La Presse Bisontine 157 - Septembre 2014

ÉCONOMIE 34

La Presse Bisontine n° 157 - Septembre 2014

BANQUE

Les prêts sur gage “Le Crédit Municipal ne fait que répondre à l’évolution de la société” Le Crédit Municipal organise quatre fois par

an des ventes aux enchères. Mais ce

n’est qu’une partie des activités de cette banque - presque - comme les autres. Le point avec Françoise Henriot-Donier,

la responsable de l’agence bisontine, rue Charles-Nodier.

L a Presse Bisontine : Le Crédit munici- pal, agence de Besançon, appartient désormais au Crédit Municipal de Bor- deaux. Expliquez-nous ce changement ? Françoise Henriot-Donier : Avant de dépendre de Bordeaux, nous dépen- dions de Dijon. François Rebsamen était alors le président du Crédit Muni- cipal car cette banque est un établis- sement public. Il y a un an, l’ancien maire de Dijon a décidé de se séparer de son activité de Crédit Municipal et par chance, le Crédit Municipal de Bor- deaux, présidé par Alain Juppé, a déci- dé de racheter toutes les agences dépen- dant de celle de Dijon. Le Crédit Municipal de Bordeaux compte désor- mais 13 agences, c’est le plus gros réseau national après Paris. Donc dans ce qui aurait pu être notre malheur, le fait d’être vendu, on a rejoint une caisse très importante pour laquelle son président Alain Juppé porte une affection et une attention toutes par- ticulières. En même temps que le Cré- dit Municipal de Bordeaux rachetait l’agence de Besançon, nous avons eu la garantie de la pérennité du site bisontin. L.P.B. : Le Crédit Municipal est-elle une banque comme les autres ? F.H.-D. : Oui, dans le sens où elle a une activité bancaire et de placements com- me toutes les autres banques, avec les mêmes produits et les mêmes services, accessibles à tous. L’avantage pour la clientèle, c’est avant tout la proximi- té et un service personnalisé qu’ils ne trouvent pas ou plus ailleurs. Ici, que ce soit au téléphone ou sur place, on a tout de suite quelqu’un en face de soi. Le conseil est là, et immédiat. Le Cré- dit Municipal propose également un service de crédit à la consommation. À l’origine, ce service était réservé aux fonctionnaires avec des taux très avan- tageux, puis il s’est élargi à tous les publics. La troisième activité, qui est la plus importante en volume pour nous, et en nombre de clients, c’est le prêt sur gage. L.P.B. : C’est l’activité historique ? F.H.-D. : Oui, depuis la création du Cré- dit Municipal en France en 1822. C’est ce qu’on appelle le “Mont-de-piété”, ou plus familièrement “Ma tante”. L.P.B. : En quoi consiste-t-il précisément ? F.H.-D. : Les gens viennent nous confier un objet de valeur en gage (bijou en or 18 carats, tableaux, œuvres d’art, pen- dules, etc.) et contre ces objets-là, on accorde aux déposants un prêt cor- respondant aux deux tiers de la valeur

Françoise Henriot-Donier dirige l’agence bisontine du Crédit Municipal depuis trois ans.

Renoud-Grappin. Il y a aussi le cas où les clients veulent vendre des objets, s’en débarrasser. Ces ventes connais- sent de plus en plus de succès avec près de 300 lots mis en vente à chaque fois. L.P.B. : Le succès du système est symptoma- tique de la crise actuelle ? F.H.-D. : C’est une conséquence indirecte de la crise. Je dirais plus que ça cor- respond à un fonctionnement actuel de la société. Quand on veut faire un prêt sur gage, l’avantage est qu’ici on vous donne de l’argent tout de suite, après avoir présenté une pièce d’identité et un justificatif de domicile. C’est un peu de l’argent obtenu “facilement” alors que pour obtenir un prêt dans une autre banque, c’est souvent beau- coup plus long et compliqué. Il ne faut surtout pas croire que le prêt sur gage correspond forcément à un besoin urgent d’argent. Ces besoins répon- dent la plupart du temps à un projet bien précis. L.P.B. : Quelle est donc la clientèle-type du Crédit Municipal pour le prêt sur gage ? F.H.-D. : Une grande partie de notre clientèle fonctionne de façon culturel- le. Pour un mariage, pour un proche qui repart au pays, etc. Il y a dix ans, nous avions moitié moins de clients. Ces nouvelles habitudes ont redonné un second souffle aux activités du Cré-

dit Municipal. À côté de cette activité “sociale”, nous avons une clientèle très fidèle. L.P.B. : Avec le dépôt de bijoux, il n’y a pas de risque de débordements ? F.H.-D. : Nous n’avons jamais de souci d’agressivité. Il faut dire que nous sommes en relation permanente avec les forces de police et de gendarmerie. Par exemple, un homme ne peut pas déposer de bijoux de femme et vice-

de l’objet, en fonction également du cours de l’or. En ce moment, on prête à 11 euros le gramme d’or, ça fluctue souvent. Au bout de six mois, le client revient, rembourse son prêt avec les intérêts et repart avec l’objet qu’il avait déposé. L.P.B. : Il peut aussi ne pas pouvoir rembourser son prêt ? F.H.-D. : Le client peut prolonger ce délai de six mois supplémentaires. L’autre cas de figure est en effet qu’il ne soit pas en mesure de rem-

nent déposer leurs bijoux avant l’été, une manière d’avoir leurs bijoux en sécurité et d’obtenir de l’argent pour les vacances. L.P.B. : Le phénomène des crédits à la consom- mation prend-il de l’ampleur ? F.H.-D. : À Besançon, nous avons mis en place un partenariat dans le cadre des crédits à la consommation avec la cais- se solidaire de Franche-Comté qui est chargée de dispenser les micro-crédits. Ce dispositif s’adresse à des clients non éligibles au système bancaire clas- sique. Ces crédits sont limités à 3 000 euros et tout est vérifié ici en comité de crédit. Nous avons beaucoup de demandes et tout cela est très bien encadré. Mais il est très important de pouvoir répondre à ce genre de demandes de micro-crédits en constan- te évolution dans une ville comme Besançon. Là on peut dire que c’est une autre conséquence indirecte de la crise. L.P.B. : Les crédits à la consommation ne sont- ils pas parfois la première marche vers le sur- endettement ? F.H.-D. : Nous ne constatons pas d’augmentation flagrante du crédit à la consommation. Par tradition ici, nous avons conservé une clientèle qui maîtrise bien et honore bien ses cré- dits. Propos recueillis par J.-F.H.

versa. Par ailleurs, nous exigeons les factures, ou les boîtes contenant les montres, ou les certifi- cats d’identité. Il y a un vrai contrôle aumoment du dépôt. L.P.B. : Le Crédit Municipal suit donc les évolutions de la société ? F.H.-D. : Notre métier est en perpétuelle évolution en fonction des modes, de la clientèle et de la société. Le Crédit Muni- cipal ne fait pas face à la crise, il ne fait que répondre à l’évolution des modes de fonction- nement de la société. Il y a un autre phénomè- ne relativement récent : beaucoup de clients vien-

“Prochaine vente aux enchères le 2 octobre.”

“Nous avons beaucoup de demandes de micro- crédits.”

bourser son prêt au bout de ces périodes de six mois. Dans ce cas, si le client ne se manifeste pas, les biens font l’objet d’une vente aux enchères. Mais il faut savoir que 85 % des clients récupèrent leurs objets après les avoir déposés. Seuls 15 % sont destinés aux ventes aux enchères. L.P.B. : Comment se déroulent ces ventes ? F.H.-D. : Il y en a quatre fois par an. La prochaine vente a lieu le 2 octobre. Ces ventes ont lieu alternativement à l’étude de Maître Dufrêche aux Chaprais ou au Kursaal organisées par Maître

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