La Presse Bisontine 156 - Juillet-Août 2014

La Presse Bisontine n° 156 - Juillet-août 2014

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Inventaire Saint-Pierre en ce moment Un travail de fourmi pour tout répertorier Chacun des lieux de culte bisontin renferme des centaines d’objets que la Ville a décidé de répertorier minutieusement. Trois églises sont déjà passées sous le peigne fin des spécialistes. Une quatrième est en cours d’inventaire.

de Vos ou cette pietà de Luc Breton (voir plus bas). Sont également remar- quables les boiseries du chœur. “Il y a des petits détails également comme cet- te plaque de marbre posée en 1814 qui rappelle que le futur Charles X a enten- du la messe deux fois ici après le blo- cus desAutrichiens de 1814.Cette plaque, qui n’est plus très lisible, sera restau- rée” note M. Estavoyer. L’ensemble du chemin de croix, en métal gravé, com-

mandé en 1951 au graveur Decaris, est une autre attraction de l’intérieur de Saint-Pierre. Pour l’amoureux des belles choses, les églises de Besançon sont une source presque inépuisable de découvertes. Peu à peu, mois après mois, l’équipe des historiens de Besançon s’attache à mettre en lumière ce pan méconnu du patrimoine bisontin. J.-F.H.

tie. Ce travail passe par une phase de dépouillement aux archives, de recou- pement avec les informations que l’on possède déjà et ensuite un long travail de rédaction” résume Guy Barbier, his- torien de l’art bisontin chargé de mis- sion à la Ville depuis 5 ans. Ces inventaires donnent parfois lieu à d’étonnantes découvertes. “Nous avons notamment découvert, caché sous un appentis de la Madeleine un tableau qui s’est révélé être une œuvre de Clau- de Vignon, un des peintres officiels de Louis XIII. Ce tableau sera restauré et il est très probable qu’il intègre le par- cours permanent de visite aumusée des beaux-arts après sa réouverture” confie Lionel Estavoyer, chargé de mission patrimoine à la Ville. Depuis un mois et demi, les trois “mis- sionnaires” de la Ville passent des heures entières à répertorier les objets d’art contenus dans l’église Saint-Pier- re. “On a commencé par le chœur et on avance petit à petit. Fin juillet, nous devrions avoir terminé les visites.” Mal- gré son intérieur qui peut paraître un peu austère, l’église de la place du 8- Septembre recèle bien des trésors. À commencer par ce tableau de Martin

Lionel Estavoyer, chargé de mission auprès du maire pour le patrimoine historique de la Ville de Besançon.

L e gros classeur contient près de 300 feuilles. Sur chacune d’elle est reproduit en photo puis décrit un objet contenu dans l’église Sainte-Madeleine. Pour cette seule église, il aura fallu plus d’un an et demi aux historiens bisontins pour référencer et décrire les 290 objets. Et le travail ne fait que commencer. Après la Madeleine, un deuxième lieu de culte a ainsi été passé au peigne fin : Notre-Dame, une église pourtant désaf- fectée, également propriété de la ville comme tous les édifices culturels édi-

fiés avant 1905, située rue Mégevand, à côté de la faculté des lettres. L’inventaire de l’église Saint-Maurice verra le jour cette année.Au total, près d’un millier d’objets ont déjà été réper- toriés. Les spécialistes viennent d’entamer l’inventaire de l’église Saint- Pierre. Un travail de titan mené par un trio de choc : Lionel Estavoyer, Guy Barbier et Marie-HélèneAtallah. “Nous passons tout en revue, du tableau le plus prestigieux à la statue monumen- tale en passant par le plus petit objet enfermé dans le placard de la sacris-

Guy Barbier, historien de l’art, est sans doute un des meilleurs connaisseurs de la peinture comtoise des XVI ème et XVII ème siècles.

Parcours en ville Des œuvres majeures Les 5 coups de cœur des experts

4- Quatrième de ce Top 5, les œuvres du sculpteur Luc Breton, notamment sa belle pietà datant de 1787. Cette œuvre sculptée dans une pierre de Tonnerre est située dans le croisillon Sud du tran- sept de lʼéglise Saint-Pierre. Dans le visage de la Madone, on y lit clairement la marque dʼun profond désespoir.

Lionel Estavoyer et Guy Barbier se sont mis d’accord sur cinq œuvres immanquables pour l’amateur d’art qui sillonnera Besançon cet été.

1- En tête, incontestable numéro 1 de leur palmarès, cʼest un tableau de renom- mée internationale, sans doute le plus beau tableau de ce peintre de la Renais- sance italienne, Fra Bartolomeo. Intitu- lée “La vierge aux saints”, cʼest une gran- de peinture de 2,52 m de haut et de 2,23 m de large, un chef-dʼœuvre qui avait été commandé à lʼartiste par un Franc-Comtois au service de lʼEmpire, Ferry Carondelet. Depuis 1669, ce tableau trône à lʼintérieur de la cathédrale Saint- Jean de Besançon. “La peinture de la Renaissance sʼouvre avec ce tableau” estime Lionel Estavoyer.

2- Deuxième de ce palmarès de connais- seurs, lʼensemble mobilier du chœur de lʼéglise Saint-Maurice, datant du XVIII ème siècle. Un ensemble au riche décor qui provient de lʼabbaye de la Charité en Haute-Saône. Lʼautel de Saint-Maurice, église située à lʼangle de la Grande rue et de la rue de la Bibliothèque, est tout aussi somptueux.

3- En troisième position de ce palmarès forcément subjectif, on trouve un tableau pourtant méconnu, presque caché à gauche du chœur, dans la chapelle laté- rale Nord de lʼéglise Saint-Pierre, place du 8-Septembre, “La résurrection de Lazare” réalisée par le peintre anversois Martin de Vos aux alentours de 1580. Ce tableau est issu des collections Gran- velle. Il représente cet épisode de lʼÉvangile de Saint-Jean au cours duquel Jésus rend la vie à Lazare, accosté par ses deux sœurs Marthe et Marie. La Résurrection de Lazare, par Martin de Vos, à voir à Saint-Pierre.

Le maître-autel de la cathédrale Saint-Jean.

5- Sur la cinquième marche du palma- rès de ces deux férus de patrimoine, on trouve la garniture du maître-autel de la cathédrale Saint-Jean. Cet ensemble de candélabres et de croix fleuronnées est un cadeau du frère du roi Louis XVIII, le futur Charles X, à son ami le cardinal de Rohan qui fut archevêque de Besançon.

La Vierge aux saints, signée Fra Bartolomeo, à voir à la cathédrale Saint-Jean.

La pietà signée Luc Breton, à voir à Saint-Pierre.

Le somptueux chœur de l’église Saint-Maurice.