La Presse Bisontine 156 - Juillet-Août 2014

26 DOSSIER I

La Presse Bisontine n° 156 - Juillet-août 2014

Patrimoine urbain Saint-Louis, Saint-Joseph… Les églises du XX ème siècle, autre facette du patrimoine

Après-guerre, au moment où les quartiers périphériques se sont développés, les paroisses nouvelles ont créé leur église. En faisant appel à des artistes de leur temps.

L es lieux de culte bâtis après 1905, date de la loi de séparation de l’Église et de l’État, n’appartiennent pas aux com- munes. Elles ont été créées à l’initiative du diocèse et des paroisses qui en gèrent toujours l’entretien. À Besançon, c’est notamment le cas des églises Saint-François d’Assise à Pla- noise, de Saint-Pie X à Palente ou encore de Saint-Louis àMon- trapon et de Saint-Joseph dans le quartier Villarceau. Ces deux dernières églises recèlent, elles aussi,des curiosités intéressantes à bien des égards pour celui qui

brant l’immense paroisse de Saint-Ferjeux. Dans les années quarante, c’est l’abbé Longchamp qui officie à Montrapon dans une petite chapelle qui existe encore à l’arrière de l’actuelle église dont la construction est décidée en 1954. Mais le projet est bloqué par M gr Dubois, plus timoré que son prédécesseur. “Et aussi parce que l’architecte retenu était protestant” confie Pascale Bonnet, enseignante spécialiste de ces édifices. Le projet reprendra dix ans plus tard sous la houlette de M gr Lallier, avec l’architecte Rémi Le Caisne. L’architecture de cette église édifiée entre 1966 et 1968 est emblématique du renouveau de l’art sacré. C’est une église tout en béton avec parements de moellons et ossature métallique. Le baptistère doté d’une pisci- ne, créé dans le renouveau litur- gique des années cinquante, est en pierre de lave reconstituée. “Cette église est méconnue car elle est en rupture avec l’église traditionnelle. Elle n’a pas de clocher, elle est de forme rec- tangulaire, sa nef est en pente. Pourtant, c’est une des églises les plus originales de Besançon” estime M me Bonnet. Ses vitraux originaux ajoutent à l’attrait du lieu. Le volume intérieur de Saint-Louis est d’une simplici- té subtile. Son toit plat est jus-

sait prendre le temps de les décou- vrir. L’office de tourisme deBesan- çon en a même fait un circuit de visite. Découverte. Saint-Louis deMontrapon. Le quartier de Montrapon, com- me d’autres en dehors de la Boucle, a connu après 1945 un développement effréné. Il comp- tait à peine 200 habitants en 1900, contre plus de 12 000 aujourd’hui. La création de la gare Viotte a notamment dyna- misé le quartier. L’archevêque de l’époque, Monseigneur Dubourg décide dès 1939 d’ériger une nouvelle paroisse en démem-

Pascale Bonnet, enseignante à Besançon, forme les guides de l’office de tourisme aux subtilités de l’architecture contemporaine. Elle est devant l’étonnant baptistère de l’église Saint-Louis.

te posé sur le mur porteur, une longue bande de lumière l’isole du volume, donnant une impres- sion de légèreté, à l’image de la chapelle de Ronchamp.À décou- vrir, avenue de Montrapon.

dement, dès 1952, sous la direc- tion de l’architecte local René Tournier qui était architecte dio- césain des monuments histo- riques. C’est à lui que l’on doit aussi la Cité Canot ou encore les Salins de Bregille. Son tra- vail à Saint-Joseph rappelle un peu les œuvres romanes, notam- ment sur la façade et sur la voû- te. Pour les vitraux, il va faire appel à Jacques Le Chevallier qui créera cet original bandeau qui enveloppe le chœur et se

développe de chaque côté de la nef. Ce dernier réunira ses com- pagnons de “l’artisan de l’autel”, une organisation d’artistes “chré- tiens”. C’est ainsi que l’on peut admirer aujourd’hui à Saint- Joseph la belle station du che- min de croix en bois, signée Fran- çoise Haas, d’une belle qualité expressive, ou encore les grandes mosaïques de marbre d’Irène Zack, autre curiosité de Saint- Joseph. J.-F.H.

Saint-Joseph, avenue Villarceau.

C’est un peu le même scénario qui a présidé à la création de la paroisse Saint-Joseph en 1943. La construction de Saint-Jose- ph démarre cependant plus rapi-

Le chœur baigné de lumière de l’église Saint-Joseph, édifiée entre 1952 et 1954 avenue Villarceau.

Quai de Strasbourg L’orientalisme de l’architecture La synagogue, une perle de la culture juive à Besançon

D ans le cadre d’un voyage scolaire à Besançon, les élèves d’une classe de 6 ème du collège de Châtillon- le-Duc ont pris place sur les bancs de la synagogue qui a été construi- te quai de Strasbourg entre 1869 et 1871. Les enfants sont là pour une heure, installés au cœur de cet édifice dont l’architecture ima- ginée par Pierre Marnotte est remarquable. “Nous sommes dans le concret, car en général lors- qu’on leur parle d’une synagogue, on leur montre des photos. En les emmenant ici, les élèves prennent lamesure du lieu de culte” indique le professeur d’histoire-géogra- phie et d’éducation civique qui les accompagne. Pour les collé- giens, cette visite est donc une illustration pratique d’un travail sur les Hébreux qu’ils ont fait dans le cadre de leur année sco- laire. Mais Bertrand Weil qui les accueille a décidé de ne pas les abreuver de renseignements tech- niques et historiques sur ce bâti- ment au style orientaliste mar- qué. “Je crois que l’architecture n’est pas la préoccupation d’enfants de 11 ans” estime le président de l’Association Cul- tuelle Israélite. Il va leur parler

Le lieu de culte juif surprend par son architecture dans la ville fortifiée. La visite qu’en propose Bertrand Weil aux enfants des écoles dépasse les aspects architecturaux pour faire de la place à des messages de tolérance.

L’intérieur de la synagogue construite entre 1869 et 1871.

d’autre chose. Le guide, qui n’est pas religieux, lance à son jeune auditoire : “Mon but est de vous apprendre le vivre ensemble.” Tout son propos va tourner autour de la tolérance, de l’acceptation de l’autre dans sa différence quelle que soit son origine ou son iden- tité religieuse. BertrandWeil par- vient à faire passer ces messages d’une façon ludique en s’appuyant sur quelques éléments forts de la religion juive qu’ils vont décou- vrir dans la synagogue. Il teste la connaissance des enfants qui répondent, hésitant souvent, se trompent parfois, mais l’échange est là. Les sujets sont lancés pêle- mêle : la circoncision des jeunes garçons, la fête du Kippour (fête du Grand Pardon), le menorah (chandelier) ou la signification de l’Étoile de David (symbole du judaïsme). Des thèmes impor- tants comme l’identité sont enco- re abordés. “Dans la religion jui- ve, ce que l’on souhaite, c’est

transmettre aux enfants.” Un des temps fort de la visite est la découverte de l’Arche-Sainte, parfaitement ornée où sont conser- vés les rouleaux de la Torah. “Approchez les enfants, prenez des photos” lance le guide au petit groupe qui se ressert autour de lui. La lecture en hébreux de la torah par Bertrand Weil, d’une voix forte et avec la bonne into- nation, impressionne son audi- toire. “Voyez-vous, la lecture demande attention, apprentissa- ge et maîtrise. C’est une école de la rigueur.” L’heure passée à la synagogue s’achève par un lan- cer de bonbons comme c’est le cas lors d’une fête juive pour les enfants. Les élèves les ramas- sent, les répartissent équitable- ment. “Cela permet d’expliquer le partage en pratique.” C’est ce message de solidarité que retien- dront la plupart des élèves. Mis- sion accomplie. T.C.

La lecture de la Torah par Bertrand Weil impres- sionne les élèves. Rares sont les collèges à venir visiter ce lieu.

Made with FlippingBook Online newsletter