La Presse Bisontine 158 - Octobre 2014

ÉCONOMIE 36

La Presse Bisontine n° 158 - Octobre 2014

EN BREF

La tentation de Genève BESANÇON Dans le contexte économique et social actuel, le contraste est saisissant entre France et Suisse. De quoi amener quelques patrons à se demander si l’herbe n’est pas plus verte au bord du lac Léman. Et si l’air social n’y est pas plus doux.

Des entrepreneurs lorgnent sur la Suisse

Foire aux livres S.O.S. Amitié Besançon Franche-Comté organise sa traditionnelle foire aux livres d’automne vendredi 10 octobre (15 h à 19 h), samedi 11 octobre (10 h à 19 h) et dimanche 12 octobre (10 h à 17 h) au gymnase Fontaine-Écu de Besançon. Concert L’Orchestre Victor Hugo Franche-Comté entame sa saison en jouant “Pierre et le loup de Prokofiev mais aussi la suite du conte !” vendredi 3 et samedi 4 octobre au théâtre Ledoux de Besançon. Jean-François Verdier, directeur artistique de l’orchestre et Bernard Friot, auteur de livres pour la jeunesse, ont imaginé une suite à ce conte mythique. Un concert à destination des enfants, des grands enfants et des familles. Réser.: 03 81 87 85 85. Conférence-débat Auteur de “L’Illusion financière : des subprimes à la transition écologique”, Gaël Giraud, directeur de recherche au C.N.R.S. et membre de l’École d’économie de Paris, sera présent le 17 octobre à 19 h 45 à Besançon, à l’Amphi Fourier-U.E.F.R. S.J.P.G. (faculté de droit). Il animera une conférence- débat. Entrée libre.

A vec une opinion publique très remontée pour diverses raisons quand il s’agit de parler impôt et argent public, pas facile pour un patron français d’expliquer le choix de passer la frontière pour s’installer côté suisse. Gérant des cuisines Rognon à Besançon, Cyril Stefani défend sans détour cette décision clai- rement stratégique : “Il ne s’agit absolument pas de partir d’ici, au contraire. La maison-mère reste en Franche-Comté et nous créons une autre entité à Genè- ve. Le but principal est de pou- voir répondre aux appels d’offres là-bas ce qui est possible seule- ment en y étant juridiquement implanté.” Un impératif qui a déjà porté ses fruits grâce à un partenariat obtenu avec un pro- moteur pour qui la société de Cyril Stefani va fournir 65 cui- sines. Une bonne nouvelle pour ce patron désormais à cheval

entre France et Suisse qui n’élude pas la question des dif- férences économiques entre les deux pays. “Tout d’abord l’état d’esprit n’est pas le même autour de la notion même d’entreprise. Cette envie de réussir est plus présente là- bas. Et le pays contrairement à la France ne privilégie pas les grosses sociétés alors que cha-

Cyril Stefani a créé une seconde société à Genève tout en restant implanté à Besançon avec les cuisines Rognon.

cun sait que l’économie chez nous comme en Suisse tourne grâ- ce aux P.M.E.” Premier constat général du chef d’entreprise qui évoque ensuite la délicate question des charges sociales si souvent au cœur de l’actualité et considérée comme un “cadeau aux patrons” dans notre

Les chiffres parlent d’eux- mêmes.

pays : “Si je veux verser 100 euros nets à un de mes employés en France, il m’en coûtera au final 200 euros alors qu’avec ces 200 euros sortis de ma société en Suisse, j’en verse 152 euros au salarié.” Une différence enco- re accentuée par les lourdeurs administratives et la compa- raison d’un code du travail de 1 700 pages contre un autre de… 47 pages.Avec évidemment, une protection des salariés qui n’est pas la même. Quant à la ques-

tion fiscale, Cyril Stefani consta- te autour de lui un ras-le-bol général pas forcément lié à l’augmentation même : “Ça ne date pas d’il y a deux ans. Le problème est qu’il faut payer plus pour finalement en retour moins de sécurité et une protec- tion sociale elle aussi amoin- drie.” Avec un tel constat, on comprend que pour ce patron français, sans abandonner pour autant son pays d’origine, la tentation de

Genève est grande. “En plus, le marché est prometteur : si vous comptez qu’il y a 276 000 loge- ments autour de l’arc lémanique et qu’une cuisine se change en moyenne tous les 25 ans, c’est un marché de 110 00 cuisines par an sur lequel nous sommes désormais positionnés, sans compter les constructions neuves.” Avec de surcroît un pouvoir d’achat supérieur, l’avantage semble bel et bien être côté hel- vète.

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