La Presse Bisontine 156 - Juillet-Août 2014

S erge Bossini. Ce nom ne dit rien à personne. Pour- tant, c’est peut-être lui qui décidera de la maniè- re dont les deux voisines Bourgogne et Franche- Comté fusionneront. Que les Francs-Comtois soient d’accord ou pas. Serge Bossini était présent à Besan- çon le 28 mai dernier à l’occasion de la venue de la ministre de la Décentralisation et de la Fonction publique. Il était même à la table de la ministre, lorsqu’aux côtés des présidents de Région Marie-Guite Dufay et Fran- çois Patriat, la ministre est venue défendre sa réforme. Pourtant, il n’a pas dit un mot Serge Bossini. Discipli- né, il ne l’a pas ouvert. Si ça se trouve, il a peut-être même fait le déplacement pour rien ce haut fonction- naire. Une journée perdue dans son calendrier chargé. Serge Bossini a pourtant l’avenir de nos deux régions entre les mains. Serge Bossini a le titre obscur de “directeur adjoint au secrétaire ‘ Choc La Presse Bisontine n° 156 - Juillet-août 2014 L ’ H u m e u r

BESANÇON 14

“J’ai refusé une promotion dans mon métier car j’étais élu local” POLITIQUE Des indemnités au statut de l’élu Yves-Michel Dahoui (P.S.) réagit suite à la publication dans notre dernière édi- tion du “palmarès des élus bisontins les mieux payés”. Il ne perçoit pas 5 055 euros par mois, mais 2 600 euros nets pour deux mandats. Explications.

L a Presse Bisontine : Quel est le montant des indemnités que vous percevez pour vos deux mandats de conseiller général et d’adjoint au maire de Besan- çon ? Yves-Michel Dahoui : Je perçois 2 600 euros nets par mois pour mes deux délégations. Par ailleurs, je verse 330 euros au Parti Socialiste auquel j’appartiens. J’ajoute que je suis salarié du secteur privé. Pour exercer mes mandats, mon employeur m’a accordé un temps partiel prévu par le code des col- lectivités territoriales.À ce titre, je perds 1 200 euros par mois de salaire. Être élu, c’est un choix. Mais il en résulte le préjudice d’une carrière professionnelle qu’on ne fait pas. Je l’assume. Il

Y.-M.D. : Ma mère était ensei- gnante et mon père fonction- naire. Je ne fais pas de l’anti- fonctionnaire ! Mais le fait qu’il n’y ait personne, dans les assem- blées, des catégories que je viens de citer, pose forcément un pro- blème. La société française ne peut pas être représentée que par 20 % d’une catégorie socio- professionnelle. L.P.B. : Le code des collectivités pré- voit un statut qui ne correspond pas à un réel statut de l’élu. Que proposez- vous ? Y.-M.D. : Je suis salarié. Dans le cadre du statut de l’élu existant, j’ai droit à un certain nombre d’heures que mon employeur ne me paie pas évidemment, pour exercer mes mandats. Mais ce statut n’est pas adapté à un com- merçant qui ne va abandonner son magasin deux jours par semaine. Il faut réfléchir à un statut de l’élu qui soit univer- sel, à un cadre juridique sécu- risant, valable pour toutes les catégories socio-professionnelles et qui ne s’adresse pas seule- ment aux salariés. Là encore, il y a des différences entre les sala- riés. En fonction que l’on est dans l’industrie ou le tertiaire, que l’on est cadre ou ouvrier, il y a des situations où c’est moins facile de s’engager. Il faut per- mettre à chacun et au peuple d’exercer un mandat électif. Si les députés se sont préoccupés de leur statut, ils n’ont pas réflé- chi à celui des élus locaux.

prévoir un mode de compensa- tion qui permette à ces personnes de s’engager et de pouvoir être élues. Il faut qu’un maire, qui n’a pas fait d’études supérieures, mais qui a fait deux mandats, puisse valider ses acquis. Fai- sons preuve d’imagination ! A mon sens, une démocratie où 80 % des catégories socio-pro- fessionnelles ne sont plus repré- sentées, dysfonctionne. C’est une source d’abstentionnisme. Il est donc nécessaire de permettre une diversification dans le recru- tement des élus. L.P.B. :En disant cela en tant que socia- liste, ne redoutez-vous pas d’être accu- sé d’être anti-fonctionnaire, une caté- gorie qui est bien représentée en politique ?

y a vingt ans, j’ai refusé une pro- motion dans mon métier, car j’étais élu local. L.P.B. :Vous dépassez le débat sur les indemnités pour défendre la création d’un vrai statut de l’élu qui pourrait permettre, s’il existait, de contribuer à renouer le lien de confiance entre les Français et les politiques. Quel constat faites-vous ? Y.-M.D. : 80 %des catégories socio- professionnelles sont exclues des assemblées. Il n’y a pas d’artisans ou très peu, pas de commerçants, pas d’agriculteurs, parce que dans ces professions, les gens ne peuvent pas se libérer pour exer- cer un mandat politique dans une collectivité. Si l’on veut que ces catégories socio-profession- nelles soient représentées, il faut

général pour la modernisation de l’action publique”. Le choc de simplification n’est pas encore passé par nos ministères.

actuel, ces pratiques sont insup- portables. Cette manière d’être sourd, de trahir les engagements quand on est aux responsabili- tés n’est pas admissible. On nous a tellement fait avaler de cou- leuvres que le dernier boa a du mal à passer. L’effondrement des grands partis démocratiques qui ont fait l’histoire de notre pays est la traduction d’une crise ter- rible. Le Front National a un boulevard devant lui. Il condui- ra la France à sa perte s’il est amené à gouverner. L.P.B. : Qui a le pouvoir de changer les choses ? Y.-M.D. : Honnêtement, aujour- d’hui je n’en sais rien. Nous sommes tellement désappoin- tés. Il y aura peut-être un mou- vement de la base qui provo- quera un choc. Le peuple est docile, voire soumis. J’espère simplement que la crise actuel- le ne se traduira pas par une explosion sociale. Propos recueillis par T.C.

partis et la politique gouvernementale, on ne prend pas le che- min d’une confiance retrouvée entre le peuple et ses élus ? Y.-M.D. : Quand les gens ont un sen- timent d’injustice profond, qu’ils ont des doutes pour leur avenir et celui de leurs enfants, et qu’ils assistent à de tels tripa- touillages poli- tiques, y compris sur la réforme territoriale imaginée par des gens qui n’ont jamais franchi le périphérique parisien et qui n’ont pas jugé opportun de consulter ni les militants, ni les élus locaux socialistes, tout cela contribue à créer de la distance entre le peuple et les élus locaux, et les responsables nationaux. Les Français peuvent s’accommoder de cela dans une période de crois- sance. Mais dans le contexte ‘ “Réfléchir à un statut de l’élu universel.”

Yves-Michel Dahoui est adjoint au maire de Besançon en charge de l’éducation et

conseiller général du canton Besançon- Sud.

L.P.B. : Entre les affaires internes aux

HOMMAGE

Un pont baptisé À Robert Schwint, le rassembleur

La Ville a choisi de rebaptiser le pont “Denfert-Rochereau” du nom de son ancien maire (1977-2001). L’occasion pour ceux qui ont collaboré avec Robert Schwint de se remémorer des souvenirs. L’ombre de celui qui a réalisé le C.H.U., le tunnel sous la Citadelle, le Palais des Sports, la City, le stade Léo-Lagrange est encore prégnante.

Robert Schwint était quelqu’un de proche et tolérant.” L’homme natif du Russey décédé le 25 janvier 2011 à l’âge de 83 ans fait aujourd’hui l’unanimité. Lemaire actuel a rappelé son rôle essentiel dans le réveil de la capitale comtoise. “Robert avait le sens du dialogue souriant… Un maire pragmatique, attentif avec des valeurs : la proximité, la tolérance, fruit de son éducation protestante et de

“R obert, c’était quelqu’un qui faisait confiance. Il nous laissait une liberté d’action.” Retraitée de la vie politique, l’ancienne adjointe à la Ville de Besançon Danièle Tétu (1995- 2001) n’aurait pas manqué l’événement du 14 juin. Ce jour-là, l’actuel maire de Besançon Jean-Louis Fousseret a (re)baptisé le pont Denfert-Rochereau au nom de Robert Schwint. L’occasion de se souvenir. “On a eu des dossiers chauds concernant l’éducation, se rap- pelle l’ancienne adjointe. On a eu le problème à l’école Fourier dont on nous avait dit que le bâtiment avait bougé. Il a fallu aller vite, assurer la consoli- dation. Je me souviens également du dossier de l’école Granvelle, de l’agrandissement de celle des Tilleroyes.

Deux sénateurs pour le prix d’un Lors de cette inauguration, la pré- sence de Martial Bourquin (maire dʼAudincourt et sénateur) aux côtés de Claude Jeannerot (président du Conseil général du Doubs et séna- teur) a été remarquée. Le 7 juin, le Conseil fédéral du P.S. du Doubs a désigné le sénateur sortant Martial Bourquin tête de liste pour la liste fédé- rale, celui-ci ayant recueilli deux voix de plus que le sénateur sortant Clau- de Jeannerot.

son sens du partage venu de ses compétences syndicales.” Pour ce baptême, beau- coup de Bisontins, les sénateurs, le secrétai- re général de la sous- préfecture qui a rappe- lé qu’il devenait “un homme de la Répu- blique” et surtout Simo- ne, son épouse. Dans un discours empreint d’émotion, l’épouse a confié que “Robert aurait été fier…Ce pont, il le traversait tous les jours pour se rendre au

“Un homme de la République.”

Tous ceux qui ont collaboré de près ou de loin avec Robert Schwint étaient présents pour baptiser le pont au nom de l’ancien maire.

marché (depuis sa retraite).” La mai- rie a voulu cet ensemble symbole de rassemblement. Besançon lui doit de nombreuses réalisations. S’il a réussi à dégrever Besançon du poids de la centralité (Besançon supportait le poids économique des pompiers, du conser- vatoire), il a réalisé durant son man- dat de maire (1977 à 2001) le C.H.U.

Jean-Minjoz, le Tunnel sous la Cita- delle, la rénovation du Palais des Sports, le stade Léo-Lagrange, la City, le mar- ché Beaux-arts… Le Russey, village où Robert a effectué ses premiers mandats de maire (1959- 1977), la municipalité avait convié le sénateur pour inaugurer une rue à son nom de son vivant. C’était en 2007.

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