La Presse Bisontine 159 - Novembre 2014

LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n° 159 - Novembre 2014

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APRÈS LES SÉNATORIALES Interviews croisées

U.M.P. - Jacques Grosperrin Deux sénateurs pour la région de Besançon “On ne m’a fait aucun cadeau” Le sénateur Grosperrin découvre la chambre haute avec une première mission qui devrait lui être confiée : l’évaluation de la réforme des rythmes scolaires. Il compte bien peser éga- lement sur la politique départementale et… bisontine.

J.G. : Ceux qui disent cela sont ceux que je gêne. Et si je les gêne, c’est par- ce que je n’ai pas le profil-type d’un élu de droite. Je suis prof, je suis très bien intégré dans le milieu associatif, sportif, ça gêne certaines personnes de gauche qui ont l’impression que je marche sur leurs plates-bandes. Mais je suis allé chercher tout seul mes vic- toires électorales, on ne m’a fait aucun cadeau. En politique, la ténacité et le courage payent, c’est comme dans la vie. Maintenant, je me mets au travail au Sénat, je viens d’être élu secrétai- re de la commission culture et éduca- tion. Mes pairs doivent me confier une mission sur l’évaluation de la réforme des rythmes scolaires. L.P.B. : Un sénateur en 2014, ça sert à quoi ? J.G. : La question se pose surtout depuis trois ans pendant lesquels le Sénat a perdu son rôle de représentativité des élus locaux et d’orientation de la poli- tique nationale. C’est à nous mainte- nant de moderniser cette chambre et ça commence par des changements de personnes. Le renouvellement est néces- saire. Le Sénat était une sorte de pri- me à l’ancienneté. Il doit être à partir de maintenant une prime à la moder- nité et à l’énergie. Sur ce point, on peut compter sur mon implication. De tou- te façon, si on ne restructure pas le Sénat de l’intérieur, il le sera de l’extérieur, par le peuple. Propos recueillis par J.-F.H.

sence d’une seconde liste a changé la donne.Mais Christine va savoir rebon- dir. Elle deviendra notre tête de liste pour reprendre la majorité au Conseil général en mars prochain. Cette pers- pective-là fait consensus à l’U.M.P., mais aussi auprès des autres partis de la droite républicaine. L.P.B. : Les tensions avec Jean-François Lon- geot sont-elles retombées ? J.G. : Il a employé des mots très durs, méchants, à mon égard. Il y a quelque chose de cassé entre nous, c’est dom- mage. Au Sénat pour l’instant, nous nous saluons... de manière républi- caine.

L.P.B. : Avec cette victoire aux sénatoriales, vous êtes plus que jamais l’homme fort de la droite à Besançon. Comment comptez-vous faire fructifier cette victoire électorale ? J.G. : Je compte bien sûr peser sur la droite bisontine mais aussi sur l’ensemble de la droite départemen- tale. Je serai le chef de file de la recon- quête du Conseil général du Doubs et je pèserai bien sûr aussi sur les pro- chaines élections régionales, même si je démissionne de mon mandat de conseiller régional. Mon idée est aus- si d’accompagner pour ces futurs scru- tins les talents qui se sont découverts au sein de la droite lors des dernières élections municipales. Il y a toujours une vraie dynamique qu’il faut faire fructifier, dans l’unité. Ces sénatoriales ont été un marqueur important qui montre notamment que le Départe- ment est gagnable pour la droite. J’y crois beaucoup. L.P.B. :Votre permanence de sénateur devrait être installée en ville, avec une vitrine. En fili- grane, Besançon, vous y pensez naturelle- ment pour 2020 ? J.G. : Je suis d’abord là pour être un parlementaire assidu et à l’écoute des préoccupations de tous les élus locaux du Doubs. Mais il est bien évident que je serai aussi un acteur important de la conquête de Besançon, avec d’autres. L.P.B. : Il va aujourd’hui falloir convaincre ceux qui ne croient pas en vos compétences, que vous serez un bon parlementaire ?

L a Presse Bisontine :Voilà deux semaines que vous siégez au Palais du Luxem- bourg. Toujours une petite déception de ne pas avoir vu votre deuxième de liste Christine Bouquin élue ? Jacques Grosperrin : Sur le plan des résul- tats, avec deux tiers des voix pour la

droite dans ce département, le désa- veu est quand même cruel pour la gauche sanctionnée pour ses mauvais résultats sur le plan national. Mais en effet, la victoire aurait été beaucoup plus belle si Christine avait été élue. Elle méritait d’être sénatrice et la pré-

Au soir des sénatoriales, la co-listière de Jacques Grosperrin Christine Bou- quin était amère. Une consolation : elle sera peut- être la prochaine présidente du Conseil général du Doubs.

Réaction - Jean-François Longeot “Non, je ne suis pas encarté à l’U.D.I.” Malgré le fait que l’U.D.I. ait désigné

librage entre l’urbain et le rural. On sent véritablement une cas- sure entre ces deux secteurs. Le Sénat n’a plus l’importance qu’il avait parce qu’on l’a placé à un rang qui n’est pas le sien. Il faut rendre au Sénat ses lettres de noblesse. Il doit se saisir des dossiers qui concernent les ter- ritoires et les communes, sinon il continuera de jouer un rôle complémentaire de l’Assemblée Nationale. Je souhaite que l’on reconnaisse

que comptez-vous faire concrètement pour les collectivités locales ? J.-F.L. : Il faut jouer des coudes pour faire sa place au Sénat. Je voulais cette commission parce qu’elle est en lien avec le déve- loppement de nos territoires, je l’ai eue. Je vais me saisir des dossiers liés à l’eau, et à pollu- tion des rivières. Je vais tra- vailler sur l’aménagement de notre territoire dans le cadre, notamment, du futur découpa- ge territorial. L.P.B. : Avez-vous renoué le contact avec Jacques Grosperrin ? J.-F.L. : On se croise avec Jacques Grosperrin. À vrai dire, je l’ai assez peu vu. Quelque chose en effet est cassé entre nous. Lui m’a sans doute trouvé trop dur pendant la campagne, moi je ne l’ai pas trouvé correct. Il m’est impossible de fonctionner avec quelqu’un dans un rapport de méfiance. Propos recueillis par T.C.

Jean-François Longeot comme son candidat victorieux dans le Doubs, le sénateur dément formellement appartenir à ce parti.

L a Presse Bisontine : Pendant la campagne des sénatoriales, vous vous avez déclaré n’être le candidat d’aucun parti,reven- diquant même votre indépendance, y compris le soir de l’élection. Or, sur son site Internet, cinq jours avant le scrutin, l’U.D.I. vous annonçait com- me étant son chef de file dans le Doubs. Y a-t-il eu tromperie ? Jean-François Longeot : Là, je n’en sais rien. À mon avis, l’U.D.I. confond beaucoup de choses. Car je ne suis pas encarté à ce par- ti. Je n’ai pas de carte autre qu’à l’U.M.P. ! En revanche, ce qui est vrai, c’est que j’ai rejoint le groupe U.D.I. au Sénat, malgré les appels du pied de l’U.M.P. et en particulier du président Gérard Larcher. J’ai fait ce choix

parce que l’U.D.I. correspondait plus à l’esprit de la campagne électorale que j’ai menée sur la nécessité de défendre nos ter- ritoires ruraux et nos petites communes. Il répond plus à mes exigences. J’ai toujours dit que j’irais siéger là où la voix des ruraux serait entendue. J’ai rejoint l’U.D.I.mais je reste indé- pendant. L.P.B. : Qu’est-ce que cela signifie être sénateur en 2014, alors que la sup- pression de cette institution revient régulièrement dans l’actualité ? J.-F.L. : Souvent les sénateurs sont issus de grandes collecti- vités et le milieu rural est igno- ré. À mon sens, être sénateur en 2014, c’est porter ce rééqui-

l’intérêt du Sénat à travers l’appui qu’il peut apporter aux communes. L.P.B. : Vous êtes secrétaire de la commission du développement durable, des infra- structures, de l’équipement et de l’aménagement du territoire. À ce titre,

“Le Sénat était une sorte de prime à l’ancienneté.”

Après sa victoire aux sénatoriales, Jean-François Longeot a démissionné du Conseil général. Sa suppléante Béatrix Loizon le remplace au Département.

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