La Presse Bisontine 162 - Février 2015

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 162 - Février 2015

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FUSION DES RÉGIONS Le président de la Bourgogne François Patriat “Je me sens Burgo-Franc-Comtois”

François Patriat, ici aux côtés de Marie-Guite Dufay, s’est déplacé à Besançon à la rencontre des élus régionaux pour évoquer la fusion.

L a Presse Bisontine : Jeudi 18 décembre, vous étiez dans la salle Edgar-Faure du Conseil régional de Franche-Comté pour présenter la synthèse du Livre blanc de la fusion, une réforme prévue au 1 er janvier 2016. La salle Edgar-Faure serait-elle un lieu adapté à la futu- re assemblée bourguignonne et franc-comtoise ? François Patriat : Inexorablement, la future assemblée siégera dans les deux villes. Elle devra le faire naturellement et le fera autour de thématiques intéressantes comme la transition énergétique, l’industrie, l’éducation, la formation. Elle sera pré- sente dans les deux territoires. Besançon une ville martyre. L’homme politique, habile, “veut marcher pour avancer.” Pour la question de la capitale, sa réponse est claire… Le président de la Bourgogne en opération séduction pour la fusion des deux régions. Pour François Patriat, la réforme ne fera pas de Dijon une ville gagnante et de

a pas cette crainte d’une petite région qui puisse être annexée par une grande. Éco- nomiquement, nous sommes équivalents mais la Franche-Comté en terme d’innovation, d’industrie, a des longueurs d’avance sur la Bourgogne. L’idée est que nos deux capitales grandis- sent ensemble. Imaginez l’apport des patri- moines U.N.E.S.C.O. : lorsque nous incor- porerons ces sites, les personnes viendront dans les deux villes car nous créerons des mobilités communes. L.P.B. : Que représente réellement pour vous cet- te fusion ? F.P. : Que nos deux villes et deux capitales grandissent ensemble. La réforme ne fera pas de Dijon une ville gagnante et de Besan- çon une ville martyre. Je crois à la logique du marcheur : pour avancer, il faut mar- cher. L.P.B. : Certes, mais il n’y aura qu’une capitale… F.P. : Le processus démocratique débute en 2015 avec un débat infra-territorial à l’issue duquel le gouvernement décidera. Le pro- cessus n’est pas clos. Avec Marie-Guite Dufay, qui travaille de manière participa- tive, d’ailleurs plus qu’en Bourgogne, nous éviterons les faux écueils et les faux débats. Il faut que la raison l’emporte sur la pas- sion. L.P.B. : Finalement, cela vous arrange bien que Paris décide du choix de la capitale régionale. F.P. : Si nous devions décider ici, est-ce que j’imagine qu’une des deux assemblées vote contre sa ville ? Sans doute pas ! Il faut à un moment qu’il y ait un arbitre. L’arbitre sera donc l’État qui est le garant de l’équité des territoires. Je lui fais confiance. L.P.B. : Avec le risque que Besançon ne devienne une sous-préfecture… F.P. : Je n’admets pas ce terme de sous-pré- fecture. Est-ce que Clermont-Ferrand est la sous-préfecture de Lyon comme Gre- noble le serait ? Pourquoi ces villes qui sont

à moins d’heure chacune l’une de l’autre ne seraient pas moins attractives dans la mesure où l’on répartira les moyens, les services et les personnels de manière équitable sur les territoires. Dans un canton rural, un petit village ne discute pas du chef-lieu de canton et ne se sent pas pour autant abaissé.

dans vos comptes de campagne. Que répondez- vous ? Êtes-vous candidat pour présider la future Région ? F.P. : Pour avoir des comptes de campagne, encore faut-il être candidat ! Pour l’instant, je ne suis pas candidat. Les candidatures ne sont pas décidées. Quant à la synthèse du Livre blanc, il informe, c’est différent. Ce n’est pas un document à la gloire de Marie-Guite Dufay ou de François Patriat. C’est un document d’information et de consultation car les citoyens s’interrogent de savoir où sera la D.R.A.C., Pôle Emploi, où sera demain le siège des incubateurs, comment fonctionneront les universités, comment vont se rapprocher nos centres de santé. Les citoyens ont le droit de savoir. On reproche trop souvent au gouverne- ment d’imposer cette réforme et de ne pas informer. On ne peut pas nous reprocher de vouloir l’expliquer. Ce n’est pas un docu- ment de campagne mais de travail. Propos recueillis par E.Ch.

Bio express Né le 21 mars 1943 à Semur-en-Auxois. Il est marié et père de deux enfants. Vétérinaire de formation, il a exercé à Pouilly-en-Auxois. Milite depuis 1974 au P.S. après avoir quitté, en compagnie de Michel Rocard, le Parti socialiste unifié (P.S.U.). Depuis le 2 avril 2004, il est président du Conseil régional de Bourgogne, fonction dans laquelle il a succédé à Jean-Pierre Soisson, après la victoire de sa liste aux élections régionales le 28 mars. Depuis le 21 septembre 2008, il est sénateur de la Côte-d’Or.

“Je n’admets pas ce terme de sous- préfecture.”

L.P.B. : Vous ne serez donc ni suzerain, ni vassal ? F.P. : Sans doute pas. Je me sens Burgo- Franc-Comtois. J’ai de la passion pour ce territoire pour ne pas m’intéresser aux deux. J’ai moi-même de la famille en Franche-Comté (Saint-Loup-sur-Semou- se) et je pêchais dans la Lanterne. L.P.B. : L’opposition franc-comtoise (U.M.P.) vous accuse de ne pas compter cette communication

Trois questions à Marie-Guite Dufay “Que le choix de candidature se fasse le plus tard possible”

L.P.B. : À Besançon, vous avez mesu- ré la peur de certains politiques de voir la Franche-Comté annexée par la Bourgogne. Dites-nous pourquoi chez vos opposants en Bourgogne il n’y a pas cette crainte d’être “cro- qués” par le voisin ? F.P. : Peut-être parce que l’on pourrait penser que le choix d’une capitale entraînera des migrations. Or, Lyon sera tou- jours plus grand que Dijon et Paris plus grand que Lyon… En Bourgogne, c’est vrai, il y a moins d’inquiétudes car il n’y

“L’État jouera le rôle d’arbitre.”

L a Presse Bisontine : Fran- çois Patriat a-t-il convain- cu ou rassuré ? Marie-Guite Dufay (présidente de la Région Franche-Comté) : Convaincant, il l’est tou- jours. Rassurant, c’est plus dur : il y a ceux qui ne veu- lent jamais être rassurés. Je veux que l’on sorte des postures. Maintenant, il faut avancer et heureuse- ment que nous n’avons pas

attendu 2015 car il y a beau- coup de travail. Nous avons la responsabilité pour qu’en 2016 les choses soient le plus fluides possible car c’est compliqué. L.P.B. : Que vous inspire la can- didature d’Alain Joyandet (U.M.P.) ? M.-G. D. : Il vient de se faire élire sénateur et se décla- re candidat. Je suis en ques-

tionnement car je suis pour le non-cumul. C’est une ambition légitime mais il devra choisir. L.P.B. : Serez-vous candidate ? M.-G. D. : Cette question ne se pose pas. Je demande que les choix se fassent le plus tard possible car je veux mener mon action au bout.

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