La Presse Bisontine 156 - Juillet-Août 2014

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 156 - Juillet-août 2014

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POLITIQUE

Denis Baud tire la sonnette d’alarme

“Encéphalogramme plat pour la municipalité” Militant socialiste, ancien élu à Besançon, Denis Baud interpelle la majorité municipale sur l’obligation qu’elle a désormais à investir le terrain alors qu’elle n’a pas été élue dans un fauteuil.

S’ il avait endossé le rôle de coordinateur de campagne que lui proposait Jean-Louis Fousseret aux dernières élec- tions, il ferait partie aujour- d’hui de la majorité municipa- le. Au lieu de cela, Denis Baud a décliné la proposition du can-

didat-maire pour des raisons personnelles, renonçant à un retour à la mairie de Besançon, lui qui fut adjoint à la politique de la ville jusqu’en 2008. Mais à la suite d’une victoire étri- quée de la gauche aux munici- pales de mars, marquée par l’abstention et la poussée du

F.N., et la débâcle du Parti Socia- liste aux Européennes de mai, Denis Baud se dit “très préoc- cupé” par la situation. Ce qui l’interpelle, c’est que les élus qui sont aux responsabili- tés, quels que soient leur cou- leur politique et le niveau auquel ils exercent le pouvoir, n’ont pas

“Nous devons ouvrir les fenêtres. L’air est vicié et devient irrespirable” assume l’ancien adjoint Denis Baud.

pris la mesure des messages envoyés par les Français qui votent, et surtout par ceux qui ne votent plus. Il ne mâche pas ses mots pour dénoncer une for- me de léthargie ambiante qui nourrit le courant abstention- niste et conforte chaque jour un peu plus le Front National. “Qu’est-ce qui a changé à Besan- çon depuis les élections muni- cipales où nous avons assisté, j’insiste, à la victoire de Jean- Louis Fousseret, qui a gagné sur sa personne, en ratissant au- delà de la gauche, mais avec une participation médiocre et un score étriqué ? Rien. On dirait qu’il ne s’est rien passé. C’est l’encéphalogramme plat, com- me si cette équipe considérait qu’elle a été élue avec 70 % des suffrages et 90 % de participa- tion” tranche Denis Baud qui appelle à un changement d’attitude salutaire. En l’état, le cadre du P.S. membre de la commission admi- nistrative de la section locale avoue même, cinglant : “Je ne me verrais pas dans cette équi- pe dont trop de membres sem- blent avoir oublié que leur pla- ce est sur le terrain, aux côtés des Bisontins. L’impression que j’ai aujourd’hui, c’est qu’au-delà du maire qui travaille et qui connaît ses dossiers, il n’y a pas derrière lui une dynamique suf- fisante à la hauteur du défi. Il y a pourtant du travail à faire dans les écoles, dans les quar- tiers. Or, je ne vois pas d’initiatives. Ils doivent prendre les devants, communiquer. Ma préoccupation pour Besançon est que l’on tire les leçons du dernier scrutin pour que dans six ans, alors qu’il y aura une succession à gérer à gauche, nous gardions cette ville.” Cette majorité est selon lui le produit parfait de l’oligarchie qui règne désormais dans les grands partis démocratiques, au P.S. comme à l’U.M.P. et que rejettent les électeurs à chaque élection. “Une grande partie de la liste de Jean-Louis Fousse- ret a été construite à partir d’un système oligarchique. C’est le jeu des chaises musicales” déplo- re Denis Baud. Pour lui, il y a une anomalie à ce qu’un direc- teur adjoint de cabinet au Conseil général (Thierry Mor- ton), un membre de cabinet (Dominique Schauss) ou un atta- ché parlementaire (Fanny Ger-

dil-Djaouat) se retrouve élu dans la collectivité voisine comme c’est le cas à la Ville de Besan- çon. Les liens qui se tissent entre ce qu’il qualifie de tech- nostructure et la politique sont contre-productifs. “Finalement, c’est un microcosme qui tourne sur lui-même. Le préjudice est pour la démocratie. On est tou- jours entre soi. Pendant ce temps, on ne prend pas la mesure de l’écart qui se creuse avec les populations. Une des causes du désintérêt des électeurs vis-à- vis de la vie publique est qu’ils ont l’impression d’avoir affaire à la même gouvernance. Nous devons ouvrir les fenêtres. L’air est vicié et devient irrespirable” assume Denis Baud qui dans son livre publié en 2008, inti- tulé “Pour quel parti socialis- te ?” prônait déjà une mutation en profondeur du système poli- tique. Ce constat local n’est qu’une déclinaison de ce qui ce qui se passe à l’échelle nationale. “Le problème du P.S. n’est pas de ne pas être assez à gauche, c’est de ne pas être suffisamment en pri- se avec le réel” insiste Denis Baud qui souhaite que son par- ti fasse son aggiornamento à l’image de la gauche italienne et s’affranchisse ainsi d’une for- me de schizophrénie idéologique.

“Il faut tout remettre à plat, trouver une autre doctrine et peut-être chan- ger de nom. Un nouveau cycle doit s’ouvrir et pour cela il faut que des voix s’élèvent.” L’ancien élu bouscule, y com- pris son propre camp, animé par l’urgence qu’il a à remettre en question les pra- tiques éculées.À défaut d’un changement ini- tié par les par- tis politiques eux-mêmes, “redoutons de devoir le faire sous le poids des nécessités.” Donc sous la pression de la rue. T.C.

“Un microcosme qui tourne

sur lui- même.”

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