La Presse Bisontine 156 - Juillet-Août 2014

24 DOSSIER I

La Presse Bisontine n° 156 - Juillet-août 2014

Quartier Battant

Un mini-musée

La Madeleine, le joyau du XVIII ème siècle L’église Sainte-Madeleine à l’entrée de Battant est louée de manière una- nime pour la beauté de son architecture intérieure. Elle est considérée comme un témoignage exemplaire de l’art français du XVIII ème siècle.

Au-dessus du chœur, cette Marie- Madeleine signée Clésinger (photo G. Vieille).

L’ église de la Made- leine est sans doute l’édifice religieux le plus élégant de la vil- le. C’est en 1746 que s’élève la nouvelle église sur les ruines d’une collégiale du XI ème siècle. Elle est conçue sur les plans de Nicolas Nicole. Il faudra attendre 1830 pour que les tours soient achevées et l’église est finale- ment consacrée en 1865. Sa faça- de est aux ordres ionique et dorique flanquée par deux tours, son plan est en forme de croix latine. Son intérieur, majestueux, ne manque pas de richesses. “La Madeleine est à elle seule un mini-musée de la peinture franc- comtoise du XVII ème siècle” s’en- thousiasme Lionel Estavoyer, le Monsieur Patrimoine de la Ville de Besançon. - Parmi les œuvres de la Made- leine, on peut citer notamment cette Vierge aux saints signée Claude Rately (1636) qui comp- te parmi les réalisations com- toises les plus significatives du XVII ème siècle. “Avec cette pein- ture ambitieuse, Rately montre à quel point il avait assimilé les leçons de l’art italien” note Guy Barbier, historien de l’art. On trouve ce tableau dans la troi-

lien Caldelli pour décorer les murs du chœur. “En utilisant habilement les parois existantes et les piliers situés à proximité, il parvient à créer deux décors muraux fictifs qui donnent l’illu- sion de la profondeur” commente l’office du tourisme de Besan- çon. Au-dessus du chœur, il y a aussi cette monumentale sta- tue en pierre représentant Marie-Madeleine, toujours signée Clésinger, avec son décor enca- drant la statue, qui est une vas- te composition au style ample et vigoureux avec nuées célestes et anges virevoltant dans les airs. J.-F.H. Les deux statues en bois polychrome représentant Saint-Ferréol et Saint-Ferjeux.

sième chapelle latérale droite. Dans le parcours artistique de la Madeleine, on peut citer aus- si le Joseph et l’enfant Jésus de Claude-Adrien Richard qui fut le peintre religieux comtois le plus prolifique de cette époque. Le tableau se situe à droite du chœur. - Des sculptures sont également remarquables à l’intérieur de la Madeleine. Parmi elles, ce Christ portant sa croix, signé Clésinger (vers 1825), classé monument historique. Le moel- leux des draperies de ce Christ est remarquable. Il est exposé dans la deuxième chapelle laté-

rale droite.

- Plus anciennes, deux statues en bois polychrome du XVI ème siècle, également classées monu- ments historiques, représentent les deux patrons de la ville, Saint- Ferréol et Saint-Ferjeux. Ces deux sculptures “en couleurs” reproduisent la tradition légen- daire des saints qui portent leur tête dans leurs mains. Elles ont fait l’objet d’une minutieuse res- tauration. Elles sont visibles à droite du chœur. - Le chœur. Pour pallier le manque d’espace du chœur, l’ar- chitecte Nicolas Nicole a solli- cité le peintre d’architecture ita-

La Vierge aux saints, de Claude Rately.

Centre-ville Chapelle du Refuge Un édifice baroque rare en Franche-Comté

Entre son architecture, ses tableaux, ses dorures, la Chapelle du Refuge mérite un détour. Construite entre 1739 et 1745, elle est parfaitement conservée.

une particularité architecturale que l’on remarque une fois à l’intérieur. Le bâtiment a une forme elliptique à sa base. Il s’arrondit au fur et à mesure de la montée vers la coupole dont le centre se situe à 26 mètres de hauteur. “C’est un édifice baroque qui est rare en Franche-Comté, et qui figure parmi les plus beaux de France. Il est parfai- tement entretenu et a été bien rénové” estime l’auteur jurassien. Outre le tabernacle et l’ensemble du maître-autel qui sont en bois doré, le dallage surprenant qui fait apparaître l’ellipse, il faut prendre le temps de regarder les tableaux qui ornent les murs et la coupole. Certaines de ces œuvres comme “Jésus au jardin des oliviers” sont du peintre Nicolas-René Jollain (1732-1804), un élève de Jean-

S ituée rue de L’Orme-de- Chamars, dans l’enceinte de l’ancien hôpital Saint-Jacques au centre-ville de Besançon, la Chapelle du Refuge est ouverte chaque jour au public de 14 heures à 16 h 30,

y compris le dimanche. Cet édifice méri- te vraiment un détour. “Elle est remar- quable en beaucoup de points. Tout d’abord elle a été conçue par un archi- tecte reconnu, Nicolas Nicole, le même qui a créé l’église Sainte-Madeleine. Il

a inscrit dans la pierre toute une série de symboles” observe Claude Chatre- net, auteur d’un livret qui retrace l’his- toire de la chapelle et que le visiteur peut se procurer sur place. Édifiée de 1739 à 1745, elle présente

Baptiste Marie-Pierre, premier peintre du roi de France en 1770. En revanche, les tableaux de la coupole sont l’œuvre de deux artistes bisontins, Gardet et Ver- meillet. Ils les ont peints lors de la restauration du lieu en 1863. La Chapelle du Refuge a été ainsi nommée par- ce qu’à l’origine, la congrégation religieuse qui était là accueillait les femmes nécessi- teuses. “Jusqu’à la Révo- lution, c’était un asile

“Un asile pour les filles en perdition.”

pour les filles en perdition” remarque Claude Chatrenet. Les religieuses ont été expulsées en 1793. Les locaux ser- vent alors de prison, puis d’hôpital militaire, avant de devenir le Temple Protestant en 1796. Finalement, la Chapelle sera annexée en 1802 par l’Hôpital Saint-Jacques qui en est tou- jours propriétaire. T.C. Située rue de L’Orme-de-Chamars, la Chapelle a été entièrement rénovée en 1993.

Le centre de la coupole, magnifi- quement ornée, est situé à 26 mètres au-dessus du sol.

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