La Presse Bisontine 157 - Septembre 2014

La Presse Bisontine n° 157 - Septembre 2014

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Anciens combattants Jean-Yves Monnin L’O.N.A.C.-V.G., vecteur du devoir de mémoire Le premier Office a été créé en 1916, au cœur de la Première Guerre mondiale. Il s’appelait alors l’Office national des mutilés et réformés, chargé de rendre hommage, de recon- naître l’engagement, le sacrifice, la souffrance de ces milliers de soldats qui combattaient pour la liberté de la France. Mais bientôt ce seul Office ne suffit plus. En 1917, l’État décide de créer un second Office : l’Office des Pupilles de la Nation chargé, celui-ci, de prendre en charge les milliers d’enfants devenus orphelins au cours de ces années de guerre. Aujourd’hui, l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (O.N.A.C.-V.G.) est l’opérateur majeur de la politique de mémoire combattante du ministère de la défense. Il est chargé de la déclinaison locale des thématiques liées au calendrier commémoratif. Dont évidemment le centenaire de la Grand Guerre. Question au directeur départemental, Jean-Yves Monnin.

Se souvenir et transmettre, ce sont les missions de l’office national des anciens combattants

et victimes de guerre.

L a Presse Bisontine : Quel est votre rôle dans le département du Doubs ? Jean-YvesMonnin : Lamissionmémoi- re de l’O.N.A.C.-V.G., c’est avant tout préserver et transmettre aux plus jeunes lamémoire et les valeurs républicaines des anciens combattants. L’idéal de paix et les valeurs qui ont guidé leur enga- gement sont aujourd’hui encore au cœur de l’apprentissage civique des jeunes générations. Connaître le passé et sau- vegarder l’héritage de nos aînés, c’est aussi une manière d’apprendre à être citoyen. L.P.B. : Quels sont vos objectifs ? J.-Y.M. : On peut résumer en trois mots : célébrer, partager et transmettre. Célé- brer et commémorer les grandes dates et les événements qui ont fait notre his- toire récente, partager une mémoire européenne et internationale des conflits passés pour promouvoir la Paix,et trans- mettre enfin des valeurs de civisme, de respect, de solidarité, d’engagement et de courage aux jeunes générations. L.P.B. : Mais les témoins de l’histoire ont dis- paru… J.-Y.M. : La rencontre avec les témoins

de l’histoire reste au cœur des initia- tives mémorielles des services de l’O.N.A.C.-V.G. Leur disparition impo- se cependant de repenser sans cesse les vecteurs de transmission de leur mémoire. C’est pourquoi, nous imagi- nons et mettons en œuvre des opéra- Les derniers poilus Zoom L es deux derniers poilus francs- comtois sont décédés en 2003. Henri Cornu, né en 1899, avait été appelé en mai 1918, faisant donc par- tie dʼun des derniers contingents mobi- lisés. Émile Porcherot, né en 1897, avait lui étémobilisé en janvier 1916 et envoyé dans la Somme où il sera blessé au visage et au bras. Ces deux soldats avaient été décorés de la Légion dʼHonneur en 1963 pour le premier, en 1980 pour le second. Une distinction qui nʼa pas été si “rapide” pour tous les anciens poilus… Il faudra attendre un décret pris en 1995

tions pédagogiques et culturelles empruntant tous les vecteurs possibles : expositions pédagogiques,théâtre,sport, promotion des porte-drapeau, voyages sur les hauts lieux de mémoire, confé- rences, ateliers et concours scolaires… Recueilli par D.A. par Jacques Chirac pour voir les der- niers poilus décorés de la Légion dʼHonneur. Une reconnaissance pour le moins tardive qui fera réagir le der- nier dʼentre eux, décédé en 2008, Laza- re Ponticelli : “Je refuse des obsèques nationales. Ce nʼest pas juste dʼattendre le dernier poilu. Cʼest un affront fait à tous les autres, morts sans avoir eu les honneurs quʼils méritaient. On nʼa rien fait pour eux. Ils se sont battus comme moi. Ils avaient droit à un geste de leur vivant…Même un petit geste aurait suf- fi.” Une cérémonie nationale simple, dédiée aux morts de la Première Guer- re mondiale, aura finalement lieu aux Invalides avant que le dernier poilu soit enterré dans le caveau familial.

Août 1914, la mobilisation générale est déclarée.

La Franche-Comté était loin du Front, épargnée donc par les combats auxquels elle fournira néanmoins nombre de soldats. La région sera par contre une terre d’exil ou de repli pour les réfugiés. Exemple dans la vallée de la Loue à Ornans où s’établirent également des Américains venus apporter leur savoir-faire. Ornans Une terre de repli L’hospitalité ornanaise

Des centaines de maisons en bois ont été construites à Ornans durant la guerre par les Quakers.

E n quatre ans, Ornans accueillera plus de 700 Alsaciens et Lorrains, des habitants de ces régions annexées qui avaient tout perdu. Des sites d’abord appelés camps de concentration puis refuges étaient construits pour les héberger. Mais tous n’arrivaient pas jusque-là, un tri étant effectué du côté de la gare de Besançon. Les francophiles étaient libres et acheminés dans

la vallée de la Loue tandis que les ressortissants dont les idées politiques étaient douteuses étaient gardés à dans la capita- le régionale. Les pro-allemands étaient quant à eux enfermés à la Butte.Autres habitants pro- visoires venus compenser le départ au front des Ornanais, les Quakers américains. Ces pro- testants pacifistes, objecteurs de conscience étaient volontaires pour apporter leur aide aux popu-

lations. Des travailleurs huma- nitaires avant l’heure. Ils se sont chargés dès 1917 et jusqu’après la guerre de la fabrication des maisons en bois qui accueillaient dans un premier temps les réfu- giés. Puis vint le moment de construire en série pour réur- baniser la région anéantie de Verdun. À la force des bras et avec l’aide de celle de la Loue où deux roues à aube étaient en action.

Les témoignages retrouvés par une poignée de passionnés ont permis de retrouver traces de ce passage dans une vallée qu’ils ont beaucoup apprécié d’une cin- quantaine de ces Américains. Une petite histoire dans la gran- de que beaucoup avaient oubliée.

Exposition à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine les samedi 20 et dimanche 21 septembre dans l’ancien cloître du monastère de la Visitation,

actuelle cité Administrative d’Ornans. Ouverture au public de 10 h à 18 h.

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