La Presse Bisontine 159 - Novembre 2014

DOSSIER

La Presse Bisontine n° 159 - Novembre 2014

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Voisins

Belfort : l’Alsace au cœur Le Territoire-de-Belfort demande des preuves d’amour

Belfort, dans l’Aire urbaine, ne devrait pas rejoindre l’Alsace même si son député-maire Damien Meslot (U.M.P.) milite “pour” avec la création du “Pôle métropolitain” intégrant Mulhouse. De son côté, le président du Conseil général Yves Ackermann demande des garanties à Marie-Guite Dufay et Michel Zumkeller (U.D.I.) “de la cohérence.”

Jura : résultats de la consultation le 24 octobre Le Conseil général du Jura a lancé en septembre une consul- tation publique auprès des Juras- siens pour savoir sʼils préfèrent que leur Département fasse par- tie de la future Région Bour- gogne-Franche-Comté ou Rhô- ne-Alpes, dans le cadre de la réforme territoriale. Le résultat de la consultation, qui nʼa pas de valeur décisionnaire, sera connu vendredi 24 octobre. Via courrier, site Internet, les Juras- siens pouvaient répondre à ces questions : “La fusion vous semble-t-elle une priorité ? Si oui, pour vous, où est la place du Jura : en Bourgogne-Franche- Comté ou en Rhône-Alpes ?”

L’ Aire urbaine Belfort- Montbéliard-Héri- court représente un tiers de la fiscalité des entreprises pour la Région. Ce sont 400 000habitants.Undépart de Belfort vers l’Alsace scinde- rait cet espace devenu le second espace industriel français. La droite veut l’Alsace Dans son bureau de l’hôtel de Ville de Belfort situé au pied du Lion de Belfort, Damien Meslot rugit de colère. “Je suis furieux de la méthode employée par Marie-Guite Dufay, sans aucu- ne concertation,explique le dépu- té-maire. Il n’y a même pas eu de pseudo-consultation dans le Territoire-de-Belfort. Un scan- dale.” Passé la colère, l’homme poli- tique U.M.P. qui a repris la Vil- le à Étienne Butzbach veut mon- trer qu’il a un temps d’avance : “On a créé un Pôlemétropolitain avec Mulhouse, Montbéliard et Héricourt. Les trois maires se sont mis d’accord : nous avons aujourd’hui 32 000 entreprises, soit le premier pôle industriel de France. On échappera donc à la Bourgogne.” Dans les faits, ce n’est pas si simple. Le Territoire-de-Belfort ne peut faire valoir le droit d’op- tion puisque son partenaire pri- vilégié qu’est Montbéliard, dans l’Aire urbaine, fait partie du Doubs. Il y a incompatibilité. Le maire belfortain veut aller vers l’Alsace. Et cela n’a rien d’une indépendance : “On ne va pasmettre des barbelés entre les départements… On veut nous intégrer de force sans avoir dis- cuté avec nous. Il ne fait pas se moquer du monde. On s’organi- se seuls.” Le Centre pragmatique Du côté de Michel Zumkeller, député-maire deValdoie (U.D.I.), avant de choisir quel découpage opéré “et de nous imposer une carte géographique, il faut réflé- chir aux compétences. Fera-t-on du développement économique ? Fusionnerons-nous les agences de développement ?”, s’interro-

ge-t-il. Pour l’élu U.D.I., il n’y a aucun intérêt de recréer une nouvelle structure “qui coûtera de l’ar- gent et qui éloignera le pouvoir de décision du citoyen. Si M me Dufay n’a pas organisé de réunion dans le Territoire, c’est peut-être qu’elle ne veut pas de nous” dit-il. Il n’est pas contre la fusion avec la Bourgogne mais dénonce une “recentralisation” voulue par l’État. Il prône des états géné- raux sur le sujet. Yves Ackermann (P.S.), ancien sénateur et encore président du Conseil général du Territoire- de-Belfort, penche pour la Bour- gogne. Pas question de diviser l’Aire urbaine en deux. S’il ne tire pas à boulets rouges contre sa famille politique basée àBesan- çon, il ne manque pas de la rap- peler à l’ordre.“Que la Franche- Comté nous donne des preuves d’amour… Nous avons dû nous battre pour notre université (l’U.T.B.M. ne faisait pas partie de l’Université de Franche-Com- té). Nous avons demandé une antenne régionale de dévelop- pement économique que nous n’avons pas eu.” Selon lui, la fusion ne permettra pas d’économie d’échelle.Etmême réunies,les deux régions ne feront - toujours - pas le poids écono- mique face au Land voisin du Bade-Würtemberg. Le président semontre prudent quant au pôle métropolitain voulu par son adversaire politiqueDamienMes- lot.“Attention aux coquilles vides” prévient Ackermann qui veut garder le pouvoir économique, celui-làmême qui a permis à l’Ai- re urbaine de créer un cercle ver- tueux enmatière d’implantation d’entreprises. General Electric est un exemple. Le Territoire- de-Belfort via son syndicat a apprivoisé cette multinationale enachetant des locaux pour ensui- te les relouer. Résultat : General Electric a implanté ses bureaux européens à Belfort. Une vallée de l’énergie se crée. E.Ch. La gauche demande des garanties

Belfort regarde vers l’Alsace mais les chances pour que le Département bascule avec Strasbourg, Metz, Nancy, sont faibles.

du 13 au 25 octobre 2014

Michel Zumkeller (U.D.I.) : “Réfléchissons aux compétences avant de réfléchir à une carte géographique”.

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