La Presse Bisontine 156 - Juillet-Août 2014

A g e n d a

La Presse Bisontine n° 156 - Juillet-août 2014

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“J’ai l’envie profonde que ce musée soit reconnu à la place qu’il mérite” La nouvelle conservatrice du musée du Temps souhaite profiter de la fermeture du musée des Beaux-arts pour attirer le public au Palais Granvelle encore méconnu de beaucoup de Francs-Comtois. MUSÉE DU TEMPS - LAURENCE RIEBEL

L a Presse Bisontine : Vous suc- cédez à Thomas Charenton à la fonction de conservateur du musée du Temps de Besançon. Vous connaissez bien cet endroit pour y avoir déjà travaillé. Est-ce un retour aux sources pour vous ? Laurence Reibel : Je suis arrivée à Besançon en 2007 en tant qu’adjointe au conservateur. J’ai occupé cette fonction pendant cinq ans. En 2011, j’ai passé le concours de conservateur, spé- cialité patrimoine scientifique et technique, que j’ai réussi. Cela m’a ouvert les portes du musée des Arts et Métiers à Paris où j’ai travaillé sur les instruments de musique. J’ai également colla- boré pendant deux mois avec le musée des sciences et de la tech- nologie d’Ottawa sur la collec- tion des motos. Vous le voyez, nous sommes une profession qui nous amène à aborder tout type de collections. À la suite de cela, je suis revenue à Besançon, au Musée des Beaux-arts. J’étais dans l’attente d’un entretien d’embauche à Tours lorsque Tho- mas Charenton est parti. J’ai déposé ma candidature pour le poste de conservateur du musée du Temps. J’ai été retenue. Pour moi, c’est une nouvelle aventure car j’ai vécu beaucoup de choses depuis mon départ. L.P.B. : Avez-vous un projet spécifique pour ce musée qui accueille environ 40 000 visiteurs par an ? L.R. : J’ai plus une envie profon- de que ce musée soit reconnu à la place qu’il mérite comme un endroit cher aux Bisontins et qui

grante parce qu’elle est liée à Besançon, il a cet- te vocation sup- plémentaire de parler du temps, une notion diffi- cile à appréhen- der. Notre travail est donc de ponc- tuer ce musée d’éléments qui interrogent le visiteur sur le temps. Ce sera le cas par exemple lors de

l’accueil des scolaires, un public qui pourrait venir en plus grand nombre encore notamment pen- dant la fermeture du musée des Beaux-arts. Je rappelle que nous parlons d’art et d’histoire. Par ce biais, nous pouvons intéresser des classes et des professeurs de diverses spécialités. Par exemple, nous préparons pour la fin de l’année une exposition sur la guer- re de 14-18 à partir de la collec- tion Clerc. Elle a son intérêt dans le cadre des programmes sco- laires d’histoire. C’est notre voca- tion de parler de ce sujet. L.P.B. : Qu’allez-vous présenter à l’occasion de cette exposition sur la guerre de 14-18 ? L.R. : Nous présenterons princi- palement les journaux de tran- chées et quelques objets. L.P.B. : Ce musée du Temps est-il unique en son genre ? L.R. : Il y a des musées en Fran- ce consacrés entre autres à l’horlogerie. Mais un musée qui a cet objectif de parler du temps, et qui l’affirme même dans son titre, c’est le seul. L.P.B. : Comment l’établissement est-il perçu par ses pairs ? L.R. : En plus des donations, nous avons des dépôts. Sous la direc- tion de Thomas Charenton, l’établissement a été dépositai- re de collections importantes com- me celles de l’Observatoire de Paris. À l’évidence, le musée du Temps est clairement identifié dans le paysage français pour sa spécificité par de grandes insti-

compte pour eux. Certains n’y sont jamais venus. Je le déplore. Je veux donner l’envie au public de venir visiter ce lieu, qu’il ait l’audace d’entrer ici. Ceux qui passent la porte dumusée en res- sortent séduits. Trop de gens s’interdisent l’accès parce qu’ils pensent qu’il s’agit d’un lieu éli- tiste qui n’est pas fait pour eux. Ce n’est pas le cas ! L.P.B. :Ce musée duTemps souffre enco- re d’être résumé à un musée de l’horlogerie, technique qui plus est ? L.R. : C’est un fait, l’horlogerie est la base de ce musée. Mais si on lui a donné le nom de musée du Temps, c’est bien dans l’idée d’en faire quelque chose de plus.Mêler le temps de l’histoire au temps de l’horlogerie, voilà l’enjeu. Le thème du temps inspire un cer- tain nombre d’artistes d’art contemporain. L.P.B. : Finalement, la fermeture du musée des Beaux-arts pour travaux n’est-elle pas une opportunité pour le musée du Temps de se faire mieux connaître du grand public ? L.R. : Effectivement, ces travaux sont une opportunité. Le musée du Temps a toujours été le petit frère du musée des Beaux-arts qui est connu pour ses collections prestigieuses. Sa fermeture pro- visoire est l’occasion de mettre l’accent sur ce lieu de culture en montrant au public que ce n’est pas un musée technique. Le musée du Temps est un musée d’histoire, installé dans un bâti- ment emblématique de la ville. Si l’horlogerie en fait partie inté-

“Nous présenterons les journaux de tranchées.”

tutions qui y déposent désormais des collections qu’elles n’auraient peut-être pas l’occasion de valo- riser autrement. L.P.B. : Vous parlez de donations. Ce musée s’enrichit-il encore grâce aux donations ? L.R. : Nous sommes un musée de donations comme la plupart des musées. Ce qui a changé, c’est que nous sommes plus vigilants sur ce qu’on accepte. Lorsque le musée prend les objets qu’on lui propose, il s’engage à les conser- ver dans les meilleures condi- tions. Au musée du Temps, ce sont plutôt des achats qui ont été réalisés ces dernières années com- me en 2003, date à laquelle ont été acquis les deux globes méca- niques du XVIIIème siècle de Fer- dinand Berthoud. L.P.B. :Vous avez travaillé pour le musée des Beaux-arts et le musée du Temps. Votre connaissance des deux structures va-t-elle favoriser les échanges ? L.R. : Cette connaissance va me permettre de favoriser les colla- borations entre les deux struc-

tures. Le musée du Temps sera le reflet du musée du Beaux-arts pendant toute la durée des tra- vaux. L.P.B. :Le musée des Beaux-arts a enga- gé un vaste travail d’inventaire. La même opération sera-t-elle menée au musée du Temps à l’occasion du transfert des collections dans les nouvelles réserves ? L.R. : Il y a encore un travail à conduire au musée duTemps sur ce point. Si on connaît d’une manière exhaustive les collec- tions du musée des Beaux-arts, il n’y a pas de chantier des col- lections en cours au musée du Temps. Il nous reste des collec- tions à découvrir. Cependant, un important travail concernant l’horlogerie a été réalisé. Tout ce qui est inventorié et récolé, est ensuite restitué au public. C’est précisément ce que nous avons fait dans le cadre de l’exposition “Montres et merveilles”. L.P.B. : Quand est prévu le déménage- ment des collections dans les nouvelles réserves ? L.R. : Le déménagement de nos

l’exposition des travaux de Nicho- las Nixon qui pendant 35 ans a photographié chaque année les quatre sœurs Brown. On découvre ainsi l’évolution physique des sujets qui vieillissent. Cette manière de montrer le temps qui passe nous entraîne dans le registre de l’émotion qui parle à la plupart d’entre nous. L.P.B. : L’ambiguïté qui persiste autour de l’image du musée du Temps n’est- elle pas liée aussi à un manque de com- munication ? L.R. : Nous sommes dans l’ère de la communication. On essaie de monter des projets qui pourraient rencontrer un retentissement national comme ce fut le cas lors de l’exposition “Montres et Mer- veilles”. Mais ce n’est pas simple sur tous les sujets. La commu- nication ne suffit pas. C’est sur- tout avec les expositions tempo- raires que l’on attire du monde, et avec la médiation qui se tra- duit par des visites guidées et

DE PALMAS

ARY ABITTAN

PATRICK TIMSIT

BRIGITTE FONTAINE

FRÉDÉRIC FRANÇOIS

SAM. 8 NOV. 2014 20h30 MICROPOLIS BESANÇON

MER. 12 NOV 2014 20h30 KURSAAL BESANÇON

JEU. 13 NOV. 2014 20h30 KURSAAL BESANÇON

SAM. 15 NOV. 2014 20h30 MICROPOLIS BESANÇON

MER. 26 NOV. 2014 20h30 KURSAAL BESANÇON

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