La Presse Bisontine 156 - Juillet-Août 2014

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 156 - Juillet-août 2014

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“Nous ne sommes pas des vieux cons” POLÉMIQUE Des nuits agitées rue Bersot Des habitants de la rue Bersot n’en peuvent plus du bruit lié aux soirées. Outre les nuisances sonores à supporter, leurs biens immobiliers ont perdu de la valeur. Une colère entendue par la Ville de Besançon qui annonce deux mesures phares. Les gérants de bar ne veulent pas être les victimes.

E ntre les riverains de la rue Bersot et les tenan- ciers de bars, le torchon brûle. Même la ferme- ture administrative du “Bistro Rétro” durant 21 jours en juin n’a pas calmé une partie des habitants, las de ne pas être écoutés. “Nous ne sommes pas des vieux cons, corrige Ernesti- ne Conrad, qui réside en face de ce bar. Si encore nous n’entendions que le bruit des per- sonnes dans la rue, ça irait.Mais là, c’est la musique qui pose pro- blème, été comme hiver. Les vitres fermées, avec des bouchons dans les oreilles, on entend tout.” Le phénomène qui se répète les jeu- dis, vendredis et samedis jus- qu’à 2 heures du matin fatigue ces riverains qui ont déjà à maintes reprises alerté et ren- contré la Ville à ce sujet. Qu’ils déménagent disent les mau- vaises langues : “Si j’étais loca- taire, il y a bien longtemps que

une épée de Damoclès au-des- sus de la tête et une ville à ne pas transformer en cité-dortoir. Adjointe en charge de la tran- quillité publique, Danièle Pois- senot a présenté mi-juin aumai- re de Besançon son nouveau plan de bataille pour que le centre recouvre de la quiétude… sans perdre son attractivité. Premier élément, basique : “Jouer la médiation avec les gérants de bar” dit-elle. Une table ronde organisée le 3 juin en présence des professionnels, représen- tants de la ville et de la préfec- ture, aurait permis de nouer un dialogue. Pour joindre la paro- le aux actes, la Ville de Besan- çon va reconduire, de manière plus forte, l’aide financière per- mettant aux bars d’insonoriser leur espace : “Cette aide existait, mais elle était dérisoire. L’aide apportée par la ville pour les gérants de bars était à hauteur de 25 % des dépenses totales de

je l’aurais fait, répond la repré- sentante du collectif. Nos appar- tements ont perdu toute leur valeur. Voilà deux ans que mon voisin tente de vendre, il n’y arri- ve pas.” Le gérant du “Bistro Rétro” répond à ces attaques : “Je me suis installé dans la rue Bersot qui possède 50 ans d’histoire avec ses bars et restaurants pour jus- tement éviter ces problèmes.J’étais la locomotive de ce quartier : maintenant je deviens leméchant. Si je fais une pétition contre la fermeture des bars, beaucoupme suivront. Les gens signent n’importe quoi. Beaucoup de tou- ristes, allemands, russes, vien- nent ici. Et je fais vivre quatre personnes…” Au-delà de ce problème lié à la rue Bersot, Battant est égale- ment touché. Un mal que la municipalité doit résoudre. Dif- ficile équation entre une pro- fession qui s’estime vivre avec

Un collectif rue Bersot s’était mobilisé suite aux bruits répétés de la sono. Un bar a écopé de 21 jours de fermeture. La Ville propose des pistes. Contrôles en juillet L a rue Bersot nʼest pas la seule pointée du doigt. Le quartier Battant éga-

devrons faire des choix, et rien n’est encore décidé.” Autre point : l’embauche d’agents de sécurité si les problèmes venaient à perdurer. “Beaucoup ont cru qu’il y avait une impu- nité. C’est terminé. Certains gérants rencontrés sont prêts à jouer le jeu.Nous savons que c’est un vaste chantier qui demande- ra de la patience” enchérit Daniè- le Poissenot. En cas de nouveaux débordements, de nouvelles fer- metures administratives seront prononcées. Les correspondants de nuit dont la mission est reconduite jus- qu’à fin 2014 auront, eux aussi, leur rôle à jouer. De la média- tion, de l’argent et de la répres- sion : voilà le cocktail proposé sur le zinc bisontin.

l’étude d’impact et d’acoustique et ne pouvait excéder 1 500 euros, rappelle Danièle Poissenot. Ce qui était assez dérisoire compte tenu des dépenses engagées par les gérants. À titre d’exemple : le bar de l’U a bénéficié de 1 500 euros pour une dépense de 85 000 euros. C’est la raison pour laquelle les fonds possibles n’étaient plus demandés par les propriétaires de bars. Une condi- tion supplémentaire était qu’il fallait être adhérent à la charte nocturne pour bénéficier du dis- positif” précise l’adjointe qui ne donne pourtant pas de chiffres réactualisés. La réflexion sur une nouvelle aide possible n’est absolument pas aboutie en rai- son “de la contrainte actuelle de notre budget municipal. Nous

lement. La préfecture devait réaliser des mesures pour vérifier les travaux dʼinsonorisation dʼun bar. Dʼautres de ces contrôles devraient sʼétendre en juillet avec policiers, les services de lʼÉtat et les C.R.S. afin de comptabiliser le nombre de personnes dans les établis- sements soupçonnés dʼaccueillir plus de monde quʼautorisé. Boîtes de nuit, bars et épiceries de nuit seront

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