment ne sort pas indemne des missions menées auMali, Centrafrique, Liban, Tchad, Afghanistan. S’il n’y a heureusement pas eu de perte humai- ne, le sous-lieutenant Yann Pollet a été blessé mardi 2 décembre lors d’une opération enAfghanistan. Il a été ampu-

té de la main gauche après qu’un engin explosif a explosé lors d’un transfert de munitions. Rapatrié en urgence en France avec un autre membre du régi- ment qui l’accompagnait, il a été soi- gné à l’hôpital militaire de Percy. Ses jours ne sont pas en danger. “Une enquê- te est en cours mais apparemment, il n’y a pas eu de fautes, témoigne le capi- taine. Cela rappelle que notre métier n’est pas sans risque même si nous savons faire…” Une cellule psycholo- gique a été mise en place. Professionnels, les militaires valda- honnais sont conscients des risques mais cet événement rappelle cette dou- loureuse réalité. Davantage de guerres, moins de moyens et moins d’effectifs. C’est à cette équation insoluble que le ministère de la Défense et les mili- taires sur le terrain sont confrontés tous les jours. Valdahon, jusque-là épargnée, perdra cette année 80 militaires sur un effec- tif total de 1 030 hommes. Rappelons que le ministère de la Défense projet- te à terme de réduire de 35 000 hommes l’effectif global de l’armée. “Pour cela, il y a deux leviers : moins de recrute- ments et une incitation aux départs volontaires pour l’encadrement, les sous-officiers et officiers” dit le mili- taire. D’un point de vue général, la situation pour 2015 reste préoccupante. Main- tenu (sur le papier) à 31,4 milliards d’euros, le budget alloué à la Défense prévoit 2,4 milliards d’euros de recettes

dites exceptionnelles, théoriquement liées à la vente d’actifs immobiliers. Or, le ministère le reconnaît, celles-ci ne seront pas au rendez-vous. Du coup, le ministre Jean-Yves Le Drian cherche des solutions alternatives. Parmi les-

leasing . Comme le rappelait le géné- ral Pierre de Villiers devant les dépu- tés en octobre dernière, “il n’y a pas de gras dans nos armées, on attaque le muscle, alors que la situation sécu- ritaire se dégrade !” Loin de ces tractations, les forces val- dahonnaises s’entraînent. Dirigés par le colonel Alban Magon de la Villehu- chet, les militaires seront à la fin de l’année en Nouvelle-Calédonie puis en 2016 aux Antilles françaises. Le camp, lui, restera un lieu privilégié pour la formation des nouvelles recrues. En moyenne, 700 jeunes apprennent le métier. Ils passent ici du statut de civil à celui de soldat.

quelles la création de “sociétés de projet. L’État vendrait du matériel logistique (type avion de transport ou hélicoptère de patrouille maritime) à des sociétés privées aux- quelles il verserait ensui- te un loyer pour conti- nuer de les utiliser…” L’armée va utiliser le

Fin 2015, direction la Nouvelle- Calédonie.

Le capitaine Pascal Langlet, au 13 ème régiment du génie de Valdahon, perdra 80 hommes en 2015 en raison des restrictions budgétaires.

POLITIQUE

Jean-Pierre Gurtner “La montée du Front National m’inquiète”

Conseiller général du canton de Levier, Jean-Pierre Gurtner a décidé de ne pas se représenter. La réforme territoriale qui va modi- fier en profondeur le mandat dont seront investis les futurs conseillers départementaux est une des raisons qui l’ont poussé à arrêter.

généraux à l’égard de leurs conci- toyens. Lors des élections régio- nales, on vote des listes, avec une tête de liste qui une fois élue va installer aux responsa- bilités des personnes qui n’auront pas forcément les com- pétences requises pour s’occuper, par exemple, d’économie. Elles n’auront peut-être pas non plus la pertinence qui résulte d’une capacité à innover. Alors que notre démocratie réclame des gens de terrain, nous allons mettre en place des gens d’appareil.

ancrés dans la réalité sociale et territoriale. La réforme territo- riale telle qu’elle a été imagi- née, va éloigner les élus du ter- rain et ouvrir de nouvelles brèches pour le F.N. qui tient un discours de proximité. L.P.B. : Est-il possible d’empêcher la montée du F.N. et comment ? J.-P.G. : Notre crédibilité passe- ra par une suppression de la technocratie qui est devenue trop lourde, non réactive. Elle est aussi zélée que frileuse. Or, c’est l’administration qui a le pouvoir dans ce pays, pas les élus. On en arrive à des situa- tions où personne n’est respon- sable, c’est ce qui tue la démo- cratie autant que la politique. Ce qui nous tue aussi, c’est cet- te forme d’impérialisme de l’élite politique et de sa cour. Elle se revendique de De Gaulle, le mythe du sauveur qu’elle entre- tient. Mais nous ne sommes plus dans une génération d’élus sau- veurs. Propos recueillis par T.C.

L a Presse Bisontine :Vous faites partie des conseillers géné- raux qui ont décidé de ne pas se représenter. Qu’est-ce qui a motivé votre décision ? Jean-Pierre Gurtner : La réforme territoriale me semble très com- pliquée. Aujourd’hui, je travaille sur 15 communes dans le can- ton de Levier. Mes successeurs en auront 57. C’est énorme. Le plus difficile sera de conserver avec les communes le lien de proximité qui fait la richesse de ce mandat. Cette idée de mettre en place des équipes de quatre élus géographiquement repré- sentatives de ces nouveaux ter- ritoires me paraît complexe. Je ne me voyais pas évoluer dans ce système-là qui va obliger les élus à trop de déplacements s’ils veulent maintenir ce lien de proximité essentiel à mes yeux. L.P.B. : Les cantons sont plus étendus, et le portefeuille de compétences des futurs Départements sera très proba- blement réduit à compter de 2017. Le

regrettez-vous ? J.-P.G. : Je trouve hallucinant que l’on envisage de transférer aux Régions la compétence écono- mique et la compétence route du Département. Le conseiller général est un des élus les mieux placés pour défendre le déve- loppement économique de son territoire car il est en contact permanent avec le terrain. Je trouve cette idée révoltante car l’économie et les routes sont les deux nerfs de la guerre enmilieu rural. Il est probable que le tou- risme et la culture soient éga- lement transférés à la future grande région. L.P.B. : En quoi est-ce un problème que ces compétences soient transfé- rées aux Régions ? J.-P.G. : Le problème avec les conseillers régionaux est qu’on risque de se retrouver en pré- sence d’élus éloignés des pro- blématiques de terrain. Nous allons perdre le pragmatisme dont font preuve les conseillers

L.P.B. : Il est possible qu’un canton au moins bascule à l’extrême droite dans le pays de Montbéliard. Comment percevez-vous la pous- sée du F.N. ? J.-P.G. : La montée du Front National m’inquiète. Beau- coup de gens sont prêts à donner leur voix au F.N. non pas par adhésion mais par révolte. Petit à petit, on franchit des marches qui ne font plus peur à personne et qui gagent une caté- gorie d’électeurs jeunes, actifs, bien

“Le conseiller général est un des élus les mieux placés.”

Jean-Pierre Gurtner n’a pas supporté de voir son canton de Levier dépecé par la réforme territoriale.

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