La Presse Bisontine 159 - Novembre 2014

32 LES NOUVEAUX VISAGES DE LA VIE PUBLIQUE

La Presse Bisontine n° 159 - Novembre 2014

BESANÇON

Un des deux élus F.N. du conseil

Julien Acard lâche ses coups sur le ring politique Novice en politique mais rompu à l’exercice de la

communication, le nouvel élu du Front National s’est fait remarquer au conseil municipal pour ses interventions pragmatiques, ou démagogiques selon certains. Ce Bisontin d’origine s’en défend. À 27 ans, il explique comment il est arrivé au Front National et ce qu’il entend faire pour Besançon, “sa” ville.

B onne bouille, large sourire, barbe de deux jours taillée au cordeau et costume impeccablement repassé. “Oui, je suis comme tout le monde, coupe Julien Acard, nouvel élu du Front National à la Ville de Besan- çon. Je mange, je fais mes courses, j’ai des amis, je parle à du monde et j’ai même été bénévole durant trois ans dans l’O.N.G. Terre des hommes.” L’homme épaissit le trait, histoire de balayer d’entrée les fausses images ou étiquettes, qui, lorsqu’elles sont collées, ont bien du mal à se décoller. C’est encore plus vrai à Besançon où le Front National fait son retour dans la vie politique municipale après les élec- tions de 2001. Le F.N. n’est pas en odeur de sain- teté. La preuve, “des élus de lamajo- rité ne nous disent même pas bon- jour comme Patrick Bontemps par exemple” regrette le jeune élu. “C’est une façon de mettre la pression, répond Sophie Montel. Mais Julien sait la supporter” commente sa res- ponsable politique à l’échelon régio- nal qui a appris à le connaître depuis

2012 et le début de son engage- ment. Julien se dit républicain et ne comprend pas cette façon de fai- re, qui n’est pas la sienne. L’opposition d’idées ne doit pas occulter le respect. “On nous dit que l’on attise les peurs ! C’est faux. Regardez au dernier conseil muni- cipal, c’est notre groupe qui a fait remarquer au maire que la ville avait supprimé la subvention de 5 000 euros à la S.P.A. de Besançon alors qu’elle a une mission de ser-

vice public. Il l’a découvert et a pro- mis d’y réfléchir. On travaille dur mais on ne se plaint pas comme l’U.M.P. qui pleure de ne recevoir les dossiers que trop tardivement… Qu’ils se mettent au boulot !” JulienAcard se lais- se rarement démon- ter. P.S. ou U.M.P., il taille à tout va. Il l’a prouvé en tenant tête au maire Jean-

“Aidons déjà les structures de Besançon !”

Julien Acard, le nouvel élu du Front National à Besançon.

est récent. Déçu du Sarkozysme, il tombe dans les bras de Marine Le Pen en 2012. “C’est grâce à elle que j’ai pris ma carte” évoque-t- il après coup. Son “coming-out” politique lui a valu de perdre quelques amis. “Aujourd’hui, c’est l’effet inverse : beaucoup viennent nous voir car ils croient en nous.” Sa vie, rythmée entre le profes- sionnel et le politique laisse peu de place à l’amusement. Julien ne s’en plaint pas. Objectif, peut-être prétentieux pour certains : “que le F.N. remporte les prochaines élections.” Si Besançon reste ancrée à gauche, les élus frontistes sem- blent avoir les dents longues. Excès de confiance ? “Marine Le Pen prend en compte les fonctionnaires délaissés. Nos résultats aux Euro- péennes prouvent que nous sommes ancrés. On va convaincre encore car nos idées progressent” souffle le Bisontin. Julien Acard confie ne pas avoir de plan carrière poli- tique. “Pas besoin de cela pour vivre.” Il fait pourtant parti des “cadres” du R.B.M. appelé à prendre des galons. Fougueux, Julien Acard dit bien se complé- ter avec Philippe Mougin “plus carré.” Il pourra aussi lui donner quelques conseils en communi- cation… Nouveau sur l’échiquier, Acard assume ses choix lorsqu’il refuse une subvention à une association étrangère ou au Cirque Plume. “Quand on accorde une subven- tion de 120 000 euros au Cirque Plume sur 3 ans, alors qu’ils ne font que quelques dates à Besan- çon début 2013, ça revient à finan- cer toute leur tournée. Ce n’est pas du populisme. Si nous avions une croissance à deux chiffres, on pour- rait donner à des associations qui ne sont pas de Besançon. Regar- dons déjà chez nous.” Et au mai- re qui lui reproche de voter contre des projets (N.D.L.R. : subvention à une association de gérontolo- gie), Acard répond “qu’(il) aime les vieux et les animaux…” Pro- vocateur, certes, mais constructif dit-il. Julien fait du Marine. Il dédiabolise le F.N. E.Ch.

Louis Fousseret qui a perdu son sang-froid au conseil municipal de septembre lors de l’évocation de la réforme territoriale. Sophie Mon- tel a très vite remarqué son dyna- misme : “Il est piquant, commente l’élue régionale. Il ne suffit pas de se faire élire et de ne plus rien dire.

Julien a vite compris comment le conseil municipal fonction- nait et forme un bon binôme avec Philippe Mougin. Julien a la fougue. Philippe tempère” dit- elle. Aidé par un verbe facile, Acard distille une communication bien huilée. Ce n’est pourtant pas celle du F.N. Alors que le parti fondé par Jean-Marie Le Pen usait ou abusait de candidats parachutés qui n’y connaissaient rien aux questions locales, il est Bisontin et se revendique du terrain. Le politique réside dans le quar- tier de Saint-Claude, a travaillé pour des sociétés locales afin d’y développer le marketing, la com- munication ou les ressources humaines. D’abord en stage à l’U.R.S.S.A.F., puis à l’Union des commerçants de Besançon (2006 à 2008) où il a appliqué les déci- sions de sa hiérarchie en com- battant le tram, il a développé la communication d’un désor- mais célèbre chocolatier bison- tin (Le Criollo) ou a dernière- ment collaboré avec l’entreprise qui gère le réseau de transport Tram et bus du Grand Dijon. À 27 ans, il plaque tout pour créer son entreprise dans l’accompagnement à la recherche d’emplois. L’étiquette F.N. ou R.B.M. (Rassemblement Bleu Marine) peut-elle nuire dans la vie de tous les jours ? “Je crée ma société car j’en ai envie, mais aussi pour garder ma liberté de parole” concède-t-il. Son arrivée aux côtés de Phi- lippe Mougin, tête de liste “Besançon Bleu Marine” aux dernières municipales, s’est fai- te en deux temps. Il a rempla- cé la deuxième sur la liste qui n’a pas pu prendre sa déléga- tion pour des raisons person- nelles. “Dès le début, on nous a taxés de ne pas respecter la pari- té. Or, c’était bien une décision personnelle. Et à la question de la parité, je réponds l’âge… Regardez la moyenne d’âge du groupe P.S. !” Son engagement en politique

Bio express Julien Acard Age : 27 ans. Né à Besançon. Il réside dans le quartier Saint-Claude. Titulaire d’un D.U.T. Techniques de commercialisation et d’un Master en Économie et Gestion, il vient de créer sa société en accompagnent à la recherche d’emploi. Élu pour la première fois en mars 2014. Il est encarté au Front National depuis la présidentielle de 2012.

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