La Presse Bisontine 154 - Mai 2014

La Presse Bisontine n° 154 - Mai 2014

7

Comment la gare T.G.V. de Belfort-Montbéliard a pris le wagon du développement économique ? 20 sociétés ont déjà posé leurs valises ici, précédant l’arrivée d’un hôtel, d’une brasserie. Le site prend vie même si le pari est loin d’être gagné. Le 22 mai, des membres du Grand Besançon iront prendre des notes dans l’Aire urbaine. La Jonxion donne des leçons Belfort-Montbéliard

Le centre d’innovation et d’affaires se remplit

C omme celle de Besançon Franche-Comté T.G.V., la gare de Belfort-Montbéliard revêt des allures futuristes.Les allées sont larges, lumineuses, le design inno- vant. Les deux gares se ressemblent : parkings à l’extérieur, réseau de bus, taxis. Et l’une comme l’autre sont dis- tantes du centre-ville d’une dizaine de minutes en voiture.Voilà pour le décor intérieur. La comparaison s’arrête là. Une fois les portes de Belfort-Montbé- liard franchies, se dresse à environ 300 mètres de l’entrée un bâtiment de 20 000 m 2 - couleur jaune et grise - spé- cialement construit pour accueillir des entreprises du tertiaire.Déjà vingt socié- tés ont acheté des bureaux ou louent à

Truchot, responsable marketing de la société qui gère le centre d’affaires. S’il ne s’agit pour l’instant que de trans- fert d’activités et non de véritables créa- tions d’emplois, la zone pourrait très vite devenir un “aspirateur”. Actuelle- ment, environ 200 emplois y sont comp- tabilisés alors qu’elle n’a ouvert offi- ciellement qu’en mars dernier. Rémy Monnier, chef d’une entreprise de 7 sala- riés spécialisée dans le bâtiment a fait le choix de la Jonxion. Il a acheté sur plan cet espace dans un lieu B.B.C. Le motif premier n’était pas la proximité avec la gare mais “le positionnement géographique, au cœur de l’Aire urbai- ne” dit-il. D’autres ont emboîté le pas depuis com-

Alliance Développement, la société ano- nyme qui a bâti pour 40 millions d’eu- ros des bureaux de tailles variables, tous équipés et raccordés à la fibre optique. Bientôt une brasserie, un hôtel de 68 chambres (mi-septembre) ainsi qu’une agence bancaire ouvriront. Si les Belfortains sont encore dans les travaux, la vie commence – doucement – à battre dans cet espace qui n’était jadis qu’un terrain vague. “On remplit la Jonxion 1 : notre taux de commer- cialisation est d’environ 50 %. Depuis qu’elle est sortie de terre, c’est devenu concret pour les entrepreneurs.Aumini- mum une fois par semaine, nous avons un contact avec une entreprise qui sou- haite s’installer ici” explique Isabelle

La Jonxion est le centre d’affaires qui fait face à la gare T.G.V. Ouvert depuis mars, il offre 20 000 m 2 de bureaux.

premier T.G.V. en 2011, relate la direc- trice marketing de la Sempat. Nous y sommes parvenus.” Désormais, la socié- té attend une deuxième vague d’inves- tisseurs : ceux intéressés par la proxi- mité de la gare. La société T.I.T. spécialisée dans les prestations de tra- duction et d’interprétariat a quitté Sochaux pour la Jonxion “pour intégrer une dynamique d’entreprises à proxi- mité d’une gare d’envergure européen- ne” explique Fabienne Sementery, la responsable. Désormais fonctionnel, le site assure sa publicité. E.Ch.

me le syndicat des transports de Bel- fort (25 personnes), Réseau Ferré de France, un bureau d’études, la M.S.A. de Franche-Comté, la fédération du bâtiment, la chambre d’agriculture du Territoire et du Doubs… Une crèche y est attendue. Pour en arriver là, il a fallu prendre un risque.C’est la Sempat (lire par ailleurs), une société d’économiemixte qui l’a pris en rachetant au Conseil général duTer- ritoire de Belfort les 150 hectares de terrain et le droit de construction sur cette zone. Elle s’est chargée de la déve- lopper avec une contrainte : n’installer que du tertiaire. “Notre but était de lan- cer les constructions pour l’arrivée du

Vente de bureaux : entre 2 200 et 2 500 euros H.T. le m 2 Location : 175 à 200 euros le m 2 Estimation des charges : 25 euros H.T. le m 2 Location dans le Home d’Affaires : 391 euros par mois toutes charges com- prises et stationnement. Pas de bail signé. Accès au salon dʼaffaires, bouquet de services (domiciliation, accueil, standard, fibre optique, vidéoconférence…) S’implanter à la Jonxion : combien ça coûte En chiffres

Rémy Monnier, chef d’une entreprise du bâtiment, a été un des premiers avec ses 7 salariés à s’installer à la Jonxion.

“Nous avons 3 ans d’avance, mais notre but n’est pas de dépouiller Besançon” Entretien Christian Proust, président de la Sempat

E n créant la Sempat (Société d’économiemix- te patrimoniale du Ter- ritoire de Belfort) il y a 20 ans, les collectivités locales belfortaines se sont dotées d’un outil qui endosse l’investisse- ment immobilier qui pèse sou- vent dans le capital de celles- ci. Présidée et instillée par Christian Proust (qui va stop- per sa carrière politique), la société a réalisé 2 millions d’eu- ros d’excédents l’an dernier pour un capital de 19 millions d’eu- ros détenu à 56 % par des col- lectivités, 44 % par des privés. Une somme qu’elle réinvestit. La Presse Bisontine : Pourquoi dites- vous que la création de la Jonxion (40 millions d’euros) n’est pas finan- cée par l’argent de la collectivité ? Christian Proust : La construction de la Jonxion est portée par une S.A.S. que nous avons créée à l’automne 2010 (S.A.S.Alliance développement). La Sempat est l’actionnaire majoritaire de cet-

te S.A.S. et pilote un groupe d’in- vestisseurs privés de l’Aire urbai- ne, essentiellement des sociétés du bâtiment qui ont bien voulu nous rejoindre. Elles sont des actionnaires. Comme nous, elles ont pris un risque (24 entreprises sont actionnaires). Ces 40 mil- lions ne sont pas financés par les collectivités. L.P.B. : Pour autant, des doutes sont émis sur le financement de la fin des travaux sachant que la commerciali- sation des bureaux s’étale dans le temps. Êtes-vous inquiet ? C.P. : Pas du tout. Même si nous vivons dans un monde écono- mique fluctuant, nous aurons des bénéfices. Il n’y a aucune raison de craindre un déficit. Qui plus est, notre société (Sem- pat) a les moyens pour faire face. Avec les investisseurs, nous sommes dans les objectifs visés. L’arrivée de la brasserie et de l’hôtel va apporter un nouveau point positif à notre commer- cialisation.

Christian Proust est à l’origine de la création de cet espace. L’homme politique belfortain évoque la stratégie retenue… celle de rendre des comptes à des investisseurs privés de l’Aire urbaine.

La dernière tranche sera livrée en juin. Au loin, on aperçoit la gare T.G.V.

Dans le centre d’affaires, une personne

tal. C’est comme si nous étions à Témis. L.P.B. : Les élections ont fait évoluer les lignes à Belfort et à Montbéliard. La droite succède à la gauche. Vous ne serez plus président d’un projet que vous avez porté : faut-il s’attendre à des évolutions ? C.P. : Je ne suis pas inquiet. Les élus ont conscience des respon- sabilités. Propos recueillis par E.Ch.

L.P.B. :Avez-vous le sentiment d’avoir un coup d’avance sur Besançon où la zone promise n’est pas (encore) là ? C.P. : Nous avons pris trois ans d’avance mais notre but n’est pas de dépouiller Besançon. Notre intention était de créer un centre d’affaires que l’Aire urbaine ne possédait pas. Notre gare est au cœur d’un carrefour proche de la Suisse, de l’Alsa- ce… Elle est proche de l’uni- versité, du futur nouvel hôpi-

qui a besoin d’organiser un rendez- vous peut louer une salle (50 euros la journée).

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online