La Presse Bisontine 157 - Septembre 2014

ÉCONOMIE 37

La Presse Bisontine n° 157 - Septembre 2014

NANOTECHNOLOGIES

Une start-up bisontine en vogue

Percipio Robotics invente une troisième main pour l’horloger Créée par David Hériban, la société basée à Témis a conçu une machine capable d’assister l’horloger dans des manipulations de pièces infiniment petites. Présente à Micronora, la start-up a vendu cet été son premier robot. Elle embauche à la rentrée deux nouveaux salariés.

I ls sont jeunes, inventifs,mais gar- dent les pieds sur terre. Instal- lés dans la pépinière d’entreprises de laMaison des microtechniques de Besançon, les 8 salariés - dont la moyenne d’âge ne dépasse pas 25 ans - de la start-up Percipio Robotics ont vécu un été particulier. Ils ont livré en Écosse leur premier robot. Le début d’une histoire commerciale qu’ils espè- rent la plus longue possible. “C’est une

université écossaise qui nous l’a ache- té car ils ne possèdent pas les compé- tences en micromanipulation” explique David Hériban, le P.D.G. Diplômé de l’E.N.S.M.M., puis cher- cheur au laboratoire de recherche Fem- to-S.T., le jeune homme de 34 ans semble viser juste avec son “Chrono- grip”, nom donné à une machine entiè- rement pensée et conçue par son équi- pe de recherche. Ce robot, piloté par

David Hériban, P.D.G. de Percipio Robotics installée à la maison des Microtechniques de Besançon.

la main de l’homme via un joystick identique à celui d’un jeu vidéo, est capable avec sa pince de la taille d’une mandibule de fourmi de manipuler des pièces dont la grandeur ne dépasse pas le millimètre, le tout avec préci- sion, vitesse, rapidité et sécurité. Tout est parti d’un projet de recherche qui ne devait, a priori, pas sortir des cartons : “Nous voulions repousser les limites d’un robot. C’est en montrant notre résultat en 2008 au salon Micro- nora que des entreprises se sont mon- trées intéressées N.D.L.R. : Femto-S.T. recevra une récompense, le Micron d’Or, pour cette innovation).” C’est alors le déclic pour David Hériban qui choisit de créer sa société (en 2011). Elle est alors composée uniquement de deux salariés mais vise très vite l’application industrielle, principe qu’elle caresse rapidement en mettant au point en

l’espace de six mois un démonstrateur. Les futurs acheteurs comprennent alors la rupture technologique que vient de développer le Bisontin dont l’objectif est de capter le milieu de l’horlogerie pour ensuite le dévelop- per à d’autres domaines comme le bio- médical, l’aéronautique… “Notre robot

notamment, sont intéressées par cet outil à l’origine d’un gain de temps et de qualité. L’outil serait simple àmanier à en croire le développeur : de la taille d’une imprimante, le robot est relié parWi-Fi à une tablette P.C. et l’horloger le pilote au doigt et à l’œil, comme dans un jeu vidéo. Le gérant mise sur un chiffre d’affaires en 2014 de 250 000 euros. Deux nou- veaux salariés de formations B.T.S. viendront à la rentrée renforcer l’effectif composé de 7 ingénieurs et un tech- nicien. “Percipio” collabore sur un pro- jet conduit par la B.P.I. qui permet- trait de créer une montre essentiellement Made in France. Si son carnet de commandes est déjà bien rempli, la société ne manquera pas le rendez-vousMicronora, un salon fétiche pour elle… E.Ch.

aide l’opérateur et vice versa dans l’assemblage de pièces de la taille du micron, détaille le concep- teur resté à Besançon pour son savoir-faire en matière de microtech- nique. Il remplace par exemple la pince bru- celles utilisée par l’horloger mais ne rem- placera jamais son cer- veau.” Des sociétés, suisses

Assemblage de pièces de la taille du micron.

Ce robot permet à un horloger d’assembler avec plus de vitesse, de précision, de sécurité, des pièces sur une montre.

ÉLECTRONIQUE De la suite dans les idées Polycaptil : de la princesse Middleton aux Jeux olympiques

nique. Cette réalisation est néan- moins anecdotique au regard de la palette de compétences et de réalisations imaginés dans les ateliers bisontins. Sur un autre mur de l’usine, une secon- de photo attire l’œil : celle de la fleurettiste Laura Flessel. Rien à voir avec une éventuelle pas- sion pour ce sport : “Notre client est labellisé par la fédération d’escrime pour fournir les équi- pements d’affichage et de signa- lisation. Nos produits étaient par exemple aux Jeux olympiques de Londres ou aux Mondiaux, relate le directeur, recruté en 2009. Lorsque l’on sait que cer- taines touches se jouent à quelques fractions de secondes, notre précision joue son rôle.” La société est devenue maîtresse dans la détection opto-électro- nique en concevant par exemple des détecteurs de présence et des capteurs “que l’on retrouve dans les banques ou encore dans le contrôle de verres creux com- me les bouteilles. Cela représente 30 % de notre chiffre d’affaires (2 millions d’euros)” rapporte

Installée zone de Palente à Besançon, Polycaptil est spécialisée dans l’électronique, l’opto-électronique et la mécatronique. Cela ne vous dit rien ? Les créations des 14 salariés ont pourtant des applications concrètes dans la vie courante. Les inventions sont parfois étonnantes.

A la rentrée scolaire, les élèves du lycée Pergaud de Besançon adeptes de

la cantine scolaire saisiront leur plateau-repas grâce à une nou- velle machine entièrement auto-

matisée. Un “engin” pensé et conçu à quelques mètres de là, dans la zone industrielle et arti- sanale de Palente par Polycap- til. Composée de 14 salariés, cette société rachetée en 2008 après le départ en retraite du fonda- teur André Jeambrun par Del- ta - firme strasbourgeoise - a fait de l’innovation son cheval de bataille. Placardée sur le mur d’entrée de l’usine, une photo de la princesse Kate Middleton rappelle au visiteur que l’écrin blanc porté par la “belle” le jour de son mariage (29 avril 2011) possède une touche bisontine. C’est en effet Polycaptil qui a numérisé la dentelle de Calais. “Cela nous a valu la une d’un quotidien” rappelle Jean-Fran- çois Vinchant, le directeur du pôle électronique et mécatro-

Dirigée par Jean-François Vinchant, Polycaptil sera présente à Micronora.

Jean-François Vinchant qui a quitté le groupe Alcatel pour une firme “à taille humaine.” Si elle exporte assez peu (10 %), la firme espère se développer. Elle envisage de franchir la bar- re des 5 millions d’euros de chiffre d’affaires. Un souhait réalisable depuis le rachat de la firme F.C.E. basée à Guyans- Vennes. “Cette société possède une ligne de production et une compétence dans le domaine du médical. Nous avons d’un côté l’étude et de l’autre un label de qualité avec F.C.E.” explique le directeur qui travaille avec ses équipes sur une avancée médi-

cale en lien avec le C.H.R.U. de Besançon. Ce projet médical consiste à mettre au point une ventilation électronique et non manuelle. Les professionnels se sont aperçus que l’apport en oxygène via la main de l’homme était souvent mal fait. Présente àMicronora, Polycaptil a procédé à l’embauche de deux nouveaux salariés à Besançon et trois à Guyans-Vennes. Dans une phase de “consolidation”, elle tâche à inventer de nou- veaux procédés tout en dépo- sant de nouveaux brevets. La diversité : sa force. E.Ch.

Dans l’atelier bisontin, on conçoit des cartes électroniques.

Made with FlippingBook Annual report