La Presse Bisontine 157 - Septembre 2014

BESANÇON 14

La Presse Bisontine n° 157 - Septembre 2014

L e c h if f re

Ces bactéries qui résistent aux antibiotiques RECHERCHE Hygiène hospitalière “Les antibiotiques, c’est pas automatique”. Voilà un slogan qui a marqué le grand public mais n’a pas suffi à diminuer significativement la consommation d’antibiotiques et par voie de conséquence, la pro- pagation de bactéries résistantes. Plus qu’une pratique, c’est la santé publique qui est en question.

+ 20 %

C e chiffre correspond à l’augmentation du nombre de radiations d’entreprises enregistré par la Chambre de Métiers et de l’Artisanat du Doubs entre juillet 2013 et juillet 2014. Sur la période, 580 entreprises ont cessé leur activité, preuve d’une dégra- dation de la conjoncture confirmée par le nombre de créations qui est en berne. Entre juillet 2013 et juillet 2014, il baisse de 12 % (566 entreprises ont été enregistrées sur la période et 55 % sont des auto- entrepreneurs). Au final, lorsqu’elle fait les comptes, la C.M.A. annonce un solde négatif puisque le nombre de radiations a dépassé celui des créations, signe de la morosité éco- nomique ambiante.

son rôle de réduction de la charge bactérienne mais n’élimine pas toutes les bacté- ries multi-résistantes dont une proportion non négligeable est rejetée dans l’environnement. “Escherichia coli est une bacté- rie normalement présente en grande quantité dans le tube digestif de l’être humain. Cer- taines souches produisent des enzymes qui inactivent divers antibiotiques et sont donc mul- ti-résistantes. Celles-ci repré- sentent, à l’heure actuelle, un problème majeur de santé publique” poursuit Xavier Bertrand. Pour comparer les eaux usées d’origine hos- pitalière à celle d’origine commu- nautaire, des échan- tillons ont été col- lectés chaque semaine dans cinq points différents du réseau de la ville de Besançon Les eaux traitées étant rejetées dans le Doubs, cette riviè- ‘ Des bactéries dans les eaux usées.

re a également été prélevée en amont et en aval de la station d’épuration. Les boues issues des processus d’épuration ont également été analysées. “Nos résultats montrent que les bactéries en question sont pré- sentes en grande quantité dans les eaux usées. Et beaucoup plus fréquentes dans les eaux usées hospitalières que dans les eaux usées communautaires.” La mise en place de systèmes permet- tant de contrôler le rejet de ces bactéries multi-résistantes, qui doivent être considérées com- me des polluants, est donc à envisager dans le futur. “Si la résistance bactérienne continue à augmenter, des infec- tions bactériennes pour lesquelles aucun antibiotique ne sera actif, vont être plus fréquentes, rap- pelant la situation d’avant-guer- re, quand on n’avait pas d’antibiotiques” souligne le pro- fesseur Xavier Bertrand. Les antibiotiques sont un trésor pour l’homme et la préservation de leur activité passe par un usa- ge raisonné tant chez l’homme que dans l’élevage. D.A.

Le professeur Xavier Bertrand est microbiologiste spécialiste en bactériologie au C.H.R.U. de Besançon.

R ésultat de cette sur- consommation trop souvent inutile, on retrouve aujourd’hui les bactéries résis- tantes en nombre dans les eaux usées… puis dans le Doubs et

dans les boues répandues sur les terres cultivables. Un véri- table problème de santé publique étudié par un scientifique bison- tin, microbiologiste spécialiste en bactériologie, le professeur Xavier Bertrand. Il exerce au

C.H.R.U. de Besançon où il est responsable du service d’hygiène hospitalière. “Le développement des bactéries multi-résistantes aux antibiotiques se traduit par la présence croissante de ces bac- téries dans les eaux usées” sou-

ligne-t-il. Les eaux usées sont traitées dans des stations d’épuration (S.T.E.P.) qui ont pour objectif principal de rédui- re la densité bactérienne avant rejet dans l’environnement. La S.T.E.P. de Besançon remplit

ENVIRONNEMENT

Biodiversité Les chauves-souris ont leur nid d’amour à Besançon

Alors qu’elles n’étaient plus qu’une vingtaine à hiberner dans la partie inférieure de la grotte Saint-Léonard à Besançon au début des années quatre-vingt-dix, les chauves-souris de type Grand rhinolophe sont aujourd’hui entre 80 et 100. Pour autant, leur habitat reste menacé.

C’ est l’une des origina- lités bisontines. Pas la plus connue, certes, mais révélatrice du cadre environnemental “pré- servé” de la capitale comtoise. Après les castors auteurs d’un retour sur les berges du Doubs (La Presse Bisontine d’avril), zoom sur les chauves-souris bisontines, mises sur le devant de la scène lors de la nuit euro- péenne de la chauve-souris le dernier week-end d’août. C’est à la grotte Saint-Léonard - site menant à la Chapelle-des-Buis et surplombant la Citadelle de Besançon - qu’une colonie de ces mammifères se plaît, notam- ment l’hiver lorsqu’elle rentre en période d’hibernation. Leur destinée a pourtant été chao- tique : “Au début des années quatre-vingt-dix, on ne comp- tabilisait plus que 20 Grands rhinolophes (une des 28 espèces

vatrice. “Le nombre de chauve- souris de cette colonie a aug- menté. Elles sont environ 90 aujourd’hui” explique la repré- sentante de l’association. Pour autant, l’espèce a besoin que l’on s’occupe d’elle : “Si la chau- ve-souris n’est pas menacée en tant qu’espèce, elle l’est au regard de la destruction du nombre de ses gîtes” annonce la C.P.E.P.E.S.C. Si en hiver les animaux hibernent dans les cavités, ils se reproduisent dans les greniers, combles et caves de Besançon et alentours avant l’été. Beaucoup de ces espaces sont aujourd’hui condamnés par leur propriétaire. Les habitats disparaissent nécessitant une campagne de sensibilisation menée auprès du grand public par la commission : “Nous tra- vaillons également avec des pro- fessionnels, les charpentiers par exemple, pour leur expliquer qu’il

ne faut pas tout fermer” explique la spécialiste. Avec près de 200 insectes man- gés chaque nuit, la chauve-sou- ris demeure tributaire des pes- ticides ou des lumières artificielles.Trop d’éclairage les incite à sortir plus tard pour chasser. Besançon est (re)devenu leur terrain de chasse préféré. L’équilibre reste néanmoins fra- gile. La chauve-souris se plaît dans la grotte Saint-Léonard à Besançon où elle se met en léthargie durant l’hiver. La colonie a progressé en terme d’individus après avoir été menacée de disparition (photo F. Schwaab).

de chauve-souris présente en Franche-Comté). En 1993, il y avait eu un massacre : 20 cadavres avaient été retrouvés” rappelle Claire Delteil, chargée de mission à la C.P.E.P.E.S.C. (commission de protection des eaux). Un ou des individus mal intentionnés

avaient tué à coup de pierre les vola- tiles. Depuis, la grotte est protégée par un arrêté de bio- tope datant du 15 novembre 1995. Si l’on peut encore accéder à la salle supérieu- re, la grotte infé- rieure est fermée par une grille de protection. Une protection néces- saire devenue sal-

“Elles n’étaient plus que 20.”

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